Chapitre 24 : LE TRÉPAS D'UNE NAISSANCE.

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Mardi 18 avril

17h12

Je regardai la photo en tremblant, mes larmes brouillaient ma vue, je me sentis tomber à la renverse. Mes jambes semblaient pourtant porter mon poids... Je compris vite qu'il s'agissait juste de mon cerveau qui me faisait tanguer le sol dangereusement. Je restai bloquée sur le visage de Charly qui me regardait, les larmes aux yeux. Sa peau rouge et criblée de bleus contrastaient avec ses lèvres violentées par le froid. Je baissai mon regard sur sa main encore entourée de bandages, du sang les coloraient. Une de mes larmes atterrit brusquement sur son visage tuméfié. Après Nathan, c'était au tour de Charly. Est-ce que c'était écrit ? Est-ce que tous mes amis étaient destinés à mourir par ma faute ? Je m'en fichais de ce qu'il pouvait m'arriver, j'avais déjà été violée, séquestrée alors au point où nous étions, ça m'importait peu. Mais, pas ça, pas eux. Ma famille était brisée depuis longtemps, depuis le jour où cette lettre est arrivée pour annoncer la mort de mon père. Ma mère s'est éteinte, ma sœur s'est barrée afin de fuir l'ambiance morbide et le malheur de ses proches, quand à moi, j'ai masqué ma tristesse lancinante par un sourire et je me suis enfermée nuit et jour dans mon bureau en me concentrant sur mon avenir. Il y avait toujours Anna, bien sûr mais je savais qu'elle était en sûreté... Charly était tout ce qu'il me restait... Est-ce que je l'avais déjà perdue ? Ma gorge se serra à cette pensée. Je devais empêcher ça, je devais la sauver. Un élan de rage me submergea. J'aurais voulu crier, tuer Heeton tout de suite et tous ses connards qui étaient en train de ruiner ma vie déjà bien anéantie. C'était Zayn que j'avais vu à cette fenêtre, j'en étais pratiquement sûre et certaine. J'allais le tuer, le torturer en brisant chacun de ses os un par un.

Aveuglée par la rage et les larmes, je déchirai violemment les photos. Je sentis la présence de Harry dans mon dos, il était figé sur place et son regard était arrêté sur l'image éparse de Charly encore visible. Je le contournai et courus vers la maison. Je passai le pas de la porte alors que tous les hommes de Harry me regardaient, les lèvres pincés. Pour une fois qu'ils ressentaient quelque chose, ces connards. Je montai les marches quatre à quatre en criant un bon coup. La haine parcourait mes veines. Heeton n'avait pas le droit ! Pas elle ! Un sanglot silencieux s'étouffa dans le creux de ma gorge quelques secondes puis je me repris bien vite en m'essuyant les yeux avec ma manche. J'entrai dans la bureau de Harry en faisant claquer la porte. J'entendis le meurtrier monter lui aussi en criant furieusement mon nom mais je l'ignorai et ouvris tous les tiroirs à ma disposition. Je devais faire quelque chose, agir au plus vite avant que la situation n'empire. Il était hors de question que j'ai la mort de ma meilleure amie sur la conscience. J'étais peut-être restée implacable face à l'exécution de Nathan, un geste que je regrette encore mille fois, cependant, je ne ferais pas la même erreur pour elle.

Je déglutis à l'idée d'affronter Zayn et Heeton dans un face à face dans lequel peut-être, je ne reviendrais pas vivante. C'était effrayant. Je sursautai lorsque la porte du bureau s'ouvrit dans un fracas ahurissant, Harry pénétra dans la pièce, énervé. "Qu'est-ce que tu fous ?" Sa voix me parvint à peine tandis que je continuai de chercher. Le froid entre nous n'avait finalement pas duré longtemps. "Je te parle, putain de bordel de merde !" Il rugit cette fois-ci.

Mon sang se glaça, mes larmes redoublèrent. Pourquoi s'énervait-il ? Putain, c'était plutôt à moi de l'être après ce que je venais de découvrir ! Des mains me prirent par les épaules et me stoppèrent dans ma recherche. Des yeux furieux et déstabilisants se plantèrent dans les miens et je tentai de m'extraire de sa prise en lui criant de me lâcher. Je n'avais pas le temps. Pas le temps. Mon esprit me hurlait de la retrouver mais il me chuchotait également de me blottir dans les bras de Harry en tentant d'oublier l'image de Charly qui stagnait tortueusement dans ma tête. Je ne savais plus quoi faire.

Ruthless |H.S|Où les histoires vivent. Découvrez maintenant