Chapitre 20 : LE CRI DU COEUR.

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Samedi 08 avril

3h52

Un cri transperça brusquement mes tympans. Je me relevai en sursaut, mes yeux s'ouvrirent d'un coup, bouleversés par ce qui venait de se produire. Je revoyais les grandes mains de Heeton m'attraper, armées de griffes aussi longues que des spaghettis, son rire s'infiltrant avec brutalité dans mes oreilles. Je revoyais le trou noir dans lequel j'avais été poussée et qui m'aspirait inlassablement au plus profond de mon âme.

Toujours assise sur le lit, j'entendis mon cœur battre la chamade dans ma poitrine, remuant comme s'il désirait quitter mon propre corps. Soudain, la nausée me vint. Les spasmes s'emparèrent de mon estomac tandis que j'accourus vers la salle de bain reliée à la chambre. J'avançai vite jusqu'à la cuvette et évacuai tout mon dîner d'une traite. A cause de l'acidité, les larmes me montèrent aux yeux, je sentis les gouttes couler sur mon visage alors que je restai accroupis près des toilettes, mon ventre faisant des hauts et des bas constamment. J'avais mal à la tête, très mal, elle tanguait comme une vague. Les paroles du borgne me hantait, se glissant un chemin vers ma conscience et laissant sur son passage des brûlures douloureuses. J'étais impuissante comme lorsque Harry m'avait téléphoné pour me dire que j'étais définitivement piégée. La bile remonta avant que je m'y prépare, ma gorge me titilla méchamment et je refoulai maladroitement les sanglots.

Au loin, j'entendis le parquet craquer et bientôt, je vis Harry tout ensommeillé. En me voyant, le visage baigné de larme, ses sourcils se froncèrent. Il passa la main dans ses cheveux en bataille et me regarda en s'approchant doucement.

Lorsqu'il était arrivé hier, la première chose qu'il ait faite avait été de me serrer dans ses bras, sa main caressant mes cheveux tendrement. Je savais qu'il s'était inquiété de ma disparition, ses baisers sur mon crâne en avaient témoigné. Je n'avais rien fait à part me réfugier contre son torse. Cela peut paraître complètement contraire à mes précédents propos mais mon entrevue avec Heeton m'avait tant glacé de l'intérieur que sa présence fut une bénédiction. A ce moment précis, ce corps tatoué et meurtrier n'avait plus était celui de Harry Styles mais un véritable réconfort. La promesse que je m'étais faite de me battre contre Heeton m'horrifiait et lorsque j'ai senti des bras forts me soulever, me donnait une chaleur rassurante et m'étreindre comme mon père aurait pu le faire avait détruit une bonne partie des mes barrière encore fragiles.

La douceur qu'il m'offrit présentement en soulevant mes cheveux alors que je continuais de vomir était la même que hier. Je ne le reconnais plus et cela me terrifiait. Je ne pouvais pas ignorer les putains de signes qui me prouvaient que Harry changeait pour moi, pourtant, j'aimerais tellement...

Après un moment, je sentis que je n'avais plus rien à rejeter et les spasmes se calmèrent. J'essuyais lentement les larmes sur mon visage. Je détestais pleurer. Soupirant, je m'adossai aux toilettes en laissant ma tête se diriger vers le plafond et je le fixais sans but précis, épuisée. Harry se leva et quelques secondes plus tard, revenu avec un verre d'eau. Je le remerciai et bus gorgée par gorgée son contenu en me sentant doucement reprendre une mine acceptable.

"Qu'est-ce qu'il s'est passé ?" demanda-t-il d'une voix autoritaire et plus rauque que d'habitude.

"C'était juste rêve..." soufflai-je.

"Un rêve qui te fait hurler comme pas possible ?"

Je ne répondis pas à son allusion sarcastique. Mon esprit tourbillonnait comme un carrousel. J'avais les yeux rivés sur le plafond pâle au-dessus de nos têtes, me demandant où j'en étais exactement dans ma vie. J'étais une fille qui réfléchissait toujours pour tout bien que certaines choses ne m'inquiétais pas plus que ça. Aujourd'hui, je n'avais aucun but concernant mon avenir. Je devais certes, me garder en vie mais qu'en adviendra-t-il de la suite ? (S'il y a une suite). Ne pas savoir me rendait folle, ne pas me comprendre moi-même sur ce que j'éprouvais aussi. C'était complètement suicidaire comme situation.

Ruthless |H.S|Où les histoires vivent. Découvrez maintenant