À L'ombre D'un Regard

CHAPITRE 23

Une heure plus tard, les cheveux lissés, bouclés et relâchés pour qu’ils encadrent parfaitement son beau visage, la robe bustier en satin bleu roi, et des escarpins de la même couleur enfilées, Ada prit une pochette où elle n'aurait rien à ranger, en plus d’un manteau pour se protéger du froid mortel de Moscow, et partie à sa recherche dans la pièce voisine.

Ce fut l'odeur du doux parfum qu'elle portait qui attira en premier lieu son attention, puis il y eut le calme qui s'était soudainement installé dans la pièce, qui lui fit savoir qu'elle était là, prête. Les trois hommes avec qui Nathanaël s'entretenait ne lui répondaient plus. Il avait perdu leur attention, attention qui était maintenant redirigée vers Ada dont les joues rosissaient légèrement. Elle referma derrière elle la porte de la chambre, et avança d’un pas dans le salon de la luxueuse suite. Son regard se posa avec ravissement sur le somptueux smoking noir, dont le tissu était étiré au niveau de son buste par la proéminence de la charpente musculaire du Shadow. Elle le trouvait sombrement magnifique, ainsi habillé tout en noir des pieds à la tête avec pour toute couleur le bleu perçant de ses pupilles.

Sombre, dangereux, sexy, mais scandaleusement tentant et excitant. Pensa la jeune femme en essayant de faire taire les picotements qui titillaient la chaire aux creux de son intimité.

Elle le regardait avec un désir non feint, tout en se demandant si la tenue qu’elle avait choisie lui aurait fait plaisir, elle avait envie qu’il la voit, qu’il lui dise qu’elle était jolie, qu’il gonfle son assurance en elle, car seul l’opinion d’Asimov semblait avoir du poids à ses yeux. Mais ça, elle ne l’entendrait pas, elle était sublime cela était un fait indéniable, et l'homme à qui elle était mariée ne la voyait pas, sinon tout comme ses hommes, il se serait tût pour admirer cette superbe jeune femme qui semblait tout droit sortie d'un rêve. S'il l'avait vu, il aurait remarqué comment le bustier recouvert de pierres précieuses, suivait tout en mettant en valeur ses courbes, et lui faisait un décolleté, et une croupe à en damner un saint. Il saurait aussi que les bijoux en diamants et en saphirs bleus qui ornaient sa robe, sa belle gorge dégagée, et son poignet, la rendait aussi scintillante que les étoiles dans le ciel. Et surtout s'il la voyait, il aurait vu que les yeux d'Ada le couvaient comme aucune autre femme ne l'avait jamais fait. Cependant, toutes ces choses, Nathanaël le voyait d'une autre manière, et il préféra néanmoins mettre dans une boîte tous ces signaux que même un aveugle remarquerait les yeux fermés.

- On y va. Lâcha-t-il sur un ton froid.

Lorsqu'on poussa la porte sur cette soirée privée qui regroupait à peine une trentaine de personnes dont les trois quarts étaient des femmes, Ada qui marchait aux côtés de Nathanaël en eut le souffle coupé comme à chaque fois.

À quel monde appartenait-il pour que le luxe, et le danger soit aussi présent ?

« A l’univers impitoyable de l’import-export » se moqua la petite voix dans sa tête en lui rappelant le mensonge qu’elle avait sortie à Mary.

Elle fit un subtil raclement de gorge pour la faire taire, avant de regarder ce sombre nouveau monde, où elle ne cessait de s’enfoncer encore un peu plus à chaque moment passer avec lui.

Tout était placé, et tous étaient habillés pour montrer aux autres leurs richesses. Les hommes leurs verres en main, à la démarche nonchalante dans leurs smokings noirs, avec à leurs côtés les plus beaux spécimens de féminité vêtus des robes venant tout droit des podiums des plus grandes maisons, et parés des bijoux les plus chers, discutaient calmement, les lèvres de temps en temps étirées dans un sourire. Et en dépit de ce concours de dents blanches, tous aussi faux que l'étaient la plupart des seins de cette gente féminine, on percevait une certaine tension dans l'air. Ada avait l'impression d'être dans une de ses scènes de films où il y'avait un regroupement des gangsters les plus puissants du monde. Et elle n'était pas loin du compte. Les garde-corps placés un peu partout, leurs oreillettes dissimulées derrières l’oreille, à regarder d’un œil inquisiteur et suspicieux toute personne passant un peu trop près de ces personnes de mauvaise vie, lui donnait des sueurs froides.