Demi-Dieu et écureuil volant

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Kéa émergea lentement de son sommeil forcé, perturbée par quelque chose qui lui caressait doucement la hanche.

Elle fronça les sourcils et ouvrit les paupières pour être aveugler par la lumière blanche.

Où était-elle ?

La sensation étrange sur la hanche était de plus en plus pressante.

Ses yeux bleus nuits naviguèrent aussi rapidement que possible vers toutes les sources possibles de potentiel danger.

Cependant, Elle ne vit rien que le vide. Elle avait encore dû rêver.

Alors elle se rendormie, se laissant aller à la brise dangereusement froide qui lui caressait les hanches d'une façon singulière, presque amicale, comme pour la rassurer.

Kéa secoua négligemment la tête sur son oreiller, chassant aussitôt ses pensées toutes plus absurdes les unes que les autres.

Le sommeil lui était lourd, pesant, étouffant. Ses draps de flanelle et de plumes semblaient lui former un cocon qui l'a protégerait du monde des Dieux. Une carapace solide contre les intempéries, un bouclier fragile contre cet odieux univers.

Une barrière infranchissable entre elle et ce monde divin auquel elle n'appartiendrait jamais.

Son esprit embrumé lui semblait être un boulet qu'elle traînait, une enclume qui entravait sa réflexion.

Une chaîne à sa chère liberté.

Personne dans ce monde injuste, ne semblait entendre que la liberté était ce qu'elle chérissait plus que sa propre vie. Plus que ses propres valeurs.

Elle tuerait pour sa liberté.

Personne ne semblait se rendre compte que l'on enfermait pas des gens pour leur bons plaisirs. Que l'on ne les tuait pas, juste dans l'unique but de se divertir.
Personne ne semblait se rendre compte, quels étaient les impacts de ces aventures sur un esprit torturé dès qu'il osait s'assoupir.

Non.

Personne ne semblait écouter les murmures, les plaintes, les râles interminables d'agonie de son humanité.

Les hurlements de détresse de son cœur déchiré.

Pourtant, ils n'étaient pas anodins ces cris. Ils n'étaient pas inaudibles ces appels. Ils existaient bien quelque part, dans ces recoins obscurs.

Et ceux de Kéa étaient l'écho du désespoir, de la ferveur que quelqu'un puisse tout juste comprendre un minuscule fragment de ces pensées.

Chaque repos qu'elle prenait, chaque seconde où elle s'assoupissait, c'était le commencement d'un nouveau combat contre soi-même.

Le plus terrible des combats.

Éliminer un être, et les problèmes liés à celui-ci disparaîtront avec lui. Bâillonner les fauteurs de trouble et vous n'aurez plus de problème.

Mais bâillonner sa conscience, enchaîner ses désirs les plus enfouis à des pierres, étaient une perpétuelle lutte contre sa nature. Car l'unique instant où l'on ne surveillera plus ses pulsions, l'unique moment où l'on lâchera un peu de bride à sa capacité, alors la faille ouverte ne pourra plus jamais se refermer. Un point de chute, d'achoppement qui ne cessera de croître et d'anéantir tous les efforts passés en une traînée difforme de cendres.

Le sommeil était l'arme la plus destructrice, la plus-à-même de détruire, fragment par fragment, petit bout par petit bout, un être normalement constitué.
Le sommeil était l'arme de tous les malins, les conspirateurs.
Maîtriser le sommeil et vous maîtriserez le plus droit et dur des psychés.

2 H. A.K - Empire Of Game-Où les histoires vivent. Découvrez maintenant