Chapitre 14 : BRISÉE.

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Dimanche 26 février

18h23

"Ahh.." La voix désireuse du bouclé me parvint faiblement tandis que mon cerveau criait d'épuisement. Mon corps se retrouva plaqué à son torse alors qu'il se déversa en moi, stoppant ses vas et viens violents. Une seule et unique larme coula. Mon entre-jambe m'élançait terriblement, mes bras ballants étaient retenus par les siens, emprisonnés et liés par de longues chaînes grinçantes. Je gémis en sentant ses doigts glisser sur une cicatrice qu'il m'avait faite. Je l'avais remarqué durant mes heures à compter les secondes. Il m'avait scarifié le bras en écrivant un grand HS dessus. C'était sa marque de possession, son droit sur moi et sa fierté. Il aimait plus que tout repassé ses ongles dessus pour refaire raviver le sang et entailler la trace le plus indélébilement possible.

La bouche du meurtrier se posa sur mes lèvres en approfondissant un baiser tortueux, rempli d'amertume et de détresse pour moi et d'amour tordu pour lui. "Je t'aime." susurra-t-il à mon oreille en descendant ses lèvres jusqu'à ma clavicule. Il lécha la pente et me jeta un regard perçant. Ses orbes vertes aimaient ce qu'ils voyaient mais en même temps, je percevais un certain chagrin. Il rabaissa aussitôt son regard sur ma peau et la tira avec ses dents. Je me mordis l'intérieur de la joue et refoulai l'eau qui me montait aux yeux. J'essayais de résister mais plus rien en moi ne m'empêchait de m'abandonner à la souffrance qu'il me faisait vivre. Doucement, il se releva et me recouvrit des draps pour cacher mon corps usé par ses soins. Je laissais ma tête tomber sur le côté en gardant mes yeux grands ouverts tandis qu'il se rhabillait et quittait la pièce infernale. Je commençais à être habituée à tout ça. J'étais en train de mourir à petit feu, de craquer mes ultimes convictions par un barrage me protégeant de l'humanité. Je faisais taire mes sentiments les plus forts, je refoulais mes pensées pour Anna et Charly et je me laissais aller dans l'existence que m'offrait Harry.

Mes derniers jours étaient un cercle vicieux. Harry m'avait emmené dans un vieil appartement miteux, rongé par les insectes. Je ne savais pas combien de temps s'était écoulé depuis qu'il m'avait pratiquement soumise à lui. Tout ce que je voyais était le soleil levant et couchant et la lune pleine toutes les nuits à travers une petite fenêtre condamnée par des barreaux en fer. Lorsque je m'étais réveillée, je m'étais retrouvée ici, nue, les mains et les pieds enchaînés au lit. Mon dos m'avait longtemps fait souffrir, frottant constamment contre les draps blancs vite devenus rouge et même si je ne pouvais pas bouger, je n'aurais pas pu le faire de moi-même. J'étais une ancre lestée et clouée au lit. Mes muscles givrés et mes membres si fragiles ne pouvaient pas esquisser un seul mouvement sans que des débris de souvenirs affreux m'insurgent. Le claquement du fouet, la brûlure de ses lames se glissant dans ma peau... Tout me revenait à chaque fois.

J'étais pâle, morte et affublée de cicatrices en cours de formation. J'étais coincée entre la vie et la mort. Mon esprit devenait flou lorsque je réfléchissais trop. Ma voix ne sortaient plus sans qu'une douleur me comprime les poumons et ne ressemble qu'à un miaulement ridicule.

Harry venait seulement pour me nourrir à la petite cuillère et pour me violer inlassablement. Mes journées ne se résumaient qu'attendre ces moments puis à me rendormir d'épuisement pour n'être finalement qu'hantée par des cauchemars qui apeureraient la mort elle-même. Ceux qui m'encerclaient avant que Harry n'arrive n'étaient rien comparé à mes terreurs nocturnes présentes. Je me réveillais en pleurs, les murs absorbants mes cris et hurlements qui pourraient à coup sûr déchirer des tympans sans problème, tout mon corps restaient glacé de sueur froide et paralysé pendant des heures jusqu'à ce que Harry n'arrive. La seule chose que je pouvais faire était de gémir son nom dans la douleur. Je me sentais mal, incapable de pleurer à chaudes larmes, de parler en disant des choses correctes. Lorsqu'il me baisait, je ne ressentais rien à par un vide béant d'émotion. Le parfait contraire de notre première fois. Comment ces deux moments pourtant si semblables l'un de l'autre pouvaient être à ce point éloigné ? J'avais ressenti du plaisir, ça avait été plus qu'agréable, je ne pourrais jamais le nier. Harry n'avait jamais été aussi doux.

Ruthless |H.S|Où les histoires vivent. Découvrez maintenant