Mercredi 25 octobre.
Locaux de Cappeone.Je n'ai pas dormi de la nuit. A cause du mélange d'excitation et d'angoisse. Soyons honnête, j'ai peur. Bien sûr que je suis ravie de reprendre ma place. Mais je n'oublie pas les difficultés que j'ai rencontré dernièrement. Et je dois être réaliste, cela fait des semaines que je n'ai touché une goutte d'alcool, un joint ou une cigarette. Et si enfermée dans ma léthargie et avec les médicaments, je n'avais pas ressenti de manque, je suis assez lucide pour savoir qu'à partir d'aujourd'hui, ça va être bien plus compliqué. La moindre contrariété, le moindre stress, la moindre complication je vais paniquer, je vais tenter de prendre la fuite et de me réfugier dans l'alcool. C'est comme ça que j'ai fonctionné ces derniers temps. Mon boulot représente de lourdes responsabilités et le lot d'angoisses qui va avec. Et Maïa Cappeone n'a pas le droit à l'erreur. Elle doit être irréprochable, professionnelle et implacable. Je gère pas moins de cent personnes, je ne peux pas me tromper. C'est pourquoi j'ai accueilli avec soulagement la décision d'Emy et de Marlon de m'accompagner ces prochains jours. Je dois dire que Marlon est exemplaire. Je ne suis pas prête à lui pardonner, et je lui adresse la parole seulement quand c'est nécessaire, néanmoins, je ne peux pas lui enlever l'attention qu'il me porte.
A 7h30 précises, je suis prête. Tirée à quatre épingles. Chignon strict, jupe crayon noire, chemisier crème et blazer noir. Des escarpins noirs viennent compléter ma tenue. Un maquillage léger et une bouche marquée de rouge à lèvres framboise. Malette en cuir sous le bras. Finalement la voilà, la femme 2.0 que j'imaginais. Une redoutable femme d'affaires prête à conquérir le monde. Ça, c'est pour l'apparence. Parce qu'à l'intérieur, c'est la tempête. Mais je suis décidée, aujourd'hui, Maïa est une nouvelle femme. « Il n'est jamais trop tard pour être ce que vous auriez dû être* ». Mon nouvel adage. Emy et Marlon se lèvent juste. Ils m'observent attentivement et sifflent tout deux d'ébahissement. Il semble que la Maïa professionnelle leur plaît. Après un petit déjeuner succinct, ils partent se préparer dans la chambre. Quand ils reviennent tous les deux, je constate qu'ils ont également fait un effort vestimentaire à la hauteur de mes espérances. Ils sont beaux. Émy a revêtu une jolie robe noire cintrée qui met en valeur son superbe physique ainsi que des escarpins rouge vernis. Marlon quant à lui, a revêtu un jean brut près du corps qui met en valeur les courbes de ses fesses ainsi qu'une chemise blanche faisant ressortir son teint hâlé. À nous trois nous incarnons parfaitement l'image de jeunes actifs trentenaire accomplis. Je leur souris en levant les deux pouces en signe d'approbation et leur souffle un « c'est parti ». Nous nous entassons tous les trois dans ma petite Fiat 500 et prenons la direction des locaux de Cappeone, qui sont à un peu moins d'une demi-heure de mon appartement. Le trajet se fait dans le plus grand des silences. Plus on approche du bâtiment et plus mon angoisse monte. J'ai les mains moites et les lèvres sèches. Et lorsque que je me gare sur mon emplacement réservé, je prends un instant pour souffler profondément afin d'essayer d'évacuer mon stress. Nous y voilà. Fermement accrochée au bras d'Emy nous contemplons un instant le bâtiment qui se dresse devant nous. Cappeone est tel que je l'avais rêvé. C'est un immeuble de 5 étages où la totalité de la façade est en verre teint. Majestueux et imposant. Simple dans des lignes droites franches. Un diamant brut. Il émane de lui un sentiment de force, de puissance. Au-dessus de la double porte d'entrée vitrée s'étale le nom Ariana Cappeone, maison de maroquinerie, en lettres d'or. Sur le même tempo, Emy et Marlon sifflent d'admiration.
— Je n'avais jamais vu d'aussi près ces locaux, c'est superbe Maïa.
— Merci, dis-je gênée.
A l'accueil, la voix nasillarde de Clara nous accueille.
— Madame Cappeone, bonjour. Votre café. Serré, avec deux sucres et prêt à boire.
— Bonjour. Merci Clara. Je me tourne vers Emy et Marlon. Vous voulez boire quelque chose ?
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LA DANSE DE L'AMOUR
Romance" De l'amour de la danse à l'amour il n'y a qu'un pas". Jane Austen Jusqu'à aujourd'hui je n'avais pas compris ce que cette phrase voulait dire. Le grand Amour je l'avais déjà trouvé. Le grand Amour amical aussi. La passion vive pour la danse aussi...