21.

10 3 0
                                    

"J'avais besoin d'un exutoire encore et toujours le même. Ce besoin, cette nécessité d'écrire ce que mon cœur voudrait crier. Je me sens obligée de me taire, de taire ces sentiments et cette douleur qui ravage mon cœur depuis ce 14 mars 2008. J'ai l'impression d'avoir mis ma vie en stand-by. Les sentiments font des ravages quels qu'ils soient mais lorsque c'est la mort qui frappe pour nous retirer l'être aimé, la séparation n'en est que plus terrible ! 14 mars 2008. Ce jour là, c'est ma vie en entier qui a changé. Ce n'est pas seulement mon comportement, non, c'est ma vision de la vie qui a changé. Je suis entrée dans une phase de léthargie. Une phase qui se répète chaque année depuis ce jour. Sans en avoir conscience j'entre dans une phase ou je suis en pilote automatique. Je vis parce qu'il faut vivre. Je mange parce que je dois manger. Mais je ne dors pas parce que trop de chose se bousculent dans ma tête. Je ne souris plus vraiment parce que je ne sais pas avec quoi pourrait rimer le bonheur. Tout devient brouillard dans ma tête. Chaque année, toujours la même rengaine. Je ne suis plus moi même. À moins que ce ne soit la seule période de l'année ou je sois moi même. Je ne sais même plus qui je suis à jouer sur deux tableaux. Je ne trompe que moi en réalité. C'est comme si je m'étais engouffrée dans un terrible cercle vicieux dont jamais je ne pourrais sortir. Je suis prise dans une tornade. La tornade des sentiments. Je suis seule face à la mer. Seule face à la vie. Abandonnée face à mon sort. Je n'ai aucune bouée à laquelle m'accrocher. Je ne vois aucun rocher pour m'empêcher de couler. La vie est un terrible tsunami qui peut nous submerger à n'importe quel moment. Ce moment, pour moi, aura été ce 14 mars 2008. Si seulement... Combien de fois ai je pu dire ces deux petits mots ? Ces deux mots qui nous facilite la vie, qui nous permettent de nous évader juste un instant de notre torpeur. Deux mots qui nous aide à oublier. Oublier que la vie est faite de hauts et de bas. Deux mots qui nous permettent de repeindre la vie comme on aimerait la repeindre ni plus ni moins. Si seulement j'avais fais ci... Si seulement j'avais fait ça... Si seulement elle n'était pas partie si tôt... Dans le fond, c'est bien ça le problème. C'est qu'elle n'est plus là. J'ai du apprendre à vivre sans elle, sans son rire, sans son visage. Et il s'agit bien là de l'apprentissage le plus difficile qu'il m'ait été donné de recevoir. Je ne suis plus face à elle. Je ne serais plus jamais face à elle. Non, aujourd'hui, lorsque je m'adresse à elle, c'est à une plaque de marbre que je m'adresse. Aujourd'hui, ce n'est plus ses yeux que je vois ce n'est plus que son nom et son prénom que je lis encore et encore. Comme si je voulais me persuader que c'est un leurre. Comme si je voulais voir une autre inscription sur cette pierre. Oui, ce n'est plus que ça. Ce n'est plus qu'une pierre. Une petite fille redevenue poussière. Elle a récupéré sa place auprès des anges mais elle a abandonnée celle qu'elle tenait près de moi. Si seulement je pouvais être plus forte. J'aimerais tellement surmonter cette épreuve, relever la tête de l'eau sans avoir besoin de quiconque. J'aurais aimé être différente. J'aurais aimé être mentalement plus forte. J'aurais voulu que la vie soit moins difficile. La mort... Je n'en ai pas peur mais je ne la surmonte pas. "Un de perdu, dix de retrouvés", c'est bien là le plus terrible des mensonges. Elle est partie, je ne l'ai jamais retrouvée. Quoi de plus faux que ce proverbe ? Lorsque l'on perd l'être aimé on se fiche de retrouver 10, 100 ou même 1000 personnes, ce que l'on veut c'est juste la retrouver elle. Celle qu'on ne retrouvera jamais. Celle qui est partie sans se retourner. Celle a qui on ne pourra plus dire au revoir. Si seulement... Si seulement la vie avait pu être différente..."

#OneShotWhere stories live. Discover now