CHAPITRE 21

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Les yeux humides, mais les joues sèches de tous liquides lacrymales, Ada était restée stoïque, le dos droit et le regard dans le vide. Elle ne regardait où ils allaient, ni ne pensait à rien. Son esprit était complètement vide. De temps en temps Nathanaël portait son regard aveugle sur elle. Il pouvait sentir son mauvais état émotionnel, mais il ne savait quoi faire. Être confronté à quelqu'un qui voulait le tuer ça il connaissait, c'était son quotidien. Mais parler à une femme, même si cette dernière avait tuée pour lui, ça il ne savait pas faire.

Devait-il lui dire merci ?

Non. Ce n'est pas moi.

Devait-il dire quelque chose pour juste parler ?

Non plus.

Assis tel les deux étrangers qu'ils étaient l'un pour l'autre, ils écoutèrent le silence. Il n'aimait pas la savoir aussi tranquille et muette. Pas après ce qui s'est passé. Mais il ne savait comment percer la petite bulle dans laquelle elle s'était réfugiée depuis qu'elle avait appris pour la mort de ses chiens. Il était entré dans sa vie, et il y avait foutu comme d'habitude la pagaille. Quand la voiture stationna devant son immense manoir aux lumières éteintes, ce fut lui le premier à descendre. Il ne fit pas attention à Ada. Connaissant cette maison comme nulle autre, il alluma dans le hall, et fonça directement dans son bureau. La porte refermer dans un grand coup sec, il entendit un de ses hommes se poster à l'entrée.

C'est ailleurs qu'ils auraient dû être, et rien de tout ça ne serait arrivé.
Remplie d'une rage féroce, il balança tout ce qui se trouvait sur son bureau, documents, lampes, et envoya même la lourde table contre la porte. Sa colère grimpait de plusieurs niveaux en pensant que des gens étaient rentrés chez lui et qu'il avait failli tuer Ada, sa femme. Quel genre d'homme pouvait-il être s’il n'était pas capable de protéger la personne avec qui il vivait. Pendant son altercation, il espérait secrètement chaque seconde qui passait, qu'il puisse en finir avec ses assaillants avant qu'Ada ne rentre, mais là aussi il avait échoué. Lamentablement même. C'était de sa faute si elle avait perdu ses animaux qu'elle considérait plus que tel. Si ces animaux ne l’avaient pas défendu ils ne seraient pas morts, et leur maîtresse ne serait pas si blessée. Encore lui et toujours lui, l’éternel fautif du malheur d’autrui, l’ombre de la mort, comme d'habitude.
Dans un grognement animal, Nathanaël se saisit de la grande chaise qui était sienne, la balança contre le mur en brisant par la même occasion les carafes de Whisky et de bourbon qui s'y trouvaient. La force de sa fureur arrivait à rendre abstraite la douleur lancinante qu'il ressentait au niveau de son bras, et il balançait tout ce qu'il trouvait. La peur par laquelle il était passée alimentait constamment sa fureur meurtrière.
Pendant qu’il s’acharnait à tout détruire dans cette pièce où il avait passé d’incalculables heures, Ada et