Lundi 2 octobre.
Dernière soirée avant la reprise en main.
Appartement de Maïa.Mais pour qui il se prend pour débarquer ici ? Rien à foutre ! Je récupère deux bouteilles de whisky et vais rejoindre les deux canons qui m'attendent dans mon lit, sous le regard désapprobateur d'Emy et de son meilleur ami.
J'ai tellement bu que je n'arrive même pas à culpabiliser. Je tourne le verrou de la porte et regarde les deux spécimens. Mais qu'est-ce que je fous là ? Non, il est hors de question que je me mette à penser maintenant. Je récupère un petit sachet de cocaïne caché entre le matelas et le sommier et trace des lignes sur la table de chevet. Je n'en ai pris qu'une fois, lorsque j'ai rejoint l'hôtel après ma confrontation avec David. Je ne réfléchis plus et m'administre cette saloperie qui me rendra un instant euphorique et me laisse tomber sur le lit auprès de mes conquêtes du soir.
Une heure plus tard, je suis mal, la drogue s'estompe laissant place à une affreuse tristesse. Comment ai-je fait pour me retrouver dans cette position ? Je me redresse vivement, ma tête me tourne, je panique, je dois me débarrasser d'urgence des deux hommes.
— Habillez-vous et barrez-vous ! Vite ! je leur crie.
Je sors de la pièce tant bien que mal et leur hurle de se dépêcher. Arrivée dans le salon, suivi des mecs, je tombe nez à nez avec Emy et Marlon. Si Emy est partagée entre l'inquiétude et l'envie de m'étrangler, Marlon est bien plus clair, il est fou de rage.
Je claque la porte d'entrée et me précipite dans ma chambre mais la main puissante de Marlon me retient vivement et je manque de tomber.
— Tu nous fais quoi là Maïa, bordel c'est quoi ton problème ? Un seul mec ne te suffit pas ?
Mais c'est quoi son problème à lui ! J'ai la tête qui tourne et il vient me gonfler là !
— Mais je t'emmerde Marlon ! Qu'est-ce que ça peut te foutre que je baise avec un, deux ou trois hommes en même temps ? Ou que je change de mecs tous les jours ou bien trois fois par jour ! Je ne te dois rien !
Je suis rouge de colère et lui hurle dessus comme si ma vie en dépendait.
— Mais putain oui tu as raison, habille-toi comme une salope, fais-toi baiser comme une pute j'en ai rien à foutre !
Mon sang ne fait qu'un tour, je vais défaillir, seule la rage me tient et Émy assiste impuissante à la scène qui se joue devant elle.
— Maïa, putain ce n'est pas ce que je voulais dire...
Je le coupe d'une puissante gifle. Je reprends mon souffle, je suis au bord de l'implosion et je lui siffle :
— Tu t'entendrais bien avec David toi, vous êtes pareils finalement, rejeter la faute sur moi et mes défauts. Après l'égoïste, la coincée, la maniaque, la carriériste je vais pouvoir ajouter allumeuse et fille légère à temps perdu à la très longue liste de Maïa et ses nombreux défauts.
Il serre les poings et me crache :
— Ne me compare à ce connard ! Je ne suis pas comme lui.
— Pourtant toi aussi tu m'as bien baisé pour me jeter ensuite.
Et sur ces paroles, je cours me réfugier dans ma chambre. Malheureusement Marlon est plus rapide que moi et il s'engouffre derrière moi avant que je n'aie pu fermer la porte.
— Je n'ai pas fini Maïa bordel ! il crie.
— Mais je ne veux pas te parler ! Je ne veux plus te voir, je ne veux plus rien avoir à faire avec toi ! Tu peux le comprendre ça ? Et puis tu es qui d'abord pour te permettre un quelconque jugement ? Tu ne me connais même pas !
Il n'est pas le seul à hurler. Il me plaque contre le mur, son front contre le mien et souffle bruyamment.
— Je suis un homme torturé Maïa, je ne suis pas un mec pour toi.
