23.

6 3 0
                                    

Néant.

Le pire c'était pas les coups. C'était pas les insultes. Le pire c'était pas non toutes ces formules dont le but étaient de me rabaisser, de me jeter plus bas que terre. Nan le pire c'est pas tout ça. C'est pas non plus le manque de respect ni les tromperies, c'est pas les oublis et les silences. Nan ça c'est pas le pire. Le pire, c'est son absence.

Le pire c'est qu'il n'est plus la. Et s'il n'est plus là ce n'est pas parce que Dieu l'a voulu. C'est juste parce qu'il a voulu partir. Me laisser, m'abandonner. Il a pas voulu discuter, de toute façon je suis pas dédommageable. Il est juste parti. Il s'est pas retourné. Il m'a même pas craché dessus. Il ne m'a même pas insulté. Il est juste parti. Je l'ai regardé s'en aller. Je lui ai dit que je l'aimais mais que j'étais une handicapée de l'amour. Lui il était sourd. Mes mots glissaient sur lui comme les gouttes de pluie sur sa veste en cuir, comme mes larmes sur mes joues.

Au moins dans sa violence il était la, il n'était pas indifférent. Maintenant il n'est plus la. Il est sûrement avec une autre. Une fille moins handicapée que moi. Peut-être plus sûre d'elle même. Une fille normale comparée à moi. Est ce qu'a cette autre fille il lui dit les mêmes choses qu'à moi ? Est ce qu'il lui dit qu'elle est belle même si elle n'est pas maquillée ? Et puis, est ce qu'elle sait lire dans ses yeux comme je sais le faire ? Est ce qu'elle sait qu'il est de ceux qui s'expriment plus avec leur yeux qu'avec leur bouche ?

Est ce qu'elle saurait prendre soin de lui ? Est elle au petit soin pour lui ? Il mérite sûrement mieux qu'elle. Et mieux ça aurait pu être moi. Mais évidemment moi j'ai tout gâché. Alors il est parti. Il m'a laissé. Il m'a laissé tomber. Littéralement. Quand il s'en est allé, j'y ai pas cru. J'ai pas voulu le croire. J'ai mis une minute avant de comprendre qu'il ne reviendrait pas. Qu'il ne se retournerait pas. Cette fois c'était définitif. Il partait pour de bon. Un mur. C'est tout ce dont j'avais besoin. Je me suis laissé aller. J'ai pas pleuré. Mais j'ai glissé contre lui et je me suis basculé, les genoux contre la poitrine et les bras encerclant les genoux. J'ai voulu crié, j'ai pas pu. J'ai voulu pleurer mais j'étais vide.

Et j'ai compris. Malgré les coups, les bleus, les plaies, il avait donné un sens à ma vie. Ma vie tournait en fonction de lui mais elle tournait dans le bon sens. Maintenant qu'il était parti c'était le moteur de ma vie qui m'avait abandonné. Alors quoi ? Maintenant je devrais me reconstruire ? Sans lui ? Avancer ? Vivre ? Rire ? Sourire ? Sans Lui ? Sans son regard ? Sans son sourire ? Sans son rire ? Sans ses interdictions ou ses autorisations ? Reprendre une vie "normale" ? Prendre des décisions moi même ? A quoi bon ?

J'ai Quand même décidé d'avancer. Un pied après l'autre. Jusqu'à ce que je rencontre le vide. La seule différence avec le vide qu'il a laissé en moi, c'est que grâce au vide dans lequel je tombe, je ne ressentirais plus le vide de mon coeur.

J'ai rien demandé à personne moi. Je voulais pas l'aimer. Ça m'est tombé dessus d'un coup. Alors j'ai préféré tomber du toit et mourir sur le coup. Ça fait toujours moins mal que de le voir avancer sans moi.

#OneShotWhere stories live. Discover now