CHAPITRE 7

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Après le départ de James, Ada avait passé la majeure partie du temps assise sur le sofa à se demander comment elle allait faire ? Même si elle n'avait aucun homme dans sa vie, comment elle allait expliquer à Mary la présence de cet homme chez elle, et qui de surcroît était son mari. Jamais cette dernière ne croirait à cette histoire que James avait mise en place. Être la maîtresses d'un homme tel que lui, l'épouser après tout juste un mois de relation, et vivre avec lui ? Jamais son amie n'avalerait des couleuvres aussi grosses.
Ada n'était pas du genre spontané, et ça Mary le savait.

Le temps passait et Ada ne bougeait pas de son canapé. Elle ne cessait d'ouvrir et de refermer l'écrin que lui avait remis James d'un air pensif et distrait. Porter cette bague la pousserait à expliquer à Mary d'où elle provenait, et ne pas la porter la mettrait dans une situation également délicate.

Ada avait l'impression que sa maison ne lui appartenait plus, et il en était de même pour sa vie. En un clin d'œil elle était sans le savoir passée du Nord au Sud. De célibataire endurcie à femme mariée à un inconnu aussi sublime que dangereux.

Les ouvriers dont lui avait parlé James arrivèrent quelques heures après lui pour agrandir comme il l'avait dit, l'embrasure de la porte d'entrée ainsi que celle de sa chambre à lui, et de toutes les autres portes, y compris la sienne. Et Ada ne savait que penser de ça. Pourquoi agrandissaient-ils la porte de sa chambre à elle. Il n'était pas question qu'il y mette les pieds.

Au terme de leurs travaux, ces derniers repartirent comme ils étaient arrivés, c'est à dire sans un mot ou un regard pour elle. C'est quand son téléphone se mit à sonner qu'elle sortit de son état de choc.

- Allô ? fit-elle d’une voix que la nervosité rendait étranglée.

- Bonsoir ma cocotte. Ça te dirait une soirée cinéma doublée d'une soirée pyjama ce soir ? On va faire la fête comme des folles toute la nuit.

La voix de Mary était enjouée comme d'habitude. Il y'a quelques jours elle aurait sans doute dit oui sans réfléchir, mais maintenant, la situation avait bien évolué. Beaucoup trop même à son goût.

- Ça ne me pose aucun problème, par contre on devra faire ça chez toi.

- Pourquoi ? Tu sais bien que ta maison est légèrement éloignée de la ville, ce qui nous permettra de ne pas être dérangées, ni de déranger qui que ce soit. En plus chez moi, mon colocataire n'est pas un grand fan de nos moments entre filles.

- Il s'y fera. Je viens de faire des petits travaux à la maison et on n’aura pas suffisamment de place. La maison est en vrac, et mes meubles sont sans dessus dessous.

Ada parlait d'une voix pressée, et nerveuse.

- Tu es certaine que tu vas bien ?

- Oui oui, je suis juste un peu fatiguée. Donc laisse-moi quelques petites heures pour me préparer et j'arrive.
Elle mit fin hâtivement à son coup de téléphone et elle vit que le soleil déclinait. Il allait bientôt faire nuit, et elle n'avait pas manger depuis ce matin.

Ada quitta son canapé, et se dirigea vers sa cuisine qui lui servait en même temps de salle à manger, et ouvrit le réfrigérateur. Elle voulut prendre une des boîtes de conserve, quand elle se rappela qu'elle avait dorénavant un invité, qu'elle avait affamée soit dit en passant.

Si ça ne tenait qu'à elle, elle réchaufferait la boîte de cassoulet qu'elle avait en main et ça aurait fait l'affaire. Mais pour lui ? Que mange un homme de sa carrure, pas de la salade en tout cas. Et maintenant qu'elle y pensait, comment et avec quoi allait-elle le nourrir ? Son maigre salaire de caissière en boulangerie couvrait à peine les factures. Et heureusement pour elle que sa maisonnette était un héritage de ses grands-parents.

Ada jeta un dernier regard dans son réfrigérateur et se décida à aller faire des courses pour lui acheter de quoi faire un vrai repas.

Elle récupéra son sac à main, en vérifiant le montant contenu dans son porte-monnaie, avant de s'en aller. Sur le pas de la porte elle hésita à le prévenir de son absence, et après quelques secondes à tergiverser sur la bonne décision à prendre, elle décida finalement de partir sans un mot, en laissant les chiens à la maison.

Quarante-cinq minutes plus tard, elle déposa son sac de course sur la table de la cuisine et sorti la pomme de terre, les haricots verts, et la viande de volaille plus une entrecôte de bœuf. Elle rangea les trois quarts du poulet, et l'entrecôte pour les autres jours, et cuisina le reste. Avec minutie, elle prépara son repas, puis son assiette, et déposa le tout sur un plateau avec une petite bouteille d'eau. Elle porta le tout pour aller lui donner. Quand elle arriva à l'entrée du couloir, elle s'immobilisa en ne sachant plus quoi faire. Et s’il avait des allergies, ou qu'il n'aimait pas ce qu’elle lui avait fait ?

Elle se donna du courage mentalement, et se posta devant sa porte. Après une dernière inspiration profonde elle toqua timidement, puis attendit. Ada posa son oreille contre la porte, et n'entendit aucun bruit ou son.

Peut-être dormait-il ?

Elle se décida alors de tourner la poignée.

Quand elle poussa légèrement sur la porte, un coup de feu retentit, et une balle fusa à travers la porte. La balle passa si près de son visage qu'elle sentit sa chaleur irradier légèrement sa joue. Complètement terrorisée, Ada ne put dire un mot, ou laisser échapper un cri. Ses muscles tétanisés par la peur l'empêchèrent de bouger, même son plateau ne s'était pas renversé. Alertés par le bruit sec du pistolet, les chiens accoururent et se mirent à aboyer bruyamment en direction de la porte. Des larmes silencieuses ruisselèrent le long des pommettes d'Ada qui n'en revenait toujours pas.

- Je t'interdis formellement de jamais mettre un pied dans cette chambre. Siffla Nathanaël d'une voix aussi dur et tranchante que l'acier. Et demande à tes clébards de la fermer si tu ne veux pas que je m'en charge pour de bon.

Cette voix rêche, remit en route son cerveau. Elle regarda le trou qu'avait fait le projectile dans la porte, et tourna la tête pour voir le deuxième trou qui avait été fait dans le mur derrière elle. Elle déposa alors le plateau sur le pas de la porte sans prendre le temps de la refermer entièrement, puis tourna les talons en claquant fébrilement des doigts pour rappeler les chiens.

Sans prendre la peine de s'arrêter, elle récupéra sa veste et quitta en silence la maison, pendant que ses amis canins continuaient de garder les poils hérissés, et les crocs sortis.














À L'ombre D'un RegardOù les histoires vivent. Découvrez maintenant