#OneShot

26.

Je ne m'aime pas.

J'ai l'âge de fonder une famille, pourtant je ne m'aime pas.
Je crois même que c'est pire que ça car en réalité je ne me supporte pas.
Je ne supporte pas mon reflet dans le miroir.
Je ne supporte plus mon caractère.
J'aimerai pouvoir me détacher de moi, quitter mon corps et même me séparer de mon âme.
En fait, j'aimerai ne pas exister.
Je crois que je suis en trop sur cette terre.
Je crois que sans moi, le monde serait meilleur.

Je ne supporte pas mon corps.
Disgracieux.
Difforme.
Qui déborde de partout.
Je ne sais pas quoi en faire.
Je ne supporte pas mes bras trop longs, mes jambes dont je ne sais pas quoi faire non plus.
J'ai l'impression de toujours attirer l'attention.
J'ai l'impression de ne jamais être à ma place.
Je dérange.
Où que j'aille, quoi que je fasse, je dérange.
Je suis toujours en trop.
Je prend toujours de la place.

Je suis excessive.
Je prend tout trop à cœur.
Je réfléchie, perpétuellement.
Je me pose des questions, je me remets en question.
Je me compare aux autres.
Je ne suis jamais bien par rapport aux autres.

Et puis il est venu...

Il m'a dit que j'étais belle. Il a même dis qu'il me préférait sans artifice.
Il dit que je ne suis pas grosse mais que j'ai des formes qu'il aime.
Il dit que j'ai la peau douce et que je sens bon.
Il me montrerait au monde entier parce que le monde n'est pas conscient de la chance qu'il a de m'avoir.
Il me dit qu'il a besoin de nos contacts physiques.
Il me dit que ce qui lui manque quand je ne suis pas là c'est ma présence.
Il dit qu'il aime mon corps mais qu'avant d'aimer mon corps, il aime mon cœur.

Il m'a dit que j'étais gentille.
Il dit que mon cœur est aussi doux que ma peau.
Il dit que ma bonté me perdra mais que même sans bonté je ne le perdrait pas.
Il dit que je ne suis pas bien par rapport aux autres car je serai toujours meilleure que les autres.
Il dit que je suis naïve et que je me ferai avoir.
Mais il dit que lui il ne pourra pas m'arnaquer parce qu'il ne pourrait pas écraser une fleur.

Il m'a reconstruite.
Et selon lui, on ne détruit pas un chef d'œuvre.
Mais on l'admire comme si chaque jour était le dernier.
Alors je vis mon bonheur comme s'il était éphémère.