Chapitre 34 : A Life With You

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Juin 2018.

Allongés sur la plage, en ce début du mois de juin, nous laissons notre regard se perdre dans l'immensité du ciel bleu. Le temps clément et l'heure précoce sont propices à un moment de sérénité. La plage est déserte et seul le doux bruit des vagues vient troubler ce silence apaisant.

L'année écoulée a été éprouvante pour moi. J'ai vécu une valse d'émotions. Peur, tristesse, colère, déception, surprise, plaisir, euphorie et joie de vivre. Une belle palette de sentiments. Et le spécimen à mes côtés n'y est pas pour rien.

Allongés côte à côte à même le sable, la main de Marlon trouve la mienne. Son contact a toujours le même effet, à la fois électrisant et sécurisant. Et Dieu sait combien j'ai dû et pu me reposer sur lui ces derniers mois. Mon dernier combat et non des moindres m'a coûté cher, tant physiquement que psychologiquement. Partir à la recherche de mon passé a certainement été la lutte la plus dure que j'ai eu à mener.

J'étais persuadée que, tant que je serais dans l'ignorance, je souffrirais. Je n'aurais jamais imaginé que faire la lumière sur mon passé me plongerait à ce point dans l'ombre. Il m'a fallu des semaines pour encaisser, des heures de thérapie et des jours à pleurer. Heureusement, j'ai pu compter sur le soutien sans faille de Marlon et d'Émy.

Dès notre retour, ma meilleure amie a pris les choses en main. Si je m'étais enfermée dans ma bulle de chagrin, elle, a voulu vérifier la véracité des paroles de Cappeone la Vieille comme elle l'appelle. Les recherches ont été compliquées, et elle a dû faire appel à des services spécialisés. Cela a pris des semaines. Le hasard a fait que j'ai reçu confirmation le 12 mars 2018 que ma mère était bien décédée le 12 mars 2007 à l'hôpital Saint Eloi de Montpellier. Sœur Marie avait raison, ma maman m'avait retrouvé. Elle était là, tout proche. Et je ne me doutais de rien. J'aurais dû y croire. J'aurais dû chercher. J'aurais dû avoir la foi tout comme elle l'avait eu. Ma colère m'a aveuglé. Alors la tristesse a accueilli un nouveau compagnon, la culpabilité. La quête a laissé la place aux deuils. Deuil de ma mère. Deuil de ma famille.

Et puis, petit à petit, je me suis relevée. Je n'avais pas de famille de sang, mais j'en avais une de cœur. Chaque jour, rien que leur présence recollait peu à peu mon cœur brisé. Chaque jour, leur sourire rallumait mon cœur éteint. Chaque jour, leurs petites attentions soignaient mon cœur blessé. Chaque jour, près d'eux je me réparais. Chaque jour, j'avais ma dose d'amour. L'amour fraternel d'Émy. L'amour aveugle et vaillant de Marlon. L'amour platonique de Maho. Tous ces sentiments ont peu à peu comblé mon manque affectif. Et puis est arrivé le moment où mon cœur s'est remis à battre correctement. Bien sûr, il est bourré de cicatrices encore fraîches mais je vais mieux.

Et je dois reconnaître qu'à l'instant présent, aux côtés de Marlon, je me sens bien. Mieux que ça, je me sens enfin moi-même. Cette sensation de plénitude m'envahit systématiquement quand il est dans les parages. Comme le Ying et le Yang, j'ai l'impression qu'on se complète, qu'on s'équilibre et que nous sommes indissociables. Je suppose que c'est l'amour, le vrai, le puissant qui me donne ce sentiment de bien-être. Mais j'ai toujours cette barrière invisible qui me contraint à le repousser sans cesse. La seule différence, c'est que je l'aime, c'est une certitude que j'assume. Je ne me mens plus à moi-même. J'ai même envie d'y croire. De croire qu'un jour, je serais capable de dépasser mes craintes et de l'aimer librement.

Je ne sais pas depuis combien de temps nous sommes là, dans un silence religieux, avec son pouce qui caresse délicatement ma main. Soudain, Marlon esquisse un mouvement. Je le vois se tortiller afin de sortir son téléphone de sa poche. Une fois son smartphone en main, il lance une musique. Je reconnais les rythmes tantôt lents, tantôt rapides de la chanson. C'est un morceau très sensuel et très puissant à la fois. Le genre de notes et de paroles qui vous percute au plus profond de votre âme.

