À L'ombre D'un Regard

CHAPITRE 12

En arrivant chez elle plus tard dans la nuit, après avoir fait quelques heures supplémentaires de dernière minute à la boulangerie, elle vit d'abord un SUV noir, avant de remarquer la présence de James sur le pas de sa porte à l'attendre son téléphone en main.

- Qu'est-ce que vous faites ici ? Demanda-t-elle d’une voix froide en regardant autour d'elle.
Il se redressa, rangea l’appareil dans la poche de son pantalon, avant de lui sourire amusé.

- Ah, vous voilà enfin. Ça fait près d'une heure que je patiente. J'aurais bien voulu entrer vous attendre bien au chaud à l'intérieur, mais vos animaux de compagnie m'en refusent ardemment l'accès.

- Que voulez-vous ? réitéra-t-elle fermement sans quitter James du regard, chose qui lui fit plaisir. Il aimait avoir affaire aux femmes qui ne se refermait pas immédiatement dans leurs coquilles à chaque fois qu’elles le voyaient, et l’innocence, ajoutée à la douce légèreté de cette farouche bout de femme, était un souffle nouveau pour lui, surtout dans un monde comme le sien.

- On ne va quand même pas discuter ici ? Fit-il alors d’un ton badin en s'écartant pour qu'Ada puisse atteindre la porte. Elle l’ouvrit en sentant son regard sur elle. Ses chiens grognèrent à la vue de James, mais elle les calma d'un mot.

- Que voulez-vous ?

- Offrez moi au moins un verre d'eau. Où mettez-vous les règles de bienséance mon chou ?

Elle souffla d'agacement face à ce surnom horrible dont il l'avait affabulé depuis leur première rencontre, et alla chercher une bouteille qu'elle lui tendit non sans lui montrer sa mine renfrognée.

- Que voulez-vous ? répéta-t-elle une fois encore d’une voix sifflante.

- Le voir. Répondit James comme si elle ne comptait pas vraiment dans l’équation, en se dirigeant vers la chambre de Nathanaël, avant que le chien en permanence posté devant cette pièce ne l'arrête.

- Voulez-vous rappeler votre animal avant que ma générosité à leur égard ne tarisse ?

Ada s’avança vers lui en le regardant méchamment dans son costume tiré à quatre épingles, rappela son chien, puis l’interpella avant qu'il ne passe la porte.

- Quand est-ce que l'enquête prend fin ?

- Très bientôt Ada. Très bientôt.

La jeune femme attendit la sortie de James, pour s'entretenir avec lui sur son avenir, mais ce dernier semblait vouloir rester dans cette chambre pour toujours. Elle alla donc se mettre aux fourneaux pour passer le temps, et éviter ainsi de penser à tout ce qu'ils pouvaient bien être en train de se dire là-dedans sur elle. La tête dans les nuages, elle ne fit pas attention à la présence de James dans son dos.

- Ada ? Appela brusquement James.

- Merde, ça ne se fait pas de faire peur de la sorte aux gens. Le gronda-t-elle en se tenant la poitrine. Irritée, elle diminua l'intensité du feu, et se retourna pour lui faire face.

- Ce soir il vous faudra lui administrer un massage. Ordonna-t-il comme s’il parlait à la femme de chambre.

- Non. Je tiens beaucoup trop à la vie pour faire une telle bêtise. Rétorqua presqu’aussi immédiatement Ada en se retourna pour remuer son repas, tout en priant pour que la discussion s’arrête là.

- Je viens de lui parler, et je suis presque certain qu'il ne vous fera rien.

Cette phrase attira son attention, et elle lui fit de nouveau face en s’essuyant distraitement les mains sur son torchon, afin de cacher les tremblements qu’elle ressentait juste en s’imaginant ouvrir la porte qui la protégeait de lui.