Chapitre 5 : ALLÔ ?

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Vendredi 06 Janvier

15h12

Le froid n'arrêtait pas de me faire frissonner. J'essayai vainement de me frayer un passage à travers la foule. Sans gène, je poussai les gens sur mon chemin. Personne ne regardait devant soi et cela commençait à faire vraiment chier. Pour ça, New-York était très fort, surtout pour te marcher sur les pieds. Je détestai ce genre d'ambiance où le monde tournait autour du travail, aucun n'avait un minimum d'empathie pour penser qu'il n'était pas tout seul sur la route. La température glacée n'arrangeait rien, je me sentais à l'étroit étranglée par tant de monde et je sentais petit à petit mon nez geler sur place. Je marchai rapidement vers le point de rendez-vous qu'on avait fixé avec Charly, pas très loin du parking et par la même occasion tout proche du métro. Même si tout ce monde me mettait en rogne je pouvais être fière de moi ; j'avais trouvé un travail. Du premier coup, en plus. Sur ma liste où j'avais écrit toutes les annonces qui me paraissaient intéressantes, je m'étais retrouvée devant un petit bâtiment collé entre deux énormes buildings, le truc un peu moisi qui se fondait dans le paysage tant il était petit et invisible. Lorsque je m'étais présentée, le patron m'avait quasiment sauté dessus en me regardant comme un ange tombé du ciel. Je crois que Drew Patterson devait vraiment être un pauvre gars désespéré pour m'avoir embauché juste après l'entretien, qui avait duré deux minutes sois disant passant. Il ressemblait à un vrai homme d'affaire mais à ce que j'avais entendu la maison d'édition s'était effondrée au moment où son père était devenu porteur du cancer. Il n'avait plus de passion à rien, les articles étaient devenus maussades et inintéressantes. Puis, il avait suffit d'un déclic pour que la maison reparte. J'étais et je cite "la cerise sur le gâteau".

J'étais contente d'avoir un bon job, moi qui craignait de me retrouver caissière. Après je croisais les doigts pour Charly. Ce boulot représentait véritablement un nouveau départ, il me disait au plus profond de laisser ma vie d'avant derrière moi. Il était temps d'ouvrir d'autres portes et ce travail me donnait la clef d'une d'entre elles. Je n'allais certainement pas la laisser passer. Ces deux heures m'avait donné de l'oxygène. Je me sentais plus que jamais comme le Moi d'avant Harry, vivant dans la vie active. J'aimais ce Moi, véritablement.

Bientôt, j'arrivai au point de rendez-vous. je m'essayai sur un banc, un sourire se forma sur mon visage. Je regardai les gens autour de moi. Je les admirai, prenant conscience de la chance qu'on avait d'être indépendant, d'être ce que l'on voulait. Même si j'avais envie de dégueuler à chaque fois que je pensais à lui, ces deux semaines en sa présence m'ont fait comprendre la chance qu'on avait de se construire nous-même. La vie n'est pas un écrin d'or fragile et fermé, infranchissable. Tant s'offrait à nous, une immensité de possibilités m'était désormais accessible et lorsque j'y pensais, je me sentais renaître de façon épanouissante. Je fermai mes yeux pour écouter. Des voitures, des voix, des bruits de pas, des enfants qui rient. Cela représentait tout ce qui m'avait manqué dans son fichu manoir. Tout les jours, un silence écrasant. Dans ses bras, je n'entendais jamais rien à part sa respiration. Il n'y avait eu rien de plus que lui, putain.

J'inhalai lentement puis j'ouvris derechef les yeux. Mais, ce que je vis me remplit d'horreur, je me figeai en arrêtant de respirer. Au loin, un homme au cheveux bouclés me fixait. Il avait des yeux d'un vert intense. Ses bottes noirs le rendait impérial. Le regard qu'il me lançait me glaça le sang et sa bouche stricte reflétait  parfaitement sa colère.

Une fois que je t'aurais de nouveau, je te ferais tellement souffrir que tu ne penseras plus jamais à t'éloigner de moi encore une fois, avait-il cinglé pendant cette soirée ultime.

Ses lèvres hachèrent très lentement cette phrase tandis que je lisais en transparence le réel sens des mots.

J'exorbitai mes yeux en échappant un halètement. Non, c'était impossible qu'il soit ici, il ne pouvait pas être au courant de où je me trouvais précisément. Pourtant, je reculai en m'enfonçant dans le banc, incapable de me contrôler. Je voulais hurler alors qu'il étira ses lèvres dans un sourire glaciale. Il continua de me regarder durement et moi, je n'arrivai plus à respirer, l'air resta coincé dans ma gorge.

Ruthless |H.S|Où les histoires vivent. Découvrez maintenant