2 H. A.K - Empire Of Game-

Tu me tiens, je te tiens par la barbichette...

Kéa était dans un état frénétique.
Jamais elle n'avait eut cette impression si démesurée de passer pour une demeurée.
Et pourtant.
Pour rien au monde elle n'arrêterait ce qu'elle était en train de faire.

Non mais et puis quoi encore, peignez-moi PIGEON sur mon front avec de l'huile d'olive, se dit-elle avec rage

En face d'elle, Serena semblait se retenir de rire aux éclats. Tout la faisait rire. C'était incroyable.
En train de crever qu'elle rirait toujours.

Elle n'était pas le moins du monde inquiète de son sort. Elle trouvait ça juste drôle.
Kaeko, lui, boudait dans son coin. Parce que Serena avait osé lui demander de pendre par les pieds un Dieu. Le Dieu des cons qui plus est.
Et qu'il l'avait fait, le sourire aux lèvres mais qu'il ne s'attendait pas à ce que ça se retourne contre lui.

En effet, Serena voulant équilibrer les choses, avait cru drôle de le pendre à son tour par les pieds à l'aide de lianes de nénuphars.

Un joyeux capharnaüm.
Enfin.
Façon de parler.

Revenons à Kéa.

Celle-ci s'activait à finir son merveilleux bûcher quand elle se rendit compte de quelque chose.
On lui tapotait l'épaule.

Si c'était encore un de ces abrutis de demi-boucs, elle allait en faire des brochettes.

Elle grogna donc de mécontentement tout en se tournant vers l'innoportun.

Cependant Elle ne vit qu'une surface cuirassée, noire comme la poudre. Elle leva son regard plus haut.

Finalement la surface possédait un visage aussi.

Ça puait tout ça.

Kéa écarquilla les yeux quand elle se rendit compte que c'était le même bouffon de Dieu que les dernières fois.

«Mais qu'est-ce que tu fous ici ?!» s'écria t'elle

Il venait déranger tout ses préparatifs !
Ah non alors !

Mais étrangement la créature en face d'elle ne répondit pas.

Elle s'arrêta de faire les cent pas et releva la tête dans sa direction. Comme frappée.

Bien qu'elle le trouvait affreusement chiant à chaque fois qu'il ouvrait la bouche, Kéa devait bien lui reconnaître qu'il avait du répondant.

Hadès lui avait toujours parler. Répondu.
Voire trop mais soit, répondu quand même.

Cependant Elle reprit vite ses esprits, ce n'était pas son problème si il était devenu muet...

Mais quand elle allait repartir chercher des branches, elle fit demi-tour pour le scruter de haut en bas. De bas en haut.

«T'as une sale gueule tu sais»

Aucune réaction.
Kéa haussa un sourcil. Mécontente. Quelque chose la gênait.
Elle fronça le nez.

«C'est toi qui pues comme ça ?»

Parce que, Elle, devait l'avouer, ça empestait bien le chacal crevé par ici.
Mais face au silence qu'il lui adressait, elle haussa les épaules.

Où en était-elle maintenant ?

Ah oui ! Le feu !

Elle se mit à sourire de toutes ses dents, profondément heureuse d'aller faire cramer cette foutue sorcière.

Mais tandis qu'elle sautillait sur place,  la réalité vint la frapper de plein fouet : elle n'avait pas de feu.

Serena explosa d'un rire cristallin comme si elle attendait ça depuis le début. Elle était hilare.

Kéa, elle, devint soudainement dépitée.
Elle s'assit par terre, les jambes croisées entre elles. Les coudes sur les genoux, les paumes contre ses joues.
Elle boudait.

Cependant, tandis que la jeune Serena riait toujours aux éclats, Hadès, toujours derrière Kéa s'approcha d'elle.
C'était un pas étrange. Comme téléguidé par on-ne-sait-quoi.

On aurait dit un automate.

Puis, brusquement il se retrouva agenouillé aux côtés de la blonde.
Cette dernière sentit sa présence à ses côtés. Elle leva donc sa tête, lasse.

Deux puits sans fonds la scrutaient.

Kéa se sentit, étrangement bien dans ses profondeurs de l'abîme. Comme si tout disparaissait.

Et puis brusquement, Hadès leva la main vers son visage.
Elle recula vivement.
Cependant, son poing s'était arrêté pile devant son visage. Visage neutre, expression inexistante. Ni plus ni moins.

Et puis il ouvrit doucement ses doigts.

Au creux de sa main, reposait un minuscule bout de bois.

Une allumette.

Et un sourire vint lui effleurer le coin des lèvres.