Il se lève et se place face à moi, la main tendue en guise d'invitation. Je souris et attrape sa main avec plaisir. Parce que c'est notre truc à nous. Peu importe les sentiments, les doutes, les envies quand nous dansons tous les deux. Plus rien ne compte. Le temps s'arrête. Et à chaque fois je suis transportée dans une autre dimension. Cela n'a pas changé depuis notre toute première danse. Elle paraît si loin et pourtant si proche. Certains ont des coups de foudre au premier regard. Nous, ça a été un véritable coup de cœur à la première danse.

Je me laisse guider et emporter par Marlon. Tout chez lui transpire la sensualité. Mais par-dessus tout, il veut me faire passer un message. Il y met tant d'ardeur, tant de passion que c'est une évidence. Tout comme cette manière de communiquer entre nous. Il n'est pas plus démonstratif et explicite que quand il danse. Parce qu'à ce moment-là il dit tout. Il se livre complètement. Il met son âme et toutes ses émotions à nues. Et je parle la même langue que lui. Ce langage du corps universel qui est toujours compris par l'être aimé.

« La danse est la langue cachée de l'âme ».

La musique se termine. Et je suis toujours dans un autre monde. Dans une tentative de me ramener sur terre, ou alors dans un élan de passion incontrôlé, les lèvres de Marlon se posent sur les miennes. Je me laisse à nouveau embarquer par ce baiser incandescent. « L'univers tient dans un baiser ». C'est ainsi que je le ressens. Et puis il me relâche. En sueur, les cheveux ébouriffés par mes mains un peu trop entreprenantes, ses yeux trahissent tout l'amour qu'il me porte. Il est beau. Non. Il est sublime. Toujours blottie contre lui, il me sourit.

— Parce que c'est comme ça que tout a commencé Maïa.

J'approuve d'un mouvement de tête. C'est vrai, notre histoire a démarré de cette façon.

Doucement, il me relâche et fait deux pas en arrière. Encore un peu sonnée, je reste plantée face à lui. Soudain, il se rapproche à nouveau. À quelques centimètres de moi, il se stoppe et me fixe. Et puis, il pose un genou à terre. Il se saisit de ma main gauche et plonge dans mes yeux. Dans les miens il doit y lire de l'incompréhension. Mais Marlon reste Marlon. Fougueux, fonceur et déterminé.

— Maïa, avec toi, ça a tout de suite été un coup de cœur. La première fois que je t'ai vu, mon cœur a su. Je n'ai pas toujours été correct avec toi. Et je passerais ma vie entière à me faire pardonner mes erreurs. Tu es mon tout. Je ne peux imaginer ma vie sans toi. Maïa, épouse-moi.

Oh mon Dieu. Je rêve. C'est ça, je dois être en train de rêver. Pourquoi ? Pourquoi est-ce qu'il me fait ça maintenant ? Ça va vite. Beaucoup trop pour moi. Je l'aime. Bien sûr. Mais ça là, maintenant, c'est trop pour moi.

Je le regarde. Il attend ma réponse les yeux pleins d'espoir. Sa demande est parfaite, lui-même est parfait et sa bague est une pure merveille. Sobre et élégante. Choisie avec goût, elle me correspond à la perfection. Mais j'ai peur. Je suis terrifiée. Je suis bouche-bée, les yeux écarquillés tandis que mon cerveau assimile tout cela.

Il fronce les sourcils face à mon mutisme. Alors qu'il s'apprête à me parler, je pars en courant. Sans lui adresser un regard supplémentaire, je m'éloigne le plus possible de l'homme fantastique, un genou dans le sable et une bague de fiançailles entre les mains.

« J'ai beau enfin savoir qui je suis, je ne sais toujours pas où je vais ».

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Et voilà ! C'était le dernier chapitre !
Il manque l'épilogue et peut être des bonus ^^
Comme toujours merci de me lire, de voter, et de commenter
Joyeuses Fêtes à vous !

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LA DANSE DE L'AMOUR Où les histoires vivent. Découvrez maintenant