Chapitre 28

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Après ça, Jonas s'est endormi dans mon dos. J'ai pu me retrouver seule au milieu de mes pensées, rassurée de le savoir au près de moi.

Je sais que les clés de ma cellule sont accrochées à sa ceinture. Je pourrais profiter de son sommeil pour les prendre et tenter de m'enfuir. Mais je préfère encore rester là, avec lui.

Et puis à quoi bon réussir à sortir de ma cellule ? Un groupe entier de soldats garde les portes des cachots.

Il faut me faire une raison, je ne m'échapperai jamais de ce palais.

Une fois l'aube arrivée, Jonas devra redevenir neutre comme s'il ne m'avait jamais connu. Il ne doit surtout pas prendre ma défense. Car contrairement à moi, il a toute la vie devant lui au sein de la milice. Je ne peux pas mettre sa vie en danger, il prend déjà bien assez de risque en enlevant mes menottes.

Demain au levé du jour, je serais seule et l'heure de la mort sera si proche que je pourrai en sentir l'odeur funeste.

Après ces sombres réflexions, j'ai doucement rejoins Jonas entre les bras de Morphée. Une douce somnolence m'a emportée vers des songes plus légers.

...

Le froid de la pierre dans mon dos. La faible lumière d'une torche à travers la lucarne de ma porte. L'humidité sale qui me colle à la peau. Tout me revient quand j'ouvre les yeux.

Jonas n'est plus là, je suis seule dans ma cellule. C'était peut-être la dernière fois que je le voyais...

Je n'ai aucune idée de l'heure qu'il est. Est-ce que l'aube est bientôt là ? J'entends du bruit dans les couloirs.

Je panique. Mes yeux parcourent la cellule avec effroi. Soudain je vois les menottes posées sur le sol. Je me jette dessus. Mon corps craque sous mes premiers mouvements, ankylosé à cause de ma position.

Je les passe autour de mes poignets sans les refermer. Ils doivent croire que je suis encore attachée, c'est ma seule chance.

Je m'assois en tailleur au milieu de ma cellule.

Ils arrivent.

Je reconnais le bruit de la clé qui tourne dans la serrure et la minute d'après, la porte s'ouvre sur deux jeunes hommes de la milice.

Je me lève, les mains jointes devant moi, montrant que je suis parfaitement docile.

Lorsqu'ils m'attrapent par les bras pour me pousser hors de la cellule, mon coeur commence à battre à cent à l'heure.
L'un des deux soldats prend mon épée, qui était accrochée sur le mur dans le couloir. Je prie pour qu'il l'accroche le long de ma hanche, mais au lieu de ça, il la garde dans les mains. Pendant ce temps, son compagnon me pousse sans ménagement dans les escaliers pour sortir des cachots.

Quand je débouche dans le couloir du palais, je découvre une énorme escorte de soldats royaux. Je tressaille. Ils m'entourent tous dans un peloton serré. Ici, aucune chance de fuir. Je commence à avoir des sueurs froides. Alors est-ce que tout va se finir aujourd'hui ?

On me bouscule vers l'avant, j'obéis sans rien ajouter, la tête baissée vers le sol. Peut être que Jonas est parmi eux...

Nous passons la grande porte du palais, qui débouche sur les jardins royaux. Il y a des des soldats postés partout pour l'occasion.

La lumière du jour perce ma rétine. Pour une fois, l'humidité a laissé place au soleil, contrastant avec l'habituelle température.

Mourir un jour de grand soleil.

Celui-ci commence à peine à monter dans le ciel, j'en conclus qu'il est encore très tôt. Quand nous sortons des jardins privés du roi, je suis surprise de découvrir des centaines de spectateurs dans les rues.

Mon exécution a dû faire du bruit et tout Arya semble vouloir y assister, les riches comme les pauvres. Il faut dire que le dernier pendu remonte à très longtemps. Et je ne veux pas être le prochain.

Face à moi, attend une sorte de diligence en métal faite pour transporter les prisonniers. Les deux chevaux qui la tirent sont recouverts de métal et font froid dans le dos.

J'avance à reculons. La peur parcourt mon échine dans un frisson. Je refuse de monter la dedans.

Des cavaliers encadrent celle-ci pour l'escorter jusqu'à la place publique. Alors qu'on me bouscule pour me faire avancer, je remarque enfin Jonas parmi les hommes de la milice. Il est tout prêt. Je me décale vers lui le plus vite possible.

Je dois me dépêcher avant qu'on m'écarte et qu'on me jette dans la diligence. Mes mains menottées s'agrippent à son bras et il se retourne avec un air surpris.

"- Jonas tu dois me promettre que quoi qu'il se passe tu n'agiras pas !"

Il bégaye, ne sachant que répondre. Les soldats commencent à me malmener, tentant de m'arracher à lui.

"- Promet le ! Quoi qu'il arrive ne me protèges pas, même si on me tue devant tes yeux ou que je tombe à genoux devant toi, promets que tu ne feras rien.

- je le promets, murmure-t-il avec les yeux humides"

Je le lâche, tandis qu'un soldat assez costaud attrape mon corps sans ménagement. Son visage est dur et sans appel. Au même moment un homme ouvre la porte en métal, et mon assaillant me jette à l'intérieur.

Mon corps s'écrase contre la paroi d'en face. J'étouffe un cri de douleur. Alors que je tente de me redresser tant bien que mal, un soldat monte avec moi. Je le reconnais tout de suite, c'est l'homme qui m'a tenu compagnie hier à mon réveil.

Avant que je n'ai eu le temps d'articuler le moindre mot, la porte claque dans son dos et se verrouille.
Le meneur cri un ordre d'une voix rauque, j'entends les rênes en cuir fouetter les croupes. Les chevaux s'élancent.

Âmes TranchantesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant