CHAPITRE 20

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- Où vas-tu ?

Ada leva les yeux au ciel avant de rabattre la porte qu'elle venait d'ouvrir. Elle laissa le temps s'écouler pendant une poignée de secondes puis, elle se retourna pour lui faire face.

- Je vais travailler. À savoir si tu sais encore ce que c'est. Souffla-t-elle pour elle-même. Et tu n'as pas à t'inquiéter pour ton repas de midi, comme d'habitude il est déjà prêt et se trouve dans le réfrigérateur. Et maintenant que je sais que tu sais utiliser le micro-onde, tu n'auras donc qu'à le réchauffer plus tard.

- Et tu as pris tout le nécessaire pour cette sortie ?

- Oui menti Ada d'une voix basse, en sachant à quoi il faisait référence. Mais Nathanaël avait suffisamment d’expérience pour savoir si quelqu’un mentait ou pas, cela qu’il soit aveugle ou pas.

- Tu ne quitteras pas cette maison tant que tu ne l'auras pas sur toi.

- Et comment comptes tu m'empêcher de sortir ? Le demanda-t-elle d'une voix provoquante. Allez dîtes-moi, comment comptez-vous réussir cet exploit Monsieur Asimov ?

Elle marcha lentement jusqu'à lui. Les mains sur les hanches, elle lui lançait un regard mauvais que Nathanaël ne pouvait voir à son plus grand regret à elle.

- Ne me tente pas femme ! La menaça t'il sombrement en faisant un pas vers elle, tandis qu'elle reculait d'un pas.

La gorge subitement sèche, Ada clignant frénétiquement des yeux en ne sachant comment interpréter les choses que continuaient d'éveillaient cette voix en elle. Avec maladresse, elle se cogna le genou contre sa table basse lorsqu'elle passa à côté de lui pour retourner dans sa chambre récupérer ce qu'elle avait fait semblant d'oublier sous une pile de vêtements dans son armoire. Elle n'aimait pas les armes à feu, et en avoir une sur elle la rendait plus nerveuse qu'autre chose. En repassant à nouveau devant lui, Ada se demandait ce qui pouvait l'empêcher de sortir cette arme et de vider son contenu sur lui ? Après tout, vu la nature de son caractère, elle n'aurait qu'à dire à la police qu'il avait essayé de la tuer, chose qui n'était pas totalement faux. Et elle n'était pas à un mensonge près.

Pendant qu'elle fixait son profil à la pommette parfaite, sa main glissa dangereusement dans son sac. Ses doigts reposants sur le revêtement glacé du pistolet, Ada était à deux doigts de le faire sortir quand Nathanaël frappa brusquement sur le sol avec sa canne en bois. Il écouta, puis se retourna, et posa ses yeux bleus pile sur elle. Ada avait la sensation qu'il pouvait la voir, et qu'il attendait juste pour savoir jusqu'où elle pourrait aller. Déstabiliser par ce regard qui la perçaient de toutes parts, Ada ressorti doucement sa main, laissant ainsi l'objet chaudement calé au fond du sac, puis se saisit de la poignée de la porte.

- C'est bon. J'y vais. Murmura-t-elle d'une faible voix qui reflétait le trouble intérieur dont elle souffrait présentement.

Conduire pour aller, et revenir de son travail était maintenant les deux seuls plaisirs qu'avait Ada. Depuis son agression, Nathanaël ne la laissait plus mettre pied dehors si ce n'est pour aller au travail, et cela sous certaines strictes conditions. Elle devait être rentré avant dix-neuf heures, et constamment avoir son arme sur elle. Et chaque matin comme c'était le cas depuis au moins d'une semaine, elle avait droit à la même question avant de partir :« As-tu tout prit ? » Et elle ne pouvait y couper. Mais conduire son nouveau bébé arrivait à l'apaiser chaque matin avant qu'elle n'arrive au travail, et chaque soir avant qu'elle n'entre retrouver le comportement froid de Nathanaël. Cette voiture était silencieuse, souple, tellement douce avec néanmoins une certaine dose d'agressivité. Et cette nouvelle acquisition n'était pas passée inaperçue dans cette ville où parler des autres étaient le feuilleton que personne ne pouvait rater.

À L'ombre D'un RegardOù les histoires vivent. Découvrez maintenant