Chapitre 22 : LOST.

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Vendredi 14 avril

11h58

Doucement, Harry palpa mon cou avec ses doigts. Il ne semblait pas croire ce qu'il voyait, son regard était plus qu'imperméable. Rester droite, sans bouger alors que je subissais ce silence fit décupler ma crainte. Je ne savais pas comment il allait réagir. Ses yeux s'assombrissaient de seconde en seconde.

"Où est le collier ?"

Son ton impassible me fit déglutir mais je gardai toute ma dignité. J'avais le droit de retirer cette merde à mon cou, je n'avais rien fait de mal. "Je l'ai retiré après ma fuite." expliquai-je calmement.

Harry se recula et lorsqu'il releva sa tête, je vis tout de suite les éclairs transparaître dans ses iris. "Alors c'est comme ça que ça s'est passé ? Tu m'as oublié d'un claquement de doigt, tu m'as rayé de la liste comme une vulgaire merde ?!"

Sa main s'empara maladroitement d'une bouteille sur une étagère puis il la lança avec rage contre le mur d'un face. Les cris des clients retentirent aussitôt, se bousculant pour s'éloigner de nous alors que la situation dégénérait déjà. Harry gronda et j'essayais à tout prix de le calmer en m'approchant. "Ce collier ne représentait rien pour moi."

Le meurtrier ricana amèrement en attrapant une autre bouteille. "Représentait ? Parce que maintenant, il aurait eu une putain d'importance ?"

Je pissai ma lèvre inférieur et serrai les poings face à ses paroles franches. Peut-être qu'il brûlait de l'intérieur mais moi aussi, mon sang bouillait. Je n'aimais pas sa façon de ma parler et encore moins, les reproches dont il m'affublait. Mais cependant, ce qu'il aboya ensuite me refroidit immédiatement et mon regard s'estompa en remarquant la souffrance dans ses yeux.

"Qu'est-ce que tu veux Ashley ? Un coup tu me rejettes, puis après tu me laisses te baiser dans un putain de magasin. Qu'est-ce que tu attends de moi ?!" La bouteille se logeant dans sa main droite voltigea loin et vite quand il hurla. Il cria tellement fort et avec tant de méchanceté que je reculai encore, légèrement effrayée. Cela faisait des mois que je l'avais pas vu si en colère et, malheureusement, je ne savais plus comment gérer ce comportement monstrueux. A cet instant précis, Harry avait l'air incontrôlable. "Je fais tout, j'essaye de faire bien les chose mais toi... Pourquoi tu me fais tourner en bourrique ? Ca t'amuses, c'est ça ? T'aime m'enfoncer ? Me montrer à quel point, je suis une merde non voulu par le monde et que je fais mal les choses ? Parce que tu veux que je te dise, mon amour, t'es en train de réussir, c'est exactement ce que je ressens." Il me fixait avec tant d'aversion et de méprit, ses mains formaient des poings parfaits. Je ne savais plus quoi penser et j'étais consciente que c'était ce qu'il cherchait à faire : me faire culpabiliser. Mais vous voulez savoir ? Je m'en contre-foutais, je ne voulais pas qu'il pense ça. Jamais, je n'avais agis de cette façon. Là, maintenant, j'aurais tant souhait lui expliquer que oui, c'était moi le problème. Pas pour les raisons qu'il citait mais simplement par que, moi-même, je ne savais plus où j'en étais.

Le bouclé prit férocement sa tête entre ses mains, tirant sur ses boucles rebelles. Sa lèvre tremblait maladroitement. Il me pointa avec dédain. "N'inverse pas les rôles, babe. Je suis et je resterais toujours un putain de meurtrier. Faisant ou pas des efforts, je tuerais et je briserais toute ma vie des gens. Si tu espères me voir comme une des ses tafioles soumises, tu te trompes. Je suis mauvais et la preuve, même quand j'essaye d'être quelqu'un de bien, je finis toujours par merder."

J'avais le cœur au bord des larmes et je ne savais même pas pourquoi. Cette fois-ci, je tentai de m'approcher mais lui, recula comme si j'étais contagieuse. Une larme dévala sa joue. Je sentais qu'il était en train d'éclater... Depuis le début, je croyais qu'on s'était tout dit en déballant les quatre vérités mais loin de là. Peut-être que, moi, je m'étais lâchée après la fin de ma séquestration mais lui, non. Il avait accumulé une pression constante et c'était seulement maintenant que je m'en rendais compte.

Ruthless |H.S|Où les histoires vivent. Découvrez maintenant