Ça doit faire près d'une demi-heure que je suis prostrée dans ma voiture. Avec difficulté, j'encaisse la confrontation avec David. Quand enfin mes larmes se tarissent, je me décide à quitter la rue Paradis du 8ème arrondissement, celle qui a abrité mon chez-moi, rue pour laquelle on avait eu un coup de cœur tant pour l'architecture des bâtiments que pour son nom. Rue Paradis, nous y avions vu un signe à l'époque, signe d'une vie future heureuse. Je suis partie tellement rapidement que je ne sais même pas où me rendre. Emy est à Montpellier, et je n'ai pas franchement d'amis ici. Au plus proche, je décide de me rendre à l'hôtel Paradis situé un peu plus en amont du boulevard.
Quelques minutes plus tard, je pousse la double-porte de l'hôtel avec ma valise encore pleine de mes vacances et je réserve une chambre pour 6 nuits. Il faut que je me retourne, que je trouve un nouvel appartement et que je prévienne Emy. J'ai tellement de choses à penser que ma tête me tourne. Munie de la carte magnétique, j'ouvre la porte de la chambre 12 et entre en posant mon sac. La chambre est agréable, dans des teintes beige et grise, et très lumineuse. Spontanément, je me dis que cette luminosité ne sera pas de trop, à la vue du noir que je vais broyer. Je m'assois au bord du lit, coudes sur les genoux et prends ma tête entres mes mains. Je souffle plusieurs fois. Voilà, je suis partie. Retour à la case départ. Je prends mon téléphone et rédige rapidement un sms à l'attention d'Emy :
— Confrontation avec David, c'est fait. Douloureux mais nécessaire. J'ai pris une chambre à l'hôtel, le temps de me retourner. Je vais chercher un appartement. Moral pas au top, pas envie d'en parler. Désolée d'être partie comme une voleuse et désolée pour tout le reste. Je te tiens au courant, je t'aime.
Il est presque 18 heures, je commence à me sentir vraiment mal. Je suis triste et je me sens tout à coup bien seule dans cette chambre. Le silence en devient étouffant, il faut que je sorte prendre l'air. Dans la petite salle de bain, je décide de me rafraichir. J'arrose mon visage, puis m'asperge les bras. Finalement je décide qu'une douche me fera le plus grand bien et me glisse dans la baignoire. Si l'eau fraîche m'a fait un instant du bien, mon chagrin reprend le dessus, j'ai besoin d'un petit remontant. Enfilant simplement une robe légère et des sandales, je sors de l'hôtel et me rend au petit café en face.
Si j'ai commencé le début de soirée par une ou deux bières, très vite je suis passée à un alcool plus fort. Mon chagrin s'amplifie au rythme du soleil qui décline, et plus la nuit s'établie et plus l'angoisse s'installe. Je tiens très mal l'alcool. Pour cause, à part dans ma fin d'adolescence, je n'ai jamais trop bu, parce qu'avec David il fallait toujours rester sur la retenue quoi qu'il arrive. David, David, mais quelle pourriture ! Rien que de penser à lui, ma colère reprend le dessus. Je recommande une vodka pomme que je bois cul-sec. Je n'arrête pas de me repasser notre conversation et même l'alcool n'arrive pas à me faire oublier.
Des rires me tirent de mes pensées, et je repère un groupe de jeunes tout juste majeurs Il doit être pas loin de 23 heures, ils sont pas mal éméchés et à les entendre, ils sont prêts pour attaquer la deuxième partie de la soirée. Ils me rappellent Emy et ses week-ends toujours survoltés. Je me lève en titubant légèrement et me dirige vers la sortie. J'ai besoin d'une clope. Je m'allume une cigarette et m'appuie contre le mur de la façade. Très vite, je suis rejointe par un des mecs qui était dans le bar. Tout en tirant sur ma clope, je l'observe. Il est en train de se rouler un joint. Putain ça fait tellement longtemps que je n'en ai pas fumé un ! Et je crois que là, tout de suite, ça me ferait un bien fou. Jalouse, je le regarde allumer son pétard. Il a remarqué mon regard insistant et pas du tout discret et me propose son joint. Heureuse comme un coq en pâte je m'approche en sautillant.
— Je peux ? demandais-je.
— Fais toi plaisir, tu avais l'air de baver devant ! me dit-il en souriant.
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LA DANSE DE L'AMOUR
Roman d'amour" De l'amour de la danse à l'amour il n'y a qu'un pas". Jane Austen Jusqu'à aujourd'hui je n'avais pas compris ce que cette phrase voulait dire. Le grand Amour je l'avais déjà trouvé. Le grand Amour amical aussi. La passion vive pour la danse aussi...