Il est trop proche, j'ai la nausée, son contact exacerbe ma paranoïa, j'ai l'impression qu'il va m'étouffer. Je le repousse tant bien que mal et au prix d'un effort considérable je m'égosille :
— Tu es torturé ? Et moi ? Tu crois que je vais bien ? Tu crois que je vis comment le fait d'avoir été abandonné à ma naissance dans un orphelinat pourri ? Comment crois-tu que j'aille en ayant grandi sans amour et en me faisant emmerder par les autres pensionnaires ? Tu crois que ça a été facile de me faire tabasser par les plus grands, à tel point que j'ai trouvé refuge chez Emy ? Comment tu crois que j'aille en grandissant avec l'impression d'être un poids pour ma meilleure amie et sa famille ? Tu es torturé et moi je suis complétement ravagée !!!
Je suis à un doigt de m'évanouir, je dois arrêter ma tirade pour reprendre mon souffle et je n'ai pas le temps d'ouvrir la bouche que Marlon me coince à nouveau contre le mur et prend violemment possession de mes lèvres. Je gémis de son contact auquel j'ai souvent pensé et qui m'a manqué plus que je ne l'aurais imaginé. Mais tout à coup, je me sens partir, je tourne de l'œil et c'est le trou noir.
— Emy putain, Maïa viens de s'effondrer !
☆☆☆
Je ne sais pas où je suis ni depuis quand j'y suis mais je suis bien. J'ai l'impression d'être couchée sur un matelas accueillant et ferme à la fois. J'ai chaud, je m'y sens confortablement installée. Et puis ça sent bon, c'est envoutant comme odeur bien qu'un poil trop viril. J'ai dû me tromper de lessive. Quelques brouhahas, puis des paroles inaudibles me sortent de ma léthargie. J'ai l'impression d'avoir la tête enfouie dans du coton.
J'ouvre les yeux et je comprends. Je suis dans les bras de Marlon, Emy à mes côtés. Je les vois mais j'ai l'impression d'être hors de mon corps, comme déconnectée. Puis les dernières semaines me reviennent brutalement en pleine gueule et je m'en veux d'avoir ouvert les yeux. J'étais bien dans mon monde imaginaire, et je ne veux plus vivre cette vie. Emy me parle mais ses paroles n'atteignent pas mon cerveau, j'assiste juste à la chorégraphie de ses lèvres. Elle insiste pourtant, elle me secoue mais rien. Elle approche un verre d'eau avec une paille et j'aspire une petite gorgée d'eau. Elle a mis du citron dedans, ça me rappelle de doux souvenirs où enfants, nous jouions aux vendeuses de citronnade.— Elle boit Marlon elle boit !
Le son est de retour, merci à ce vieux flashback qui me rappelle malgré cette vie de merde que j'ai eu de beaux moments. Avec elle. Je lui souris, je crois, et elle me le retourne en caressant ma joue.
— Mi scusi Emy io non ti merito. Volevo che tu sia orgoglioso di me. Non volevo deluderti*.
Des années que je n'avais plus pratiqué ma langue maternelle, et comme si je sortais d'une longue période de coma c'est sorti tout seul, naturellement.
— Je te pardonne, parce que tu es ma famille, et que la famiglia* c'est sacré, je n'aurais jamais pu avoir meilleure sœur que toi.
Ses yeux sont baignés de larmes et la culpabilité me reprend.
— Allez ma douce, je vais te faire couler un bain, ça va te faire du bien.
Elle quitte la chambre me laissant seule avec Marlon. Peu importe, je suis incapable de bouger ou de parler. J'ai puiser mes dernières forces pour obtenir le pardon d'Emy. Il ne dit rien, mais me maintient toujours contre lui, ses mains caressants mes cheveux.
*Traduction de l'italien : « Excuse-moi Emy, je ne te mérite pas. Je voulais que tu sois fière de moi. Je ne voulais pas te décevoir. »
*Traduction de l'italien : « Famille »
VOUS LISEZ
LA DANSE DE L'AMOUR
Storie d'amore" De l'amour de la danse à l'amour il n'y a qu'un pas". Jane Austen Jusqu'à aujourd'hui je n'avais pas compris ce que cette phrase voulait dire. Le grand Amour je l'avais déjà trouvé. Le grand Amour amical aussi. La passion vive pour la danse aussi...