#OneShot

18.

*LETTRE OUVERTE À FRANÇOIS HOLLANDE ALORS QU'IL ÉTAIT ENCORE PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE"

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Monsieur le president,

Française d'origine marocaine et de confession musulmane, je m'adresse à vous comme une citoyenne à part entière du gouvernement français. Il y a maintenant presque trois ans, je me présentais aux urnes, comme beaucoup de mes concitoyens pour élire un nouveau président,  croyant dur comme fer au temps du changement, mais aujourd'hui, Monsieur le Président, la patience arrive à ses limites...

La France, Pays des Droits de l'Homme, disent-ils, n'est plus qu'un lointain souvenir. Les inégalités ont toujours existé, c'est vrai, et vous n'en êtes pas l'instigateur. En 2005, je n'avais alors que 13 ans, la France a été mise à feu et à sang par la jeunesse des quartiers populaires, ce n'était qu'un appel au secours de la part de cette jeunesse trop souvent oubliée, un appel au secours qui n'a pas été entendu par votre prédécesseur, qui n'était alors que Ministre de l'Interieur. Ce dernier a préféré jeter de l'huile sur le feu en parlant de "racaille"... J'ai comme l'impression que c'est ce qui a déréglé l'horloge bien huilée de la France...

Personne ne le niera, c'est ce qui a permis à monsieur SARKOZY d'être élu. Mais en voulant nettoyer la France de sa "racaille" et ce "à coup de KARCHER", il aura mis le feu au poudre. Oui, Monsieur HOLLANDE, vous n'êtes pas encore fautif mais vous le devenez. En 2012 dernier, vous avez pris le flambeau mais vous n'avez toujours pas compris cette jeunesse. La jeunesse d'en bas vous ne la voyez pas, vous ne la connaissez pas, vous ne la côtoyez pas. Nous faisons partis de cette jeunesse "le cul entre deux chaises", nos parents nous ont appris que la France nous avait adopté pourtant, cette même France nous montre que nous ne sommes pas des enfants désirés. Pas assez "blanc" comme nous l'a bien fait comprendre Madame MORANO. D'ailleurs ses propos ont choqué mais je suis persuadée qu'elle a dit tout haut ce que beaucoup d'entre vous pensent tout bas. Pour en revenir à nous, nous qui sommes de la deuxième génération d'immigration, nous ne voulons plus être relégué au second plan, nous aussi, nous existons.

On nous a parlé d'identité nationale. La France multiculturelle n'existe donc plus ? Le "melting pot" à la française serait-il devenu un mythe ? Je suis née en France mais durant les dix-huit premières années de ma vie je n'étais ni française ni marocaine puisque je n'avais qu'un "TITRE RÉPUBLICAIN". Ou est donc cette France des couleurs ?

Vous cherchez la laïcité, nous cherchons la République. Vous nous parlez d'identité nationale, nous vous parlons de pluriculturalisme. Ne cherchez pas à nous retirer notre fierté, notre foi parce que même si vous vous entétez à dire le contraire, c'est grâce à cela qu'on vous respecte.

Alors comme Émile Zola en 1898, j'accuse. Je vous accuse de nous avoir menti, en 2012. Je vous accuse de nourrir les préjugés et les amalgames, je vous accuse de ne pas nous donner notre chance. Je vous accuse de ne pas nous laisser vivre notre foi. Je vous accuse de nous retirer ce qui nous avons de plus chère : notre identité. Je vous accuse de ne pas nous accepter tel que nous sommes. Je vous accuse de ne pas nous aider à sortir la tête de l'eau. Je vous accuse de nous noyer, sciemment. Je vous accuse de nous faire passer pour des terroristes, alors que vous faites parti de ceux qui nourrissent la terreur dans le coeur des français "de souche". Oui, Monsieur le Président de la République Française, je vous accuse de nous utiliser comme les boucs émissaires de la République, VOS boucs émissaires, puisque vous êtes le chef de l'Etat, vous êtes le représentant de cette République.

Je vous accuse.