Five [Sous Contrat d'édition Hugo Poche. Sortie le 13 Juin 2019]

Evy / Chapitre 24.

Pour la suite, j'ai besoin de solitude. Demain je devrais trouver un moyen de filer sans Five. Je doute de pouvoir réussir s'il reste près de moi. Je veux lui cacher cette partie. Cette facette sombre de moi. Il ne comprendra pas et essayera d'empêcher mes actions.

Le virus implanté ne s'activera que dans vingt-quatre heures. Le temps pour moi de me préparer. Au matin, je serais fixée sur ma volonté à continuer. Où je fais ce que j'ai prévu, avec toutes les conséquences. Où je recule et renonce définitivement. Et ça, c'est pour moi impossible.

Inimaginable.

Attendre dix ans et arrêter au dernier moment. JAMAIS !
Nous entrons dans mon appartement. Five me suit. J'ai dans l'idée qu'il ne serait pas contre de finir la nuit avec moi.

Il est encore persuadé que je finirais par céder et coucher avec lui. S'il savait que me retrouver juste à dormir avec lui, est plus que je n'ai jamais fait avec un autre homme. Sans le savoir, il a réussi un exploit. Je ne suis pas prête à aller plus loin. À abattre mes barrières et faire confiance.

Après ce que je vais faire, dans quelques heures, je ne pense pas qu'il me regardera encore de la même façon. Peut-être devrais-je profiter de ces derniers instants où il veut de moi. Un intermède doux, sensuel. Car, qui sait, si un jour je pourrais éprouver encore autant d'envie pour un autre homme. Je vais dans le coin cuisine, ouvre le frigo et sort les deux dernières bières qu'il me reste.

-Tu as soif ?

-Oui, merci.

Il me prend une bouteille des mains, envahissant mon espace personnel par la même occasion. Me surplombant, il penche la tête de côté, un son sourire canaille sur les lèvres. Amusé par ses propres pensées. Je prends une gorgée à même le goulot. Je suis bien trop consciente de sa présence, près de moi.

Son pouce vient essuyer ma lèvre inférieure. Son regard vert s'assombrit ainsi que son expression.

-J'ai envie de toi. Tu le sais.

Son désir brut, exprimé si clairement, me coupe le souffle.

-Oui.

-Mais... avant toute chose, je voudrais connaître tes intentions.

-Pourquoi ? Ce n'est pas le deal entre nous. Tu m'aides, je mets des bâtons dans les roues de Lyons. Tout le monde est heureux. Pourquoi changer les conditions ? Rien ne disait que je doive t'expliquer mes actes.

Il fronce les sourcils.

-Qu'as-tu fait sur cet ordinateur.

-Oh... je vois. Tu es curieux.

Je me détourne mais il me stoppe en accrochant mon coude. Je me détache de lui, ses doigts étant bien trop proches de mes tatouages.

-Je te dirais tout, mais demain après-midi.

-Pourquoi attendre ?

-Parce que je suis fatiguée ? Que j'ai envie de me détendre ? Que je suis une femme et que j'ai envie de te contrarier ?

Il se marre, passe ses mains sur son crâne et revient vers moi.

-Tu veux te reposer.

Sa voix a pris ce timbre bas et rauque que je commence à reconnaître. Il est souvent suivi d'une approche plus tactile de sa part.

-Oui, je te dirais ce que tu veux mais plus tard. En échange, il me faudrait le numéro personnel de Cobb. C'est bien une chose que je n'ai pas réussi à me procurer. Une dure journée s'annonce. Il me faut du sommeil.

J'insiste sur le dernier mot, malgré le fait que sache pertinemment qu'il va l'ignorer.

-Alors, vas te doucher. Tu dormiras mieux après.

Je lui souris et me dirige vers la salle de bain. J'arrive à la porte quand je le surprends à me suivre. Il ne se gêne pas.

-Que crois-tu faire là ?

-Je viens te frotter le dos et peut-être qu'un massage te tenterait ?

-Tu ne perds jamais une occasion, n'est-ce pas.

Je lui réponds d'un air indifférent. Pourtant, l'angoisse est là, elle revient. Une boule se forme dans mon ventre et remonte oppresser ma respiration. J'aimerais tellement pouvoir profiter un instant, me faire plaisir. Ressentir encore ces sensations que lui seul peut me donner. Si je pouvais, ne serait-ce qu'une fois, libérer mon corps et mon esprit.

Me soigner, me défaire de ces images, souvenirs fantômes qui reviennent aux plus mauvais moments. Je ne dois pas rater cette chance. Connaissant mes plans à venir, je suis convaincue que Five ne voudra plus me toucher bientôt. Je dois sauter le pas, le laisser prendre l'initiative et me séduire. Faire le premier pas m'est difficile.

Je retire mes talons et remarque son regard. Une épaule contre le chambranle, les bras croisés, comme pour se retenir de me toucher. Je me retourne et lui jette un œil par-dessus la mienne.

-Tu peux m'aider, ... à ouvrir ma robe ?

  *****

Il grogne sur cette excuse bidon. Puis soudain, il est là. Contre mon dos, son doigt parcourant ma colonne vertébrale de haut en bas, puis inversement. Il trouve l'attache, cachée dans un repli, pose son autre main sur ma nuque. Il attrape mes cheveux, les caresse, les rassemble, les soulève. Il glisse le nez le long de mon cou, respire mon parfum à même la peau.

-Hmm... Ton odeur. Si tu savais tout ce que je fantasme rien que d'y penser.

Son souffle m'arrache un frisson. Je m'oblige à garder les yeux ouverts, de peur de revoir d'autres yeux, d'autres mains surgir de ma mémoire et se superposer à la réalité. Je croise son regard brûlant de désir dans le miroir. Il surveille mes réactions.

Il m'embrasse derrière l'oreille et me mordille le lobe tout en descendant la fermeture éclair. Le bruit est couvert par mon gémissement d'anticipation. Je vacille et je trouve une ancre en posant mes mains sur la vasque de l'évier. Le froid contraste avec ma peau en ébullition.

Il se recule d'un espace minuscule pour permettre à sa main de se glisser sous le tissu et le repousser. Une épaule puis l'autre se découvre. Mon haut se défait et tombe sur mes hanches. Mes bras se retrouvent emprisonnés dans les manches. Il se fige un instant, le regard perdu dans mon décolleté découvert de façon impudique. Je sens une chaleur recouvrir la surface de ma poitrine. Je rougis.

Une de ses mains vient se loger à plat sur mon ventre, l'autre derrière vient contourner mes côtes et prendre un de mes seins en coupe. Il force mes hanches à s'appuyer contre le meuble et son membre durci se loge dans le bas de mes reins.

Je ne peux pas lâcher des yeux la vision qui se déroule face à moi. Comme si je regardais deux étrangers, dans le reflet du miroir.

Elle, si pâle, se laissant doucement aller au plaisir.

Lui, grand et viril, carré et un peu brut, sombre dans son désir non voilé.

Je ne me reconnais pas. Une tiédeur bienfaisante embrume mon esprit. J'ai enfin l'opportunité de connaître ce que d'autres vivent chaque jour. Sa bouche mordille, lèche pour apaiser ces infimes blessures puis dépose quelques suçons. Sa main malaxe et taquine le bourgeon dur, qui pointe fièrement au sommet de mon globe. Le deuxième me tiraille, jaloux de l'attention portée à son jumeau.

Five se balance en douceur mais avec fermeté contre mes fesses. La main sur mon ventre aide à me garder collée à lui. Empêchant tout autre mouvement que ceux voulu par lui.

-Tu vas payer pour toutes les frustrations que j'ai subies.

-Hmm.

-Tu n'imagines pas le nombre de fois que je me suis branlé sous la douche en pensant à toi.