Chapitre 5 : Point de Vue Marlon

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6 ans, 2190 jours, 52560 heures, 3 155 760 minutes.

6 longues années depuis que j'ai croisé la beauté époustouflante de Maïa. Comme un halo de lumière dans la noirceur de ma vie. Pourtant j'ai été gâté par la nature. A 32 ans, je suis sans conteste un bel homme. Mais cette beauté physique n'est qu'un masque à la noirceur de mon âme. Je ne suis pas foncièrement mauvais mais je ne connais pas la base de la vie. L'amour. J'ai grandi seul, sans repère, sans attache et sans famille. Ma mère est morte alors que j'avais à peine 5 ans. J'ai survécu dans le bordel où ma mère vendait son corps pendant 3 longues années.

Et puis, une femme, une espagnole s'est prise de pitié pour l'enfant de pute que j'étais. Les Cabellos n'arrivaient pas à avoir d'enfants. Alors ils m'ont amené avec eux, dans leur riche demeure en Espagne. Je croyais enfin que la vie allait me sourire. C'était sans compter que les riches ne voient qu'à travers leurs pesos. Et l'amour ça ne s'achète pas. Bien sûr, j'avais de quoi manger et m'habiller et j'ai reçu une éducation. Mais jamais d'amour. J'ai tout fait pour me faire remarquer et recevoir enfin le sentiment d'exister aux yeux de quelqu'un. Je n'ai reçu en retour qu'un aller simple pour un internat dans une école espagnole. Et comme je m'entêtais dans mes conneries, j'ai atterri à Paris, à tout juste 14 ans pour finir mes études, mais c'était surtout un moyen pour les Cabellos de se débarrasser de l'enfant turbulent que j'étais. Au départ, ils me rapatriaient à chaque vacance. Puis une vacance sur deux. A 17 ans, cela faisait une année que je n'avais ni vu ni eu de nouvelles de ma famille d'adoption. Sympathique.

Je ne vais pas non plus me plaindre, mes études étaient payées, au moins jusqu'à ma majorité. Le jour de mes 18 ans, j'ai reçu un chèque de 20 000 euros, et une carte me souhaitant bonne continuation dans la vie. J'ai adoré le geste. Quelques billets et disparaît. Voilà comment je l'ai pris. Mais je n'allais pas me démonter. Tant bien que mal, j'ai eu mon bac. J'avais de l'argent d'avance si je voulais faire des études. Mais quoi ? J'étais seul et paumé !

 Par je ne sais quel miracle j'ai fini par arrêter mon choix sur une licence en marketing. J'étais jeune, j'avais de l'ambition et beaucoup de choses à prouver. J'ai intégré une école de commerce parisienne, utilisant l'argent de mes "parents" pour les frais d'inscription.

C'est là où j'ai croisé le premier rayon de soleil de ma vie : Émy. Émy et moi, ça a tout de suite été le coup de foudre. Elle était seule, moi aussi. Elle semblait perdue, moi aussi. Elle avait les cheveux bleus, moi non. Elle attirait par son extravagance, moi par mon charme. Quand je me suis approché, et quand elle a ouvert la bouche j'ai été séduit.

— Désolée beau gosse, mais je préfère la profondeur d'un vagin que la rigidité de ton engin !

Elle m'avait lancé ça d'un naturel tellement déconcertant qu'elle m'avait un instant cloué le bec. Et j'ai su. J'ai su que sa fraîcheur et sa spontanéité sera un soleil dans mon existence. Alors j'ai tendu la main et lui ai simplement dit :

— Marlon, enchantée, mademoiselle exploratrice de vagins.

Elle a ri et nous nous sommes plus quitté. C'est donc tout naturellement que 3 ans plus tard et licenciés tous les deux en marketing, je l'ai suivi sans hésiter dans le sud de la France. De toute façon, je n'avais pas d'attaches, pas de famille et pas d'amis, hormis elle.

Et la suivre représentait aussi un défi, et celui-ci s'appelait Maïa. Pendant 3 longues années, Émy me bassinait avec sa meilleure amie restée dans le sud. Et Maïa ceci, et Maïa cela. Je ne l'avais jamais rencontré, même pas vu en photo et pourtant j'avais l'impression de la connaître. D'ailleurs, Émy en dépeignait un portrait tellement idyllique que si j'avais été capable de sentiments je serais tombé amoureux. En réalité j'avais envie de la mettre dans mon lit. J'aimais les femmes, surtout en position horizontale, pour une soirée et de préférence nues. Mais sans plus. L'amour ce n'est pas pour moi.

☆☆☆

Été 2011.

Piscine de la famille Labelle.

Montpellier.

Je me souviens comme si c'était hier de cet après-midi chez les parents d'Emy. J'allais enfin rencontrer Maïa ! J'étais en train de faire des brasses quand Émy se mit à hurler le prénom de Maïa. Tel un espion en mission, seul les yeux et le nez dépassant de l'eau je guettais ma cible. J'ai vite déchanté quand la première personne que j'ai vu était un type blond tenant la main d'une femme. Émy !!!! Elle m'avait bien caché que Maïa était avec un mec ! Elle n'en avait jamais fait mention. Pas grave, finalement ça serait un défi supplémentaire. 

Alors que je m'approchais du bord de l'eau pour en sortir, Maïa s'était retournée vers moi. Une force invisible m'a stoppé un court instant. Dire qu'elle était belle était un euphémisme. Elle était magnifique au point où ça en devenait presque irréel. Alors que j'avais repris possession de mon corps et que j'étais en train de sortir de l'eau nos yeux se sont croisés. Sa beauté n'égalait pas la profondeur de son regard. Je ne sais pas si c'est la noirceur de ses pupilles ou l'immensité des émotions que l'on pouvait y lire mais j'étais subjugué. Par chance sa réaction face à moi me permis de reprendre contenance. C'était peu dire qu'elle aussi était satisfaite de ce qu'elle voyait. D'ailleurs ça n'avait pas échappé à son blond délavé qui n'était pas content mais alors pas content du tout ! Tel un félin prêt à bondir sur sa proie je m'approchais d'elle. Sa gêne évidente et son bégaiement me tira un sourire moqueur. Malgré les œillades assassines de ce David et une Maïa visiblement gênée et honteuse, la journée se déroulait tranquillement. Je ne pouvais détacher mes yeux de Maïa. L'entendre discuter et plaisanter de tout avec Émy était plaisant.

 Pourtant j'avais l'impression qu'elle n'était pas naturelle, pas elle-même. Même ma meilleure amie était différente. A croire que l'autre con influençait leur comportement. Moi-même je me sentais étrange. Pour la première fois de ma vie (Émy étant l'exception) j'avais envie de connaître une femme et pas seulement son anatomie. L'après-midi s'était déroulé en tout simplicité, bien que David tirait la gueule et n'avait daigné répondre à aucunes de mes tentatives de faire connaissance et que Maïa semblait fuir ma présence. Même Émy m'a étonné, elle si vive et exubérante d'habitude avait du mal à trouver sa place. Et moi, je tentais de faire bonne figure, discutant principalement avec Émy, mais Maïa m'avait vraiment retourné. 

Quand le couple avait quitté les lieux, Émy avait laissé exploser sa colère envers le nouveau baptisé "l'autre con". Après un débit intensif d'injures et de paroles complètement décousues, nous avions fini par discuter calmement. Elle m'avait expliqué à quel point elle détestait ce type qui, selon elle, était néfaste pour Maïa. Il était, toujours selon ses dires, casse couilles, couille molle et coincé du cul. A vue d'œil, sa description ne doit pas être loin de la vérité. Mais Maïa l'aime alors Émy le tolère pour elle. Elle accepte même les nombreux refus à ses invitations inventant prétexte sur prétexte. C'est à cause de moi, ou plutôt de la réaction de Maïa la première fois et apriori Môsieur est jaloux.

 Alors en tout et pour tout j'ai dû croisé Maïa deux ou trois fois en 6 ans, quand se réunir devenait presque une obligation pour les filles. Et j'ai été à chaque fois clairement évité. Si bien que j'ai fini par ne plus y aller. Parce que Émy était malheureuse de ne plus voir Maïa et que ma vie je la consacrais entre autres à rendre heureuse mon rayon de soleil. Malgré ces six années écoulées je n'ai pu me défaire du souvenir du visage angélique de Maïa. Alors quand Émy m'a dit qu'elle venait passer 15 jours de vacances ici, à Montpellier et sans son trou du cul pour cause de « période difficile du couple » j'étais excité comme un gamin, j'allais pouvoir revoir Maïa.

LA DANSE DE L'AMOUR Où les histoires vivent. Découvrez maintenant