Annabelle / Chapitre 15.

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Note :

Ceci est un chapitre un peu plus dur. Il suggère plus qu'il ne décrit mais ne soyez pas surpris.

############

-Je ne peux pas faire ça.

-Tu obéiras. Tu veux savoir où elle est. Si tu ne suis pas mes ordres, tu n'auras rien.

-Mais, c'est une petite fille !

-Et alors ? Pour moi, ce n'est qu'une monnaie d'échange. Son père va être en ligne dans cinq minutes et je veux qu'il la voie.

-Je ne le ferai pas ! Je ne peux pas !

Ces voix qui me parviennent, ce sont Noah et l'horrible Lyons.


Il me fait tellement peur. Avec son regard froid et cruel. Je ne sais pas ce que Noah doit faire, mais j'ai peur. Ils parlent de moi. Et papa ?
Je veux papa. Je veux rentrer à la maison.

Je m'agite sur le lit, je ne peux pas aller loin car je suis attachée avec une corde à un des montants. Je suis dans cette pièce depuis longtemps, je ne sais plus combien de jours. Presque une semaine, je crois. Il n'y a rien sauf un lit, une table, un pot de chambre dans un coin et une ampoule éteinte qui pend au bout d'un fil électrique.


Un filet de lumière, provenant des interstices dans le bois de la porte, amène un minimum de clarté. Je vois des ombres bouger et tomber sur l'escalier.
Ils sont sûrement dans la pièce au-dessus de moi. Je m'entoure les épaules de la simple couverture que j'ai eue. Elle coupe le froid humide qui me gèle. Je suis en robe de nuit et pieds nus depuis qu'ils sont venus me kidnapper à la maison. J'ai mal partout, j'ai peur. Je veux papa...

Un bruit de pas me fait reculer le plus loin possible dans le coin du mur. Je remonte les genoux en une vaine protection.

S'il vous plaît ... pas lui, pas lui...

Deux hommes entrent et sont suivis de Noah, qui traîne les pieds, le visage sombre. La lumière s'allume et m'aveugle.


Je me cache le visage derrière le rideau blond clair de mes cheveux. Je soupire. Il n'est pas revenu, il n'est pas là...

-Mais, merde, papa ! ... Qu'est-ce qui lui est arrivé ? Tu lui as fait quoi ?

Mon ami se rapproche et tend la main, mais je la fuis. Je ne veux pas qu'on me touche. J'ai trop peur. Je ne veux pas encore avoir mal. Comme un animal pris au piège, acculé dans un coin, j'attends le prochain coup.

-Ah, ça ! Fait Lyons en souriant. C'est Hoggan qui s'est amusé.

J'entends le nom de ce monstre, celui qui m'a fait mal. Je ne peux empêcher un gémissement de terreur s'échapper de ma gorge. Non, pitié ! Je ne veux pas qu'il revienne. Pas lui.

-Mais c'est horrible ! Comment tu peux laisser faire ça ? On ne frappe pas les enfants.

Noah s'agite, veut frapper son père, qui rit de sa remarque. Je ne savais pas que c'était son fils.

Il ne corrige pas son fils, ne lui dit pas la vérité. S'il n'avait fait que frapper. J'ai mal partout dans le corps. J'ai des bleus, je saigne. Le monstre est parti en disant qu'il reviendrait. Si mon ami avait prévenu papa, mais non, il m'a laissé dans le noir...et je... j'ai...

Je ferme les yeux pour ne plus voir, ne plus penser à cet homme. À ces grosses mains qui m'ont frappée, bousculée puis coincée contre le matelas. Quand il m'a forcé à me coucher sur le ventre et quand j'ai été à moitié étouffée dans la couverture par son poids. Je ne veux plus me souvenir comme j'ai eu mal.
Déchirée.
J'ai tiré sur mes liens mais il était trop fort. J'ai crié après papa, après Noah. Je voulais fuir mais je suis morte et il riait, riait. Son rire résonne encore à mes oreilles.



Du bruit me fait revenir à l'instant présent. Le deuxième homme s'est installé à la table et sort un ordinateur portable ainsi qu'une caméra de sa sacoche. Il est en costume, on dirait un employé de bureau. Il est là, tranquille, normal comme s'il était à son travail. Pas dans une cave où je suis prisonnière.

