12 : Pyrène

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Les lacets poisseux des baskets blanches de Félix, pendaient dans sa main, alors qu'il les bouclait un à un, d'un double nœud très serré. Son dos courbé se redresse au beau milieu du couloir au rez-de-chaussée de la maison des Olson et Félix se lève, en s'appuyant sur son genou plié. L'adolescent déboutonne l'un des boutons du col de sa doudoune d'un vieux vert sans manche, pour que l'air coincé dans le fond de sa gorge puisse s'expirer entre ses lèvres. Ses sourcils se froncent lorsque que ses yeux noirs tombent sur la doudoune moutarde sans manche de sa mère, qui bouscule son fils, les bras encombrés de cartons. Il soupire en comprenant qu'il était assorti à Francine pour la journée, avant d'attraper le carton sur le sol et de grimper les marches de l'escalier en bois.

Félix balance sa boîte cartonnée de taille moyenne sur son lit en désordre, il ouvre chacun des 3 tiroirs de sa commode en bois et tourne les talons, adossé contre l'armoire, en se frottant le front caché sous ses cheveux bruns. Ses yeux se plissent sur le nom «Francine Olson» griffonné en gros, au marqueur noir, sur la boîte en carton que sa mère lui avait tendu pour qu'il la remplisse de ses vieux vêtements pour la paroisse de la ville.

François était absorbé par son dessin animé aux couleurs nettes, qui était diffusé sur la chaîne pour enfants du téléviseur. Il était avachi au milieu du canapé, son pyjama bleu électrique parsemé de nounours sur le dos, les épaules en avant et la bouche entrouverte, où de la bave pouvait presque en couler. Ses yeux suivaient les bras de Tom Sawyer gesticuler sous les nuages blancs, qui recouvraient le ciel bleu, alors que Francine débarque dans le salon éclairé par les couleurs du téléviseur et par le levé du jour, qui passait à travers le cran des volets verts.

Elle lance un carton sur le divan, aux côtés du corps engourdi du cadet, qui sursaute lorsque le bout du carton vient effleurer son bras gauche. La mère du petit brun longe la pièce, en contournant la table ronde du salon et ouvre la fenêtre, ainsi que les volets en bois, en rouspétant François, qui avait toujours les fesses enfoncées dans le fauteuil fleuri en velours beige.

François sautille sur ses pieds nus, pour quitter le canapé, les épaules recroquevillées dans son cou et se sauve dans le couloir, en trainant la boîte cartonnée derrière lui.

Félix comparait ses deux paires de baskets de sport pour l'école, tenues par les lacets dans chacune de ses mains veineuses. Les deux paires étaient toutes les deux usées et remplies de tâches et de crasse, l'une était bleu électrique et l'autre était d'un blanc tirant sur le gris. Son cerveau était en surchauffe et ses épaules se haussaient toutes seules, avant qu'il décide de balancer les baskets bleues au dessus de sa tête, dans le carton vide. Il jette ses baskets blanches dans un autre carton, qui lui servait de range chaussures et qui croupissait au pied de son petit fauteuil en cuir vert foncé. Le brun retrousse les longues manches de son tee-shirt à rayures horizontales blanches et rouges, sous sa doudoune verte et saute du lit vers les tiroirs ouverts de sa commode.

La peau sèche des talons de François trainent sur le sol de sa chambre, avant que l'enfant ne pose sa boîte cartonnée sur son pouf en cuir dans le coin de la pièce. Il remplit le carton de ses vielles peluches, qu'il renifle une dernière fois, pour ensuite les jeter avec les autres, le dos tourné et la moue fière. Il plie ses tee-shirts trop petits sur ses genoux et ses vieux short d'été, trop ringards à son goût, qu'il plante dans le fond de la boite, au dessus de ses peluches déchirées et mâchouillées.

L'ainé traverse la petite maison, le carton sous le bras, pour se précipiter vers l'allée du garage, où il engouffre ses vieux vêtements dans le coffre de la voiture de ses parents. Il passe le revers de sa main sur le haut de son crâne, pour éponger les goûtes de transpiration sur son front et s'incline vers le porche de la maisonnette.

FélixOù les histoires vivent. Découvrez maintenant