Chapitre 11 : KNOCK KNOCK !

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Mercredi 15 Avril

20h36

Je n'en croyais pas mes yeux. Il était véritablement là. Je tremblais de toutes parts, la peur avait redressé mes poils comme un même homme, mon cœur fondit d'un coup sur le sol tant je sentais mon champ de vision devenir flou.

Il savait où j'étais, cela me rendit malade. La nausée m'atteignit comme un coup de poignard dans le ventre. Harry. Son nom tournait dans ma tête, il tournait si fort que je cognai ma tête contre la porte d'entrée, dos à moi. Mais, je ne pleurai pas, j'essayais du mieux que je pouvais de ravaler les sanglots.

J'étais forte, j'étais une battante, n'est-ce pas, Papa ? Où étais-tu pour me relever dans ce genre de moment ?

Toujours, même après sa mort, j'avais continuer de faire comme s'il me surveillait, c'était lui qui m'avait permis d'être qui j'étais et qui m'avait aidé à garder la foi contre Harry. Mais, aujourd'hui, il pourrissait dans une putain de tombe, mort depuis des années. Il n'était plus là, putain. Fais-toi une raison, Ash. Personne ne t'encourage depuis le ciel. Ton père est mort, tu es seule. Seule.

Et cette pensée me fit serrer les poings.

Oui, j'essayais. Je tentai de rester la même Ashley qui n'avait peur de rien. Je m'imaginai, moi, la mine déterminée et le cœur battant d'adrénaline indomptable. Je devais garder mon sang-froid mais au fond j'étais terrifiée. J'avais fait tant d'efforts, je m'étais refait une nouvelle vie au prix de tant de sacrifices et tout ça, pour rien. Pourquoi ? Pourquoi je ne pouvais pas être tranquille ? Vivre ma vie sans histoires et sans une pourriture telle que lui sur le dos ?! Soudain j'éclatai. Un hurlement me transperça. J'en avais marre, putain. Toute ma haine se déversa comme un court d'eau en colère, je me sentais folle coincée entre quatre murs où il n'y avait aucune porte à ma disposition. Je criais ma peine, mon chagrin retenu depuis des jours. J'avais besoin d'une issue pour m'extraire de tout ça. Ma vie ressemblait à une falaise coupée en deux et moi, j'étais tombée dedans sans prise pour remonter en haut. Ce coup de téléphone était la goutte de trop, je n'y tenais plus et commençai à taper tout ce qui était à ma portée. Mes poings saccageait le sol, les murs, la porte derrière moi. Ma vue se brouillait de larmes sans que je ne m'en rende compte. J'étais ravagée, perdue entre rage et détresse. Il y avait trop de poids sur mes épaules, trop de peur qui me faisait courber le dos chaque jour. J'avais changé à cause de lui, j'étais vulnérable par sa faute et voilà ce que je devenais : un mélange de crainte et de terreur. La colère, je connaissais, j'étais capable de la dompter à ma guise et de la faire éclater quand bon me semblait, mais la peur... Elle était un ennemi trop fort pour que je reste intacte. En pensant que Harry me surveillait sûrement, je cris, désespérée. A l'inverse de mon papa, lui m'attendait, prêt à bondir comme un lion sur sa proie. Moi, je n'avais rien d'autre à faire qu'attendre l'heure fatidique, cette pensée me fit redoubler d'effort contre le sol.

"Non, non... Putain, non." Le timbre de ma voix était méconnaissable, ce n'était pas moi, là effondrée au sol et marquée par l'effroi. "J'en peux plus... Je veux plus de ça."

Ça, c'était peut-être la peur...ou Harry...ou bien la vie ? Non, je ne voulais pas mourir, je voulais vivre mais pas dans ces conditions. Je ne voulais plus être piégée de cette façon. Mais dans tout ça, ce n'était pas à moi d'en décider. Harry avait peut-être raison. J'aurais peut-être dû laisser faire, rester avec lui comme un jouet et oublier qui j'étais réellement au lieu de persévérer jusqu'à m'auto-détruire.

Je sentis un léger courant d'air qui ne me fit pas lever la tête pour autant, je voulais pleurer tout ce que j'avais dans mon cœur meurtri. J'en avais besoin. La rage m'emportait sans que je ne la contrôle et vous savez quoi ? Je préférais y rester plutôt que de revenir à la réalité, là où était Harry. Il allait venir me chercher, il n'était pas loin. J'étais piégée, coincée, au bout. Mes cheveux me cachaient le visage, ma salive dégoulinait sur mon menton, mes pleurs mouillaient mon visage en dévalant la pente de mes joues rouges. A quoi ça servait de continuer de vivre dans la crainte ? Je n'avais plus aucun espoir et je compris enfin que c'était ce qui me faisait perdre toute confiance à ce moment-même.

Ruthless |H.S|Où les histoires vivent. Découvrez maintenant