Chapitre 26 : COMME ON SE RETROUVE...

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Mercredi 19 avril

3h46

Je n'arrivais pas à dormir, il était presque quatre heure du matin et il me restait encore un bon moment avant de me lever. J'étais complètement excitée à l'idée d'affronter l'homme à abattre : Heeton. Puis, il ne fallait pas oublier son fils, Zayn. Ce petit connard qui n'arrêtait pas de foutre la merde partout où il allait. J'étais aussi stressée, j'appréhendais nos retrouvailles. Est-ce que j'allais mourir aujourd'hui ? Est-ce que c'est moi qui prendrait une balle dans le cœur ? Cette idée me paraissait plus que probable, je mourrais sans hésiter pour Charly et si je le pouvais, je mourrais mille fois pour Nathan.

A mes côtés, Harry dormait à poings fermés. Dans la noirceur de la chambre, j'apercevais son visage apaisé. Ses longs cils fins brillaient légèrement et je vis une mèche de ses cheveux bouger de haut en bas à cause de son souffle. Pour une fois, ses bras serraient fortement son oreiller et non, mon corps. Je me tournai pour mieux le regarder et me demandais ce qu'il allait en advenir de nous... Avec le gang, nous avions passé la moitié de la nuit à peaufiner le moindre détail. Maintenant que nous étions sûr que je sois des leurs, le plan s'était vraiment concrétiser. J'allais jouer un grand rôle dedans et pour une fois, Harry n'avait plus son mot à dire. Certes, j'aurais aimé prendre encore plus de risques mais il ne fallait pas pousser le bouchon trop loin. Autour de la table, personne n'aurait pu ignorer la tension présente planant près du chef de gang. Valait mieux ne pas le contredire dans ce qu'il disait à moins de vouloir mourir et recevoir ses foudres venimeuses dans la figure. Tout le monde avait été soulagé de me savoir dans la mission de sauvetage. Ça facilitait clairement la situation. Mais, cependant, Harry ne le voyait pas de la même façon. Ce soir-là, il ne m'avait pas lâché d'un pouce. Je savais qu'il craignait de me voir m'enfuir. Oui, j'aurais pu saisir cette occasion afin de m'échapper derechef mais Charly comptait plus que tout pour moi et je n'oubliais en aucun cas la menace de Harry qui stipuler bien qu'il s'en prendrait à la brune si je récidivais. J'étais bloquée. Je le savais, ça ne servait à rien de persévérer et surtout pas maintenant.

Je soupirai, les yeux clos. J'avais faim mais je refusais de lever le petit doigt. Ce n'était pas moi qui avait faim. Mon ventre se tordit un instant plus tard et je me décidai finalement à aller chercher quelque chose à manger. En chemin, je passai devant un grand miroir mural et me stoppai devant la vue qui s'offrait à moi.

Quel désastre... Je ne me reconnaissais plus, je me répugnais. Mon ventre grossissait, il s'arrondissait légèrement de jour en jour. Je détestais ma vie, je détestais me voir changer. Je détestais ce foutu test de grossesse... Ma pâleur maladive m'effraya plus qu'autre chose. Je m'approchai du miroir en sentant les larmes me monter aux yeux. Je soulevai mon T-Shirt puis me retournai lentement pour être dos au miroir. C'était un supplice. Je n'arrivais pas à tourner la tête vers mon reflet déformé et puisque je restais complètement paralysée par la peur, je me résolus à faire glisser ma main sur la peau de mon dos en tremblant. Sous mes doigts, les marques s'identifièrent une à une, ce n'était plus douloureux mais mentalement, je les imaginais affreuses. Revenant deux mois en arrière, Harry passait ses doigts sur les épaisses craquelures, les plaies n'étaient alors pas encore refermées. Je ressentais aussi cette brulure intense, celle de ma peau à vif se frottant contre les draps lorsque Harry exécutait ses coups de bassin brutaux. Je me mordis la langue à ces pensées.

La nuit, mes souvenirs refaisaient inlassablement surface. C'était des épisodes traumatisants qui ne cessaient de revenir me hanter. Et moi, je n'arrivais jamais à les repousser.

Après un temps infini à replonger dans le passé, je tournai la tête vers le miroir et parcourus du regard mes cicatrices. A chaque fois, j'étais en état de choc devant la violence des déchirures. Certaines longeaient l'intégralité de mon dos, elles étaient si profondes que je n'osais pas les toucher. Je repensais à ma peau d'avant, celle-ci avait l'habitude d'être tout le temps blanche et sans défaut. Désormais, il ne restait que de misérables lambeaux de chair... C'était le prix que j'avais payé pour ma défunte liberté.

Ruthless |H.S|Où les histoires vivent. Découvrez maintenant