Noah se dispute toujours avec mon kidnappeur. Je ne comprends pas tout, juste qu'il est en colère et pas d'accord. Il fait de grands gestes, dit des gros mots. Il a l'air furieux. Il est blanc et tremble.

-Tu vas le faire, sinon, c'est Elle qui payera.

-Non, je ne peux pas faire de mal à Annabelle.

Lyons l'attrape par le cou, le plaque contre le mur, le frappe de son poing. Noah se débat mais il est trop petit. Pas assez musclé. Pas assez imposant. Le chef de la mafia s'approche, se collant à son corps et le dominant. Il lui dit calmement en le regardant droit dans les yeux :

-Si tu ne le fais pas, il Lui arrivera la même chose, je la traiterai de la même manière, elle subira tout ce que tu n'auras pas accompli. Tout, tu m'entends.

-Mais...

-Je me fous d'Ambre, elle ne m'est rien, ce n'est pas ma fille.

Chaque mot est suivi d'un coup sur le corps crispé par la douleur du jeune homme. Ses épaules retombent. On dirait qu'il est triste.

Que doit faire Noah ? Je ne sais pas mais il me regarde et j'en suis terrifiée. C'est de moi qu'ils parlent.

-Monsieur, le sénateur Russel en ligne dans trente secondes.

-Parfait Cobb, dit-il puis il ordonne à son fils :

-Tu le fais, tu es mon fils. Sois digne de moi.

On voit la haine dans le regard de l'adolescent.

-Je te hais.

-Tu m'as désobéi. Tu es venu lui parler. Tu crois que je l'ignorais ?

Il est en colère. Il a peur. Je me fais aussi petite que je peux. Je voudrais être invisible. Je ne respire plus, fermant très fort les yeux et attends. Des larmes silencieuses coulent sur mes joues crasseuses. Des mains m'attrapent et je crie de surprise. C'est Lyons. Il me tire au milieu de la pièce, sous la lumière. Juste devant la caméra.

Il se met derrière moi et me tient le bras droit tendu devant moi. La voix de papa résonne :

-Oui, je suis là.

-Monsieur Russel. Je représente Monsieur Lyons, il a décidé de vous donner une leçon. Comme vous n'avez pas obtempéré à ses demandes directement, il a décidé qu'une démonstration de ce qui arrive quand on le contrarie vous ferait réfléchir.

Cobb tourne la caméra vers nous. Papa crie.

-Non, Annabelle... Mon Dieu, que lui avez-vous fait ? Pitié, non, ne lui faites pas de mal. Je vous obéirai...

Sa voix est forte, il est épouvanté, il supplie. Je ne l'ai jamais entendu parler comme ça.

-Papa, papa... aide-moi.

-Je sais que vous signerez tout ce que je veux, Sénateur. Mais vous n'allez pas éviter ce que je vous réserve. Ceci est de votre faute. Vous n'aviez qu'à accepter sur-le-champ. Vous m'avez fait attendre et je déteste ça.

Il serre mon poignet si fort. Il va me le casser. Je ne sens plus mes doigts.


Je crie, hurle et implore. Noah arrive vers moi, la tête basse.

-Cinq, dit son père d'un ton sec.

-Non, c'est trop..., souffle-t-il l'air désespéré en secouant la tête.

-Cinq, et tu comptes. Sinon, je lui ferai pire.

Je ne comprends pas, à part que je vais sûrement encore souffrir. Lyons tend quelque chose à Noah, je ne vois pas bien. Papa hurle dans le micro.


Noah hésite, tend la main, la retire, regarde son père au-dessus de moi. Il se décide à le prendre.

Je vois enfin ce qu'il tient.

Un bras s'enroule autour de ma taille. Je me cabre, rue, donne des coups de pied. Je tords le bras qu'il retient captif. Et je supplie en pleurant.

-Noah, non, pas ça, ...pas ça ! Non. Ne me brûle pas. Non...

-Compte, ordonne le monstre qui me tient.

Et je sens sur mon bras pour la première fois cette horrible douleur.

-One.

-Noaaaah....



Five [Sous Contrat d'édition Hugo Poche. Sortie le 13 Juin 2019]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant