2 H. A.K - Empire Of Game-

Vendre le rêve, vendre Hermès

Le Dieu regardait avec une envie certaine, la silhouette comme figée devant l'orée du bois.
Elle semblait perdue dans ses pensées et fixait l'horizon avec une ardeur, qui lui paressait presque hypnotique.

Hermès aurait voulu savoir ce qui fascinait tant celle qui ne pouvait tenir en place plus que quelques instants.

Fugaces.

Primaires.

Il se prenait, lui aussi, pour une rare fois de son existence, à cesser toute activité et seulement apprécier.
Dans le silence le plus complet.
La sérénité.

Cependant, ce qu'Il ne percevait pas dans ce songe étrange, c'était la minuscule brise.

L'imperceptible courant d'air.

Celui-là même venant d'une enfant, cachée dans l'ombre d'un sapin.
Ses yeux, reflets de l'infini, semblaient se perdre sur cette ombre qui scrutaient sans le moindre scrupule Ikanaē, la dame aux nénuphars, comme elle aimait l'appeler dans sa langue.

D'où pouvait bien venir cette créature, pensait-elle, hésitant entre curiosité dévorante et une sagesse qui paraissait malsaine pour son âge.

Parce que le savoir à un coût.

Tout ce que l'on sait, est d'expérience.

Et beaucoup ici, se demandait qu'était bien Meredith. Cette enfant qui en connaissait plus que tout le monde. Cette enfant qui fouillait les profondeurs de l'âme.
Et surtout pourquoi était-elle ici ?

Dans le refuge des harcelés des Dieux.

Le lieu, où tous, sans aucune exception, avait souffert d'une façon particulière de la perversité de ces derniers.

Brûlés vifs.

Écartelés.

Torturés en tous genres.

Et surtout, probablement la pire de tous : l'Humiliation.

Qui savait, ce qu'avait vécu La princesse des Nénuphars, pour vouloir créer cet endroit, il y'a des centaines d'années de cela...

Si, à cet instant précis, l'on avait voulu le savoir, Il aurait suffi de se plonger dans le regard douloureux de Serena qui regardait Kaeko et Kéa.

Alors, l'on aurait compris que les Jeux n'avaient pas de limites.

On aurait pu y voir une jeune fille se débattre contre ces hommes.
Nue comme au premier jour.
Être attachée de force. Par les cheveux, à la queue du cheval encore sauvage.

On aurait pu voir la souffrance dans ces yeux cafés.

Entendre ces cris de détresse, ses incessantes plaintes.

Que seulement quelqu'un la sauve, que quelqu'un daigne l'aider à supporter toute cette douleur.

Mais si on regardait bien dans ces yeux, les yeux de la princesse des Nénuphars, Ikanaē, l'on aurait su que personne n'était venu.

Personne ne l'avait délivrée.

Mais toute personne constituée se soustrayerait immédiatement devant ce regard rempli  de tant de souffrance, alors nous ne chercherons pas à connaître l'étendue plus profonde de sa douleur.

Ce qui était passé était révolu.

Et Serena, s'était remise mieux que quiconque de ces terribles événements.

Reprenons donc le fil de la scène.

Kæko et Kéa enlacés, étaient couvés par Serena, qui Elle-même, l'était par le Dieu des voleurs, qui était lui-même était détaillé par Meredith.