Chapitre 14 : Sur le fil tendu

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Lundi 2 octobre.

Je suis si bien. Depuis des semaines je crois que c'est la première fois que j'ai dormi d'une traite. Des bras me serrent et un souffle chaud caresse le sommet de mon crâne. J'ouvre les yeux et me tourne vers ma meilleure amie. Elle me regarde, je dirais même qu'elle me détaille, qu'elle attend que je parle. Je fourre ma tête dans son cou.

- Perdonami Emy.

- Ça va aller ma puce je vais bien m'occuper de toi.

Elle se lève du lit et il me faut quelques secondes pour pouvoir en faire de même. Je m'installe sur le tabouret de la cuisine tandis qu'elle s'affaire à préparer le café. Elle me pose ma tasse ainsi que deux tartines beurrées. Mon estomac se soulève à la vue de la nourriture. Il faut dire que je n'ai pas beaucoup mangé pendant un mois.

- J'ai bien vu ta grimace, tu manges tu n'as pas le choix.

Je souffle telle une enfant mais m'exécute. Les premières bouchées sont difficiles mais je dois avouer que ça me fait du bien.

- Quand on aura fini de déjeuner, direction canapé tu vas tout me dire de A à Z sans rien omettre et après on nettoiera cette déchetterie qui te sert d'appartement.

Emy le tyran est de retour, et même si je n'ai pas la moindre envie de raconter tout ce merdier, je sais très bien que la créature démoniaque en face de moi ne me lâchera pas. Alors, avec la grâce d'une huître et la rapidité d'une tortue je me dirige vers le canapé. Emy doit être surprise de ma docilité car elle met quelques secondes à comprendre que je ne fuis pas et que je me rends de mon plein gré à l'échafaud. Elle cale son dos sur l'accoudoir et ramène ses genoux sous son menton. Je me jette à l'eau en racontant dans les détails la douleur de la trahison de David, la souffrance du rejet de Marlon, la peur, la tristesse, l'alcool, le sexe. Je n'épargne ni elle ni moi de la vie affligeante que je vis depuis des semaines.

- En fait, c'est compliqué. Je ne sais pas comment le formuler. Je crois que je souffre plus d'avoir été trompé que le fait d'être séparé de David. C'est dingue, mais les quinze jours où j'étais chez toi, j'étais vraiment bien ! Vraiment moi-même tu vois ? Oui, je sais ce que tu vas dire, et non jusqu'ici je ne m'en rendais pas compte.

- Chérie, je te le disais pour ton bien, même si tu ne voulais pas l'entendre ! Mais bien sûr que tu étais complètement différente quand tu étais avec lui et quand tu étais seule avec moi par exemple. Je suis désolée Maïa mais vraiment ce n'était pas un type pour toi.

- Je ne sais pas... Je ne peux quand même pas ignorer les moments de bonheur...

- Réels ou fabriqués de toute pièce ? Parce que tu saisis bien la nuance entre être heureuse naturellement et faire croire que telle ou telle chose te rend heureuse ?

J'avoue que là, elle me pose une colle. Je n'avais jamais appréhendé les choses sous cet angle-là.

- Peut être... Je n'y avais jamais pensé... Pourtant je me rends compte depuis le clash qu'il a toujours aimé appuyer où ça fait mal quand même... Emy, tu trouves que je me cache derrière mon passé ? Tu trouves que je le prends toujours pour prétexte sans avoir été creusé plus loin ?

- Non. Tu ne te caches pas. Tu estimes pour le moment que la douleur de ne pas savoir est certainement moins difficile que celle de savoir. Pour moi tu es courageuse, pas paumée.

Ses mots me touchent en plein cœur, et les larmes se remettent à couler. Elle se décale sur le canapé pour venir m'entourer de ses bras.

- C'était un connard, ne regrette rien chérie.

- Je sais, mais c'est dur... dur d'accepter de s'être trompé. Et puis deux fois d'affilée quoi. Un instant j'ai cru - je marque une pause pour prendre une inspiration - j'ai cru qu'il y avait quelque chose entre Marlon et moi. Et là aussi, je me suis plantée ! Faut être réaliste Emy, je ne suis pas faite pour les relations humaines, chaque fréquentation tourne au désastre ! Tu as un meilleur ami en or, vraiment. Il t'aime au moins autant que je t'aime, je ne voulais pas me mettre entre vous deux. Je ne veux pas que tu lui en veuille, je ne veux pas que tu te fâches avec lui.

LA DANSE DE L'AMOUR Où les histoires vivent. Découvrez maintenant