Chapitre 33

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Le chant des oiseaux. La brise qui vient jouer dans les feuilles autour de moi. L'odeur du sang, la dureté de l'écorce. Le goût âcre, mais jouissif, de la liberté durement acquise.

J'ouvre les yeux en grimaçant. Où suis-je ?

Alors que j'esquive un mouvement, je manque de perdre l'équilibre. Je cris en me rattrapant de justesse à une branche.

J'ai le souffle court, mon coeur tambourine, et mon cerveau tourne à plein régime, à peine réveillé.

Bon dieu, je suis dans un arbre ! Il a ralenti la chute de mon corps grâce à ses branches bien denses.

Je me rapproche du tronc en remontant avec précaution le long branche.
Je m'appuie contre celui-ci en soupirant.

Et maintenant que je suis en vie, que faire ?

à cause de ma blessure, j'ai besoin de soin.Combien de temps survivrai-je dans cette forêt ?

Sans oublier les sans-âmes...

Je me prends la tête dans les mains. Ici, je suis livrée à moi-même.

Le ciel est gris au dessus de moi, à travers le feuillage.

Mon corps est tellement faible, que je me demande si j'arriverai déjà à descendre de cet arbre. J'aimerais rester assise ici pendant des heures, à fixer le ciel et les oiseaux qui se lancent dans des ballets époustouflants à travers les branches.

Mais attendre ici, ce n'est qu'attendre la mort. Je dois me battre encore.

D'après des rumeurs sur le monde extérieur, les monstres qui rôdent dans la forêt ne sortent que la nuit, alors il vaut mieux avancer tant que le jour me protège.

j'étouffe un cri de douleur dès mes premiers gestes, mon corps est au bout du rouleau. Je n'en peux plus.

Je me suspends tant bien que mal à la branche et commence à désescalader avec lenteur l'arbre immense.

J'arrive enfin à la dernière branche assez haute, je n'ai pas le choix il faut sauter. Mon corps tombe lourdement et roule sur le sol meuble et humide. Je me relève avec difficulté en titubant.

L'air est frais autour de moi, mais mes muscles sont brûlants. Je sens le sang suinter sur mon épaule. ma blessure s'aggrave d'heure en heure et je ne peux même pas la panser.
Je dois trouver un point d'eau pour la nettoyer ou elle risque de gravement s'infecter.

Je commence à marcher dans la direction inverse des murailles, vers l'inconnu. Mon pas et fébrile et mes gestes sont lents et fatigués, mais je gagne du terrain malgré tout.
Au pied des arbres, la végétation n'est pas étouffante, ce qui me permet d'avancer facilement.

Je vois des troncs à perte de vue, n'ayant plus aucun repère maintenant que les hauts murs ont disparu dans mon dos.

Il va falloir croire au destin, car je suis àdemi-morte, perdue dans un environnement hostile et plus seule que jamais.
Je respire de grande bouffées d'air pour empêcher la panique de monter en moi. Je ne dois surtout pas laisser le stress prendre le contrôle sur le reste.

Comme le disait le soldat qui m'a soutenu dans la diligence, rien ne sert de paniquer. Je dois rester lucide si je veux survivre.

Le calme règne autour de moi, je suis souvent accompagnée dans ma marche par des oiseaux qui frôlent ma tête avant de remonter vers les cieux. Le vent fait chanter les feuilles à la cime des arbres. Le jour, la Forêt parait si protectrice que j'ai l'impression que rien ne peux m'arriver. Mais je sens malheureusement que ce sentiment de quiétude ne va pas durer.

Mon corps est lourd, mais l'espoir me fait avancer. Chaque pas l'un après l'autre, je ne m'arrêterai que lorsque je tomberai à genoux.
Je ne ferai pas de pause, je mettrai un pied devant l'autre, encore et encore.

Mon estomac est serré, j'entends des gargouillis plaintifs s'en échapper. Depuis combien de temps n'ai-je pas manger ? La famine attaque mes muscles et ma gorge s'assèche. Tout geste devient de plus en plus dur, mais je continue à avancer malgré que mon corps m'abandonne peu à peu.

les tronc défilent lentement devant mes yeux. Je fixe les teintes vertes et marron, qui s'entendent à perte de vue.

Je me mets bientôt à trembler à cause de mes vêtements humides. Plus rien ne va. Mon souffle se perd, mes jambes se dérobent un peu plus à chaque pas, le froid et la douleur mordent ma peau, la faim me serre le ventre, la soif me brûle la gorge.

Alors que je peine à avancer, je sens mon corps mourir à petit feu.

Je pose une main sur le tron solide d'un arbre. L'écorce dure s'enfonce dans ma peau, mais je n'y fais pas attention, bien trop heureuse d'avoir un appuie qui soutienne mon corps. Combien de kilomètres ai-je seulement parcouru ? Où suis-je ? Combien d'heures me restent-t-il avant la nuit ?

alors que la malchance plane au dessus de moi, j'entends enfin un bruit de délivrance.

Mon souffle se coupe, je me concentre pour entendre ce son tellement faible. Un clapotis presque muet. Répétitif à la limite du silence. C'est tout prêt.

De l'eau. J'entends le chant plaintif d'une rivière.

Âmes TranchantesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant