Chapitre 10 : ÉCHEC ET MAT.

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Mercredi 15 février

19h19

Je courrai à vive allure. Mon sac à la main, je tournai vers la droite et esquivai aussitôt un groupe de personne.

Je croisai les doigts. Pitiez, faites qu'il ne soit pas déjà fermé ! J'avais besoin d'y aller ce soir au plus vite, retirer cette foutue chaîne et me débarrasser une bonne fois pour toute de Harry. Il était tard et Drew m'avait retenu au travail pour un manuscrit jugé trop simple à son goût. Nous avions débattu longtemps pour décidé de le retenir ou non et j'étais prête à parier que ce crétin n'avait voulu m'attarder qu'au beau plaisir de ses yeux et de sa testostérone.

Il faisait déjà nuit depuis un moment, les lampadaire éclairaient tant bien que mal les rues qui accueillaient de moins en moins de passants. J'apercevais des dizaines de personnes attablées dans des restaurants et moi qui crevai la dalle, ça me faisait mal au cœur et surtout mal à mon estomac. Pourtant, il fallait que j'aille à une bijouterie au plus vite. J'en avais repéré une en sortant du boulot pour aller à mon café habituel et je comptai me rendre là-bas ce soir pour retirer mon collier. Harry m'avait certifié qu'il était incassable et impossible à retirer, c'était ce que l'on allait voir. Si cet orfèvre n'y arrivait pas, j'allais pété un câble. Tout le monde me regardait mal lorsque je marchais dehors et je ne comprenais pas pourquoi, j'étais submergée par le travail. Le soir, je mangeais à peine et m'affalais comme une souche sur mon lit pour dormir aussitôt. Je n'écoutais pas les infos le matin, ma vie tournait autour de ma sœur, Charly et moi, et depuis, ma discussion avec Jared, je préférai passer mon chemin au plus vite dans les rues pour ne pas attirer l'attention. Maintenant, j'avais tendance à plus craindre Zayn et son gang que Harry lui-même. Paterson Publishing occupait une grande partie de ma vie à présent. Je n'avais plus le temps pour rien mais je préférais ça que trop réfléchir. Parce qu'au fond, je me disais que si je restais invisible aux yeux des gens, on finira par m'oublier.

Essoufflée, j'arrivai enfin devant la façade. C'était une toute petite boutique qui vivait au gré des saisons. Le temps avait l'air d'avoir mangé le crépis, les vitres se noircissaient aux extrémités et des points tout aussi sombres les tachetaient à cause de la vieillesse. Lorsque j'entrai, il ne restait qu'une faible lumière au fond, une clochette annonça mon arrivée. J'aperçus de vieux pendentifs suspendus aux mur. Des bagues grosses ou petites, imposantes ou clinquantes, brillantes ou softs plantées sur de petites sphères lumineuses luisaient discrètement à ma droite. Il y avait beaucoup de bijoux, l'impression de bousculer quelque chose me trottait dans la tête tant la pièce était si exigüe et je me sentait intruse dans ce monde si mystérieux. Au loin, je vis un petit homme assis sur un tabouret, une lampe tout aussi ancienne que le reste du magasin l'éclairant doucement. Les verres de ses lunettes se reflétait dessus et ses doigts habiles trituraient une bague avec un outil que je connaissais pas.

"Bonjour."

L'homme releva la tête. Il avait l'air concentré dans son travail. "Je vais bientôt fermer mademoiselle, revenez demain."

"Non, s'il vous plait, c'est urgent. J'ai besoin que ça soit réglé ce soir."

Il fallait que ce collier disparaisse au plus vite, je ne le supportais plus.

L'orfèvre plissa ses lèvres fines en m'observant. Je devais vraiment passé pour une pauvre fille, là debout devant lui, le visage déconfit. Mais, ça eu l'air suffisant pour le convaincre parce qu'il posa son outil et sa bague et me fit signe d'approcher. Soulagée qu'il accepte, j'arrivai à son niveau en faisant attention à ne rien casser et lui montrai mon collier. "Je voudrais le retirer. Dîtes-moi que c'est possible." suppliai-je, réellement désespérée.

Ruthless |H.S|Où les histoires vivent. Découvrez maintenant