Échanges tardifs de SMS

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Bzzz... Bzzz...

23h47.

C'est pas une heure pour m'envoyer des messages ! Pour envoyer des message à n'importe qui, d'ailleurs !

Mais ma curiosité prit le dessus sur mon sommeil.

Et quelque chose me dit que j'aurais tout de même mieux fait de me rendormir.

C'était Derek.

"Besoin de ton aide."

"Pourquoi ?"

"Ils ont une alarme."

"Tu es entré !?"

"Il fallait bien que je vérifie !"

"Sors de là au plus vite !!"

"C'est ce que j'essaye de faire !!"

"En m'écrivant ?!"

"Tu ne connais personne qui pourrait me sortir de là ?"

"De là où ?"

"Du placard du dressing."

"QUOI !?"

"C'est le seul endroit où j'ai pu me cacher. Y'a une fenêtre pas loin, mais il me faudrait une échelle. Tu connais quelqu'un qui a une échelle ?"

"Oui, bien sûr, j'ai ça sous la main. NON MAIS TU TE FOUS DE MOI ?!"

Oh non. Il ne répondait pas ! Ils l'avaient eu ? Il était mort ?

Bon sang, mais qu'est-ce qu'il est con, celui-là !!

"Quelqu'un a appelé pour prévenir de ta mort ?"

"Ma sœur et ma copine. Pourquoi ?"

"Ah t'es pas mort ?"

"Pas encore. Je crois bien que je suis increvable. Bon, elle vient cette échelle ?"

Problème : je ne connaissais personne qui possédait une échelle.

"Sinon, ça va mieux avec ton copain smoothies ?"

"Tu crois vraiment que c'est le moment !?"

"Tu ne connais personne qui a une échelle dans un quartier pareil ?"

Comment avait-il deviné ?

"Non."

"Bon. Je ne vois qu'une solution... Je vais te donner le numéro de ma copine."

"Pourquoi tu ne le fais pas tout seul ?"

"Elle me fait la gueule. Elle croit que je lui fait une blague."

"C'est vrai que ça sonne comme..."

Il n'y a plus eut de SMS pendant un moment, puis il m'a écrit :

"GROUILLE. Ils ne vont pas tarder !!"

Bon, d'accord... Cette situation n'avait rien de réelle !!

Et je n'allais pas débarquer chez Anne à cette heure-ci, histoire de faire diversion, si...?

J'ai reçu le numéro de sa copine (dont je ne connaissais même pas le prénom ; on va aller loin !) et j'ai immédiatement commencé à écrire.

"Bonsoir je suis Beverly, une amie de Derek. Ce n'est pas une blague, il est bel et bien enfermé dans le dressing de gens qu'il a tenté de cambrioler."

Quelle galère ! Franchement, faire ça à une heure pareille, lorsque tout le monde est dans la maison, que les parents sont avocats... Tout disait "MAUVAISE IDÉE ! N'Y VAS PAS !".

Mais il a fallu qu'il y aille, cet idiot !

"Sérieux ? Quel con !"

"Je ne te le fais pas dire..."

"Bon. De quoi il a besoin ?"

Et bien, elle va vite en besogne ! Je n'ai même pas eu à lui expliquer la situation complète !

"De quelque chose qui puisse le faire passer par la fenêtre et retomber sans se faire mal, j'imagine ?"

"Je m'en occupe. Je je garde ton numéro, si ça ne te dérange pas...?"

"Non, je t'en prie. Bon reste de nuit."

"Bonne nuit."

Non mais c'était quoi ça ?!

Est-ce que je viens juste d'assister indirectement à un cambriolage qui a mal tourné ?!

Est-ce que la police allait fouiller dans mon portable ?

Et si ça arrivait, même les supprimer ne suffirait pas, je me trompe ?

On était dans la merde. Tous autant que nous sommes.


****


Un an plus tôt.


Derek était assis sur un banc du parc et observait sa petite sœur guérir et jouer avec d'autres enfants, ce qu'elle n'avait pas fait souvent depuis sa sortie de l'hôpital.

Et, alors qu'il était totalement perdu dans ses pensées, un jeune fille de son âge vint s'assoir à côté de lui, les écouteurs sur les oreilles et un livre à la main.

Derek pensa immédiatement que lire un bouquin et écouter de la musique, c'était étrange.

Il avait juste pensé ça comme ça, bien qu'il savait que beaucoup de gens le faisait, mais il n'avait pas imaginé une seconde qu'elle aurait pu deviner ce à quoi il pensait.

- C'est un livre pour le lycée. Je fais genre de le lire, mais ça ne m'intéresse pas des masses., lâcha-t-elle d'un coup, sans introduction.

Derek eut le réflexe de reculer, surpris. La jeune fille repoussa ses cheveux blond platine en arrière et transperça les yeux de Derek à l'aide de ses yeux d'un bleu-vert style océan tropical.

- Je n'ai rien dit !, réussit-il à articuler, toujours sous le choc.

- Peut-être, mais tu me regardais comme si je venais d'une autre planète.

- Désolé.

Elle marqua une petite pause, mais répondit presque aussitôt.

- Y'a pas de mal. Ma réponse te convient ?

- Et bien, tu sais, tu ne m'aurais rien dit, ça ne m'aurait pas dérangé non plus..., souffla-t-il sans vrai intérêt.

- Tu es pédophile ?

- Quoi !?

Elle était calme, très calme, la voix un peu moqueuse, mais c'était vraiment flippant à voir. Il comprenait bien que c'était un test (parce que s'en était un, n'est-ce pas ?),  mais elle aurait fait quoi s'il s'était amusé à lui répondre oui ?

- Ben, t'es assis devant un bac à sable remplis d'enfants et tu es seul... En plus tu portes des lunettes !

- NON ! Je surveille ma sœur, c'est la petite là-bas., déclara-t-il en désignant une enfant métisse aux cheveux courts et tressés., En plus, ce que tu viens de dire est très cliché !

- Au temps pour moi... Mais comment en être sûre ?

- Demande-lui !, paniqua-t-il.

- Je te taquine ! Tranquille ! Tu verrais ta tête ! C'est quoi ton p'tit nom ?

Le jeune homme hésita à lui dire et à lui tendre la main, mais une force intérieur le poussa à répondre, même si une partie lui hurlait très clairement de fuir :

- Derek.

- Rose, enchanté ! Je suis sûre que l'on va bien s'entendre, toi et moi !

- Je n'en doute pas une seconde...



Les secrets de Beverly AbbottOù les histoires vivent. Découvrez maintenant