17 : Phosphore

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Passe-moi la cassette. Supplie Félix, en passant sa tête entre les deux sièges à l'avant.

Pour quoi faire ? S'indigne Nelson, en sautant presque sur son siège.

Je veux juste la voir.

Nelson soupire mais se décide quand même à sortir la cassette du poste radio, à son plus grand désarroi, pour ensuite la plaquer dans les mains de son ami, qui écrasait son petit frère sans aucun souci. Félix s'enfonçait à nouveau dans le fond de la banquette, en lorgnant son père à travers la vitre. Il attendait qu'il ait passé les portes en verre de la station service, pour s'allonger sur François et Pierre et tourner la manivelle sur la portière de son camarade. Les deux victimes du brun hurlaient comme des bêtes, tandis que Félix tournait rapidement cette fameuse manivelle, avant de lancer la cassette de son père une fois que la vitre fut suffisamment ouverte.

Mais qu'est-ce-que tu fous? Bêle Nelson, en se jetant à moitié à l'arrière du tacot. C'est la cassette de SOS Fantômes, pas n'importe laquelle. Bafouille-t-il, en secouant Félix par sa capuche.

Je sauve l'humanité.

Vue de l'extérieur, la voiture tremblait, tellement les quatre garçons chahutaient et criaient comme bon leur semble, alors que dehors le calme régnait et aucun passant ne venait déranger cette ambiance absurde. Félix, qui se faisait secouait par le rouquin tentait de refermer la fenêtre de Pierre et gémissait en plissant les yeux, avant de lui donner un coup de coude dans le nez, pour le faire décamper. Les lunettes de Nelson volent de son nez, sa tête claque contre le dossier du siège passager et l'adolescent rugit, en plantant la paume de sa main contre son nez en sang. Tandis que Nelson pleurnichait dans son coin, Félix venait de se replacer correctement à sa place et Pierre lui hurlait dessus, mécontent d'avoir été écrasé comme une truite au fond d'un filet de pêche.

Tu m'as cassé le nez. Couine Nelson, en essayant de retenir le sang qui coulait de ses narines.

C'est des choses qui arrivent. Se moque François, en se jetant sur les genoux de Pierre.

Le petit brun appuyait ses mains sur la manivelle de la vitre comme un sauvageon, sans comprendre qu'il se trompait de poignée, sous le regard surpris de Pierre, qui était encore une fois écrasé par l'un des deux frères. C'est en comprenant qu'il s'acharnait sur la manivelle pour ouvrir ou fermer la fenêtre et non sur la poignée intérieure, que François glousse dans se moment de solitude, qui ne le mettait pas plus que ça mal à l'aise, puisqu'il n'avait plus toute sa tête tout ce champagne qui lui retournait les tripes. Il finit par tirer sur la poignée après avoir lâché un « Ah, c'est pas très pratique. » et rampe hors de la voiture, en donnant un coup de baskets dans le visage du pauvre Pierre, qui, dans le classement du plus gros souffre-douleur, devait bien être en deuxième position derrière Nelson. Son petit corps roulait dans la boue, ce qui faisait ricaner son frère, même si c'est sa mère qui allait être furax en trouvant ses vêtements dans le panier de linge sale, c'était bien drôle de le voir se rouler dans la bourbe comme un petit cochon.

Il fabrique quoi là ? Glousse Pierre, qui fermait sa portière, en ouvrant la vitre.

Ça se voit pas ? Il finit le travail. Assure Félix, en se collant à son ami aux cheveux crépus.

François courait adroitement pour trouver la cassette à quelques mètres de lui, en manquant de tomber la tête la première dans la gadoue. L'ivrogne à ses heures perdues écrasait la cassette de SOS Fantômes avec son pied, il s'amusait à la lancer sur le terrain humide et tentait de l'écraser entre ses mains. Il allait même jusqu'à poser ses genoux dans la boue pour frapper ses points contre le plastique de la cassette, mais rien n'y fait, elle restait intacte.

FélixOù les histoires vivent. Découvrez maintenant