Chapitre 43

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Le jour est à l'image de la perte que le monde porte maintenant qu'il a disparu. À l'extérieur, l'eau s'écrase en averses généreuses contre les vitres de ma voiture. Isolant mes pensées lugubre du monde qui m'entoure. Comme un cliché parfait. Un film dramatique avec une fin tragique. Étrangement, c'est parfait ainsi. Je ne peut l'imaginer autrement.

Je suis toujours à l'intérieur de mon véhicule même si il est stationné depuis un moment. Je n'arrive pas à me décider à en sortir. Je n'arrive pas à croire au scénario qui s'impose dans ma tête. J'ai peur. J'ai peur de le revoir dans sa boîte de bois et de revivre le moment de sa mort aux premières loges d'un film d'horreur et d'en être le public prisonnier. J'ai peur de voir la souffrance sur les visages des gens qui l'ont aimés, des gens que j'aime. Et que ça me tue.

Ma radio est resté allumée et elle chantonne une drôle de chanson qui me rend fantomatique. Un homme demande à son amour de courir, courir vers lui jusqu'à ce qu'elle sente ses poumons saigner. (Run-Hozier) C'est étrange et douloureux. Et je pense automatiquement à lui. Encore. Ça me troubles...
Et ca s'ajoute à tout ce qui me  à perturbe, comme un mal être profond...

Je n'ai pu dire aucun mot à Danny au sujet de mes règles par téléphone. Chaque fois que j'ai pris mon iPhone pour composer son numéro, j'ai paniqué et j'ai raccroché avant la sonnerie. C'est la faute à Kimmy et de ce qu'elle m'a dit. Je tourne ça dans ma tête en boucle.
Une idée folle, un scénario impossible...
Mais, je peux plus nier que les choses on changer entre nous.
Je peux plus nier que je pense à lui différemment. Profondément.
Je peux pas plus nier le fait que c'est assez fort pour me faire mal. Souvent.
Je suis pas certaine de ce que ça veut dire mais, je sais que je ne peux pas l'assumer pleinement. Pas maintenant et peu être jamais.

Alors je vais le trouver et le prendre à part aujourd'hui pour lui dire qu'il n'a plus à s'inquiéter avec les conséquences de nos bêtises et c'est tout. Garder mes distances. Espérer qu'il ne verra pas mon trouble à travers mes yeux.

Une ombre passe. Elle tappe trois coups rapide dans ma vitre et je sursaute.
De toute évidence j'ai repoussé l'échéance au maximum et j'arrive au moment de vérité.
Le moment où je dois ramasser ce qu'il me reste de forces dans les recoins de ma personne comme un racle un fond de tiroir. Même si ce n'est que des miettes. Puis, espérer en trouver assez pour survivre jusqu'à la fin.

Une main sur mon sac à main, mon parapluie sous un bras, j'ouvre la portière. Repoussant l'ombre qui m'attend un peu plus loin. J'ouvre directement mon parapluie avant de me glisser à l'extérieur.

-Tout l'monde est à l'intérieur... Dan te cherche.

C'est la voix de Jo, mais sa tête est sous un parapluie et elle cris pour se faire entendre à travers le bruit cru de l'eau. Dans sa main gauche elle tient trois roses blanches qu'elle tourne entre ses doigts.

J'ai attendu trop longtemps avant de sortir. Pour qu'on m'envoie chercher, c'est que j'ai perdu le compte du temps. Le tour d'horizon que je fais lorsque j'analyse les lieux me le confirme. Le stationnement de l'église est bien rempli mais plus personne ne traine dehors désormais.

Je force un sourire, c'est moche comme sourire mais c'est tout ce que je peux. Je part en entamant la marche et elle me suit vers le terrain vert qui bordent les grandes marches de l'église. Notre foulée est silencieuse mais lourdes de pensées. Je m'arrête, juste devant les porte extérieure grande ouverte et Joly s'arrête avec moi. Son épaule touche la mienne et nos soupire se fane en même temps. Droit devant, le grand hall est vide, mais la salle qui la précède est bien pleine de monde. Et Danny est debout contre la porte, pile entre les deux. Il regarde vers l'hôtel mais il attend.

-On t'as gardée une place, rangée six... Me laisse Jo en s'éclipsant le plus rapidement possible à grandes enjambées de talons hauts.

Elle referme son parapluie dans son envolée et ralenti le pas lorsqu'elle dépasse Dan et s'engage dans la foule en lui laissant un regard entendu.
Lui, il se retourne immédiatement vers le hall. Et ses yeux me percutent de plein fouet. Rouges et traumatisés mais je peux lire le soulagement dans tout son corps à l'instant où il s'arrête sur moi. Ses épaules se relâchent et il fait un pas dans ma direction. Je suis toujours devant la porte, avec mon parapluie sur la tête en pleine averse, mais je répond par un pas en avant. Un pas qui me met à l'abris de l'eau et de son piochement qui résonne dans ma tête.

FeelingsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant