Five [Sous Contrat d'édition Hugo Poche. Sortie le 13 Juin 2019]

Evy / Chapitre 26.

Je me redresse et le fixe. Me lèche les lèvres et attends qu'il relâche sa prise et reprenne sa position.

Five lève les bras lentement en souriant. Les muscles bandés de ses biceps, l'eau ruisselant sur son crâne et roulant sur toute la surface de son corps, se perdant dans les creux et sillons de ses abdos, le rendent irrésistible.

Je me sens oppressée.

Le ventre en ébullition, des picotements dans le bout des doigts et les seins lourds, pleins d'une pesanteur sensuelle, qui me tirent vers lui. Je respire par à-coups, mon esprit se vide et j'approche de son sexe. Je le dirige vers ma bouche, sors la langue et taquine l'extrémité si lisse. D'une douceur surprenante, contrastant avec la vigueur qui le pousse vers moi.

Ses hanches entament un mouvement de balancier pour m'inciter à le prendre plus loin, plus profond. Je le laisse me guider. Son goût salé me ravit. Je suis surprise d'aimer autant.

Il se retient frémissant, gémissant, il veut me toucher. Il craque et me prend dans ses bras pour me relever.

-Je ne peux pas continuer, tu es...

Je me recule, me détourne. Il entoure mon buste et promène ses mains sur mes seins. Me mord à la jonction entre l'épaule et la gorge.

Je sursaute.

Les prémisses de la panique se font sentir. Je dois me dégager.

Je me retourne et lui fait face, plaquant mon dos à la paroi embuée. Le froid me rend un peu de lucidité.

Une main contre son cœur qui bat à toute allure, je le repousse. Attrapant ses poignets, je les remonte dans la position qu'il vient de quitter.

-Non, si tu recommences, j'arrête. Définitivement. Tiens-toi, reste sans bouger. Et apprécie le moment.

J'ai réussi à endiguer les souvenirs. Soulagée, je laisse les sensations m'envahir et permets à mon désir de s'exprimer. Je recommence des caresses langoureuses qui le feront devenir fou. Je veux le faire monter, atteindre les cimes du plaisir, le forcer à rester sur le haut de cette vague le plus longtemps possible. Et quand il sera malade de désir et de passion, je lui permettrais de jouir.

Mes caresses me donnent chaud, m'entraînent toujours plus loin. Les vibrations de mes gémissements autour de lui, mes doigts enfoncés, dans sa jambe et dans sa fesse, m'ancrent dans la réalité. Je frémis, le lèche, le suce.

Il atteint le point de non-retour, se laisse aller au plaisir sans fard. Il se recule et attrape ma main. Il la place sur son sexe, maintient le contact et augmente de plus en plus la cadence.

Ses iris se confondent avec le noir de la pupille. Un muscle tressaille sur sa joue gauche. La bouche ouverte, cherchant un souffle libérateur, il donne le rythme, pressant mes doigts sous les siens.

Puis soudain, il cède. Il tremble, se tord et se contracte. Son grand corps penché sur moi, il libère son plaisir. Sur ma poitrine et nos mains entrelacées.

Un son en continu résonne à mes oreilles, provenant de ma gorge. Je gémis, sans le vouloir. Je pourrais avoir un orgasme à le contempler dans son extase. Il se détend et m'enlace doucement. Ses mains alanguies et lascives se baladant de-ci de-là sans chercher à être explicitement sexuelles.

Non, juste de la reconnaissance et de la douceur.

Mon cœur pulse.

J'ai envie.

Je dois me libérer, autoriser ce désir qui envahit mes veines, assouvir mes fantasmes. Le feu qui me brûle me fait mal. Réduisant en cendres les restes de ma conscience.

La main de Five se perd au sud, caresse un mollet, remonte jouer avec la peau sensible derrière le genou. La pulpe un peu rugueuse de ses doigts accroche et irrite. Pour chaque toucher, un nerf se réveille et envoie des signaux affolés vers mon cœur mais aussi vers ma féminité. Il a retrouvé son esprit carnassier. La chasse est à nouveau ouverte.

Il appréhende chacune de mes réactions, chaque tressaillement pour adapter son geste. Il apprend les chemins de mon corps comme une carte pour arriver au trésor. Quand il atteint la fournaise entre mes jambes, l'humidité qu'il y trouve n'est en rien due à l'eau qui nous recouvre toujours. Non, tout est de sa faute, sa responsabilité. Il en est bien conscient.

Son sourire de voyou le prouve. Il lui suffit d'effleurer, de suivre délicatement les pétales de mon sexe pour que je m'ouvre comme une fleur au printemps.

Cette fois pas d'hésitation, pas de suppliques, pas de promesses qui tiennent. Il ne me laissera pas me défiler.

-Evy, regarde-moi.

J'ouvre les yeux que j'ignorais avoir clos. La vision de son visage près du mien me coupe le souffle.

-Je ne ferais rien de plus, ok. Tu peux me faire confiance.

Avant que je puisse lui demander des précisions. Avant de pouvoir formuler même une seule pensée cohérente, il me pénètre d'un doigt. Je me redresse et inhale fortement.

Je l'agrippe, il glisse et ressort. Revient et repart. Encore et encore. Ce que je pensais être l'apogée du plaisir n'est rien en comparaison de la sensation, de ce qu'il me fait en ce moment.

Un second s'ajoute. Je resserre les jambes mais sa présence entre elles empêche tout rejet de ma part. Cette intrusion me surprend, je me sens envahie.

Pas de douleur, pas de peur. Non.

J'aime ce que je ressens. Grâce à lui, encore une fois, le passé s'éloigne.

Je divague, je crie et pleure. Il arrive à titiller mon bouton dans le même temps. Les sensations sont décuplées.

Il me touche à des endroits qui non connu personne, pas même moi. Je retrouve les sensations qu'il m'avait offert sur son lit à la puissance dix. Je suis submergée par elles. L'attente du plaisir me tend, je le redoute et le réclame.

-Fiiiive...

Je me tétanise, plus rien n'a d'importance sauf la boule de feu qui se répand, les vagues qui me malmènent et me rejettent sur cette plage de plaisir. Mes nerfs sont électrifiés. Ma peau se tend, mon cœur bat à se briser. Il observe ma reddition. Son souffle tombe sur mon visage me donne envie.

Envie de lui, de sa bouche et de tout ce qu'il peut encore me donner avant demain. Car demain ce sera fini, il ne me regardera plus ainsi, comme si j'étais belle. Je l'embrasse et lui prend tout. Son oxygène, sa passion, le rêve que cela puisse durer l'éternité.

Quand je reviens à la réalité, je suis sans force, vidée. Les bienfaits de ce plaisir tout nouveau et inconnu me laisse telle une poupée de chiffon. À genoux, dans le creux de son étreinte, le front contre le cœur de Five. Les bras lourds, une torpeur douce me prend et m'entoure.

Le parfum de mon savon parvient jusqu'à ma conscience. Un massage doux détend mon dos douloureux. Il me savonne et me toilette. Un câlin post-orgasmique. Une première pour moi.

-Allez, au lit maintenant, me chuchote-t-il, tendre et détendu.