Les secrets de Beverly Abbott

La fin du livre

Non, ce n'est pas la fin de mon histoire. Rien ne s'est encore joué !

Mais c'était bel et bien la fin du livre que Mme. Rosebury avait écrit pour moi.

Elle n'avait mis en scène aucun personnage. Elle me faisait part, en tant que narrateur, de ce qu'elle pensait du monde.

Craig avait eu une superbe idée... Et je ne savais même pas comment les remercier.

Ce livre m'aidait à me sentir mieux. A me sentir moi.

A explorer mon monde... Et à découvrir la façon dont je vois celui des autres.

Malgré tout, il était bientôt une heure du matin, et il allait falloir que je dorme, à présent... Surtout que j'avais cours le lendemain.

Je ne pouvais m'empêcher de penser à tous ces conseils, à toutes ses choses que j'avais apprise ce soir !

En particulier sur moi-même.

Je ne savais pas encore qui j'étais.

Mais, aujourd'hui, je me disais que cela n'avait plus d'importance.

Que même si je ne me connaissais pas, il y avait des gens autour de moi qui, eux, savaient.

Des gens qui m'aimaient pour ce que j'étais et ce que je refusais d'être.

Des gens qui m'aimaient pour tout et pour rien.

Juste des gens qui m'aimaient.

Et, d'un coup, je sentais mon cœur devenir bien plus léger.

Plus que ces dernières années.

Plus léger, je crois, qu'il ne l'a été toute cette vie.

Je me sentais vraiment... bien.

J'avais en moi cette sensation de bien-être qui me portait comme l'innocence porte un enfant.

Ce livre était incroyable. Fabuleux.

Allongée dans mon lit, les yeux fermés, je me sentais enfin prête à dormir comme un bébé.

C'est alors que toute la crainte disparut et que je tomba dans les bras de Morphée, emportée au milieu de mille et un rêves.

Je me voyais volé, flottante au dessus de l'océan, à caresser les nuages.

Libre.

Oui, c'est cela. Je me sentais libre.

Libre d'être moi, libre de faire ce qui me semblait juste, libre de vivre ma vie comme je l'entendais sans personne pour m'empêcher de suivre mes envies d'un futur paisible et doux.

Libre de retrouver Craig et de lui dire ce que je ressentais pour lui.

Attendez... est-ce que je venais de m'avouer que j'avais des sentiments pour Craig ?!

Mon sang ne fit qu'un tour et mon cœur se mit à s'accélérer d'un coup, j'ai bien cru qu'il allait exploser !

Derek avait raison à ce propos.

Comment est-ce que j'avais pu être aussi aveugle ? Aussi bête ?

Et comment me faire pardonner ?

Ce fut sur ces dernières pensées que mon sommeil devint profond, ne me laissant aucun souvenir du reste, jusqu'au réveil brutal engendré par la sonnerie. Ah, non, pas cette fois... Ce fut la voix de ma mère qui me fit me lever.

Elle était encore là ? A cette heure-ci ?

Je sentais que sur ce point là aussi j'allais voir beaucoup de choses changer...