Chapitre 18

164 27 0
                                    

"- Tes résultats sont tout à fait satisfaisants. Conclue simplement le roi, en posant la feuille devant lui."

Je reprends ma respiration, laissant s'échapper un discret soupire, imperceptible.

"- J'accepte que tu rejoignes la Milice d'Arya, si tu es formé comme soldat grâce à l'entraînement tu dois maintenant recevoir la formation de milicien.

- Oui mon Roi. Répondis-je ne réalisant toujours pas.

Je sais que son verdict est tombé, c'est maintenant le cœur léger que je dois quitter cette salle d'audience. J'attrape mon arme, et la glisse dans son fourreau, tout en jetant un dernier regard en direction du roi. Je tourne les talons et quitte les lieux, les épaules droites et le regard maintenant assuré. Ma vie vient de prendre un tournant, je le sais bien. 

Alors que je sors de la salle, je n'ai pas une seconde pour respirer, car un homme m'interpelle sans perdre un instant. 

"- Jonas ? 

- C'est moi. Répondis-je en observant l'homme."

Il inscrit une note sur un carnet, avant de relever les yeux sur ma personne. Il porte l'uniforme de la milice et est plutôt petit avec des cheveux noirs très sombres. Il ne semble pas être un combattant, mais plutôt un homme en charge de la direction. 

"- Suivez-moi. Annonce-t-il sans plus d'explication."

Surpris je m'apprête à le questionner mais il ne m'en laisse pas le temps, faisant demi-tour pour partir en direction de la sortie. Je l'accompagne sans réfléchir. 

Nous quittons le palais et je le suis au petit trot pour le rattraper, tant son pas est énergique et martiale. En arrivant à sa hauteur, j'en profite enfin pour lui parler. 

"- Mais où allons nous ? 

- Au quartier générale de la milice. 

- Comment ? Mais ...

- Vous pourrez rejoindre votre famille ce soir, mais vous vous installerez dans nos quartiers dés demain et pourrez voir vos proches que lors de la permission du dimanche. M'explique-t-il."

Je reste silencieux et déglutis, absorbant toutes ces informations. Quand je lui annoncerai, Eraun risque de ne pas apprécier la nouvelle, il va falloir être convainquant. 

Je reste impuissant et continue de marcher sur les pas de mon guide. Mon attention est portée sur la ville autour de moi. Je ne suis jamais allé aussi loin dans la partie haute. Autant dire que je n'ai jamais vu non plus le quartier des soldats de la cité et que j'en trépigne d'impatience, oubliant tous mes autres soucis. 

Je lève les yeux vers le ciel où trône un soleil timide, aux zénith. Ma vie va changer maintenant, j'en suis sûr. 

"- Nous y sommes, annonce La voix de l'homme à mes côté."

Je baisse le menton pour regarder face à moi, délaissant les nuages. Une bâtisse immense et martiale se dresse devant nous. J'écarquille les yeux, impressionné.

( point de vue d'Eraun )

Une esquive. Un pas en arrière, puis deux. Ma concentration est à son paroxysme. Mon cœur bat fort à l'appel du combat. 

Mon adversaire se jette sur moi, me prenant au dépourvu. Je saute sur le côté, un temps trop tard. Une détonation métallique se fait entendre. La dague que je tenais dans la main gauche est projetée quelques mètres plus loin. 

Aujourd'hui, c'est le combat à deux dagues, et je suis presque heureuse d'être venue à l'entraînement car j'ai soif d'affrontement. 

Mon adversaire bande ses muscles avec un regard assuré. Un jeune homme brun de mon âge, avec un visage peu avantageux, mais qui lui donne des airs guerriers. Plus petit que Jonas, il reste tout de même bien bâti. 

Je serre les dents en voyant ma dague, hors d'atteinte. Tant pis, il m'en reste encore une, il faudra s'en contenter. 

Lorsqu'il se rue sur moi, je l'évite plus rapidement que lors de son premier assaut. J'envoie ma jambe contre ses tibias pour lui faire perdre l'équilibre. Il tombe sur le ventre, mais ne tarde pas à se retourner sur le dos pour tenter de se relever. Je ne lui en laisse pas le temps et saute sur lui comme un félin, le bloquant à terre. 

Je cloue sa main gauche contre le sol en l'attrapant par la poignet avec ma main libre. Il s'apprête à me repousser grâce à sa dague restante, mais je suis plus rapide, la mienne se fige contre son cou. Il s'immobilise, les yeux grands ouverts, vaincu. 

Je me relève sans un regard pour lui, secouant mes vêtements plein de poussière. Je pars ensuite récupérer ma dague, d'un pas calme et assuré. Mon adversaire est resté couché au sol, n'ayant pas le courage de se remettre debout. Je range mes lames le long de mes hanches et fixe le ciel, le soleil est monté au Zénith. L'entraînement est fini. 

Je pars, sans un adieu, sous le regard partagé de l'entraîneur. Je sens sa haine pour moi, mais je reste l'un de ses meilleurs éléments, ce qui a le don de l'énerver d'autant plus. Je quitte l'arène, heureuse que de faibles rayons de soleil viennent caresser ma peau. Cette journée est humide comme souvent dans cette cité, mais pas désagréablement. Mes vêtement collent à ma peau luisante, mais je n'y fais guère attention.

Je sais qu'au même moment Jonas termine son audience et ne sais quoi en penser. Au pire, il est banni. Au mieux, il entre dans la milice. Pour moi, ce serait comme choisir entre la peste et le choléra, mais pour lui c'est bien un rêve éveillé. 

Que va devenir nos vie maintenant ? Notre amitié ? mon futur ? 

Âmes TranchantesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant