chapitre trois

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Je ne dors toujours pas. Il y a trop de trucs dans ma tête. C'est le bordel. J'ai envie de rien et de tout en même temps. J'ai envie de disparaitre, de plus exister. De m'endormir pour de bon et ne jamais me réveiller. J'ai comme des flashs qui me viennent. Je sais où ce trouvent mes lames, j'ai terriblement envie d'aller les chercher et de m'ouvrir le bras, juste pour ressentir autre chose que ce putain de trou noir. Mais je ne vais pas les chercher, je me suis promis d'arrêter. C'est pas comme la cigarette ça, c'est pire, ça te bouffe et tu penses plus qu'à ça, t'ouvrir, t'ouvrir, t'ouvrir, tout le temps. Et je ne veux pas retourner à l'hopital. C'est trop pour moi. J'essaie de me calmer, inconsciemment mes ongles entrent dans la paume de main droite, puis sur le dos de la gauche. Ça saigne, merde. J'ai envie de crier, d'envoyer tout par terre.
Je me lève brusquement, j'ai trop chaud, trop peu d'espace. Je met un pull noir, j'ouvre ma fenêtre et sors en courrant de la maison, une chance d'être au premier étage.
Je suis arrivé plus vite que je ne le pensais au parc. Je ne sais pas si Even est là. J'aimerais tellement. Mais bordel j'ai quoi avec ce gars? Je le connais à peine. Je suis qu'un abruti, j'ai tellement besoin d'amour que je me met à courir après le premier venu.
Je m'allonge dans l'herbe, essouflé, des larmes se forment dans le coin de mes yeux, mais je ne les laisse pas s'échapper. Je ne suis pas comme ça, je ne pleure pas.
J'entend des pas derrière moi. Even. Je le sens qu'y s'allonge à ma droite. Nous ne disons rien pendant un long moment.
Il finit par briser le silence.
《 - Trop chaud chez toi?
Je n'arrive pas à rire, mais je me force à sourire, même si il ne peut pas me voir, allonger comme ça, la tête vers le ciel.
《 - Et toi, tu avais rendez vous avec un parfait inconnu? je répond. 》
Lui, il rit, un peu, c'est leger mais c'est déjà ça. Moi j'essaye de reprendre mes larmes, ne pas les laisser couler, c'est dur. Even doit entendre tout le bruit que je fais pour essayer d'espérement de ne pas parraitre riddicule face à lui, parce qu'il me dit:
《 - Tu as le droit de pleurer tu sais?
- J'en ai pas envie.
- Tu mens.
Je ne veux pas craquer.
《 - Je ne te connais même pas!
- Si.
- Arrête, s'il te plait, je le supplie.
- Isak, écoute... (il se retourne sur le coté pour me regarder, je tourne les yeux pour le voir un peu) Au pire, que je sois un inconnu ou non, c'est quoi le problème? Tu as le droit de pleurer, c'est pas interdit, tu en as besoin. Je ne sais pas ce que tu as, mais je peux comprendre cette envie de tout lacher, y compris des larmes. Alors va y. Parce que la vie est longue et tu ne vas pas pouvoir retenir tes pleures indéfiniment.
À ses mots. Je lâche tout, j'éclate en sanglot. Je sens son bras frissoner contre le mien. Je sens aussi sa main chercher la mienne. Je sais qu'il touche les plaies faites par mes ongles, mais il ne dit rien, il passe ses doigts doucement dessus. Pour me reconforter. Je ne peux pas m'arrêter et j'ai l'impression que les minutes sont des heures mais au moins je pleure. Et je ne suis pas seul. Je m'en fou de le connaitre depuis 2 jours, le fait est que j'avais besoin qu'il soit là.
Ce soir nous sommes allongé là, sous les étoiles, main dans la main, moi qui pleure et lui qui me regarde.
Et là je comprend que c'est bien plus qu'un inconnu.

EvakOù les histoires vivent. Découvrez maintenant