Five / Chapitre 20.

1.7K 170 7
                                    

Le « Paroxysm », se présente devant nous. Haut-lieu de l'empire Lyons. Perché à flanc de colline, dominant la ville, il comprend quatre étages. C'est le « place to be », où il faut être vu, être reconnu.

Restaurant et bar au premier, boîtes de nuit aux niveaux supérieurs. Le quatrième et dernier est le saint Graal. Il faut être riche pour y accéder. Avoir beaucoup d'argent et d'influence.

On y trouve des hommes politiques, d'affaires, des sportifs, des vedettes. Mais surtout des fils et filles à papa, qui puent l'arrogance, nés avec une cuillère en argent dans la bouche et voulant toujours plus. Avides de frissons et d'interdits. Ils fraient avec le milieu, pensant que l'influence familiale compte et leur donnera des passe-droits pour tous leurs caprices.


Drogues, putes, stripteases, paris. Tout y passe. Ils viennent aussi pour m'apercevoir et tenter une approche après un de mes combats.

Je me fais un plaisir de les envoyer chier.

Et de baiser leur femme. Ils apprécient moins, mais n'osent rien dire de peur de goûter à mes poings.


C'est l'endroit de tous les vices, tous les péchés que cette ville recèle. Le miroir d'une société pourrie et la vitrine commerciale de mon géniteur.

Dès notre sortie de la voiture, j'enroule mon bras autour de la taille d'Evy. Nous entrons dans l'immeuble sans que je ne lui laisse le temps d'admirer la déco. Je la veux près de moi et accessible à mon bon vouloir. Si elle a faim, elle aura à manger en haut. Une escorte vient nous mener vers les ascenseurs.

Nous nous engouffrons dans l'espace restreint qui nous mènera vers les sommets. Les deux hommes, entre gardes du corps et videurs, nous accompagnent. Aussi bien pour éviter les débordements de la part des « fans » que d'empêcher une fois de plus, que je ne mette le bordel dans l'établissement.

Ça me fait marrer de repenser à ma dernière visite. Ils ont dû racheter du mobilier après la bagarre que j'avais déclenchée. Toujours un plaisir de foutre mon paternel en rogne. Ils sont optimistes ou naïfs, s'ils croient que deux hommes seront suffisants pour me retenir.

Ils ont de la chance que mon objectif de la soirée ne soit pas proche de moi. Je les sens se détendre au fur et à mesure que l'on monte. Cet ascenseur est lent, un fait exprès pour attiser l'impatience des visiteurs. Ces gardes croient que je serai sage car je suis en bonne compagnie. Ils seront surpris quand je passerai à l'action.

Ma compagne se colle subitement à moi. Une de ses mains vient se perdre dans une poche arrière de mon jean. Je suis déçu qu'elle n'ait pas eu l'audace d'aller direct dans mon froc.


Ses yeux me capturent et s'agrandissent. Un sourcil se relève pour me faire passer un message.

-Oui, mon petit volcan ?

Elle tique sur le surnom que je lui ai choisi. Ma vengeance n'est, pour l'instant, pas bien méchante par rapport à ma frustration. Plus elle joue, plus je répliquerai.

-Fiiiiive, elle étire mon surnom en roucoulant littéralement.

Sa main libre vient se poser sur mon torse.

-Qui-a-t-il ?

-Tu ne m'as pas dit où tu m'emmenais.

-C'est une surprise.

-Je n'aime pas les surprises. Dis-moi, allez !

Elle se met à jouer avec un bouton de ma chemise. Les deux malabars se tendent et la reluquent ouvertement. Sa bouche fait la moue, ses cils papillonnent. Je me raidis.

Elle me fait le coup de la petite amie capricieuse. Et putain, qu'elle est bonne. Si je ne la connaissais pas, elle et son caractère sérieux et renfermé, je la prendrais pour une gamine à qui, on a toujours dit oui. Les gorilles semblent fascinés par sa petite robe à franges.

Ok, première manche. On va voir si elle reste crédible dans ce huis clos. S'ils avalent notre comédie, je croirais en nos chances de réussite pour la suite.

-Tu me donnes quoi en échange ?

-Pour savoir ?... Un baiser ?

Charmeuse, elle se met sur la pointe des pieds et enroule ses bras fins autour de mon cou. Mes mains prennent possession de ses fesses moulées dans le cuir et je lui mordille la lèvre inférieure. Je capte son regard et j'y vois la résolution de bien faire, être voilée par une émotion plus sensuelle.

-Allez petit volcan, montre-moi comme tu es chaude.

Elle lève les yeux au ciel, profitant de tourner le dos à nos intrus voyeurs. Je l'embrasse tout en essayant de rester concentré sur mon environnement. Evy se laisse porter par notre baiser et gémit.

Moi, je n'y arrive pas. Pas moyen avec ces deux-là qui nous matent sans vergogne. Ils m'emmerdent grave. Ils la dévorent des yeux comme si elle était un morceau de viande et leur respiration augmente. Excités par le spectacle. Je la tourne et la cache entre mon corps et la paroi. Mes mains remontent sur sa taille et frôlent le bas de sa poitrine.

Quand les portes coulissent enfin pour nous libérer, je me redresse et souris à une Evy hébétée par ses sensations. Elle en a oublié qu'elle jouait la comédie. Je foudroie les gars du regard.

Je la guide d'une main dans le creux de ses reins pour la faire sortir en premier. J'en profite pour grommeler entre mes dents aux débiles de service un avertissement :

-Vous pouvez regarder mais le premier qui la touche est mort, compris ?

Ils sursautent et détournent les yeux en bafouillant des excuses que je n'écoute pas.

-Oh..., fait ma belle en s'arrêtant net, subjuguée par la vue.

Il y a de quoi. Même moi, qui suis un habitué, j'ai toujours un choc en sortant de l'ascenseur. Cet étage est le plus beau. Le mieux décoré. Le plus riche en dorures, en cuir, en luxe.


Mais l'apothéose du Paroxysm, c'est la vue imprenable. Deux des façades ne sont faites que de verre. Elles se rejoignent en un angle aigu surplombant la ville.

La cité sous nos pieds brille de mille feux et semble parader juste pour notre plaisir.


Pour les chanceux qui ont assez d'argent à dépenser pour avoir le précieux sésame, c'est la porte ouverte sur le paradis ou plutôt sur le temple de la débauche. Une piscine trône devant les vitres et permet aux participants de se délasser un verre à la main. Des jacuzzis, des salons privatifs, très recherchés, s'éparpillent dans les coins sombres.


Des tables et des fauteuils sont placés aux endroits stratégiques pour pouvoir admirer les danseuses dans leur effeuillage. L'ambiance est lourde et sensuelle, les filles bougent avec des mouvements lents et gracieux, les serveuses offrent toutes les prestations possibles. Le champagne et l'alcool coulent à flots.

-Bienvenue au Paroxysm, Evy. Ici tous les fantasmes, désirs et... plaisirs te seront exaucés, je lui chuchote à l'oreille en l'enlaçant.

Je sens ses frissons et je resserre ma prise.

-Mon souhait ?

Son regard fait le tour de l'immense salle. Elle est impressionnée et le laisse paraître. Pour la foule, pour notre public. Que ces gens pensent qu'elle n'est qu'une bimbo, une paire de seins sans cervelle qui me laisse la sauter pour être connue.

-Je veux Cobb, tu le sais. C'est ça, que je souhaite.

J'enfonce les doigts dans la chair de sa hanche et la presse contre mon côté.

-Ne t'inquiète pas, chérie. Il est présent. Il est Toujours là.


Five [Sous Contrat d'édition Hugo Poche. Sortie le 13 Juin 2019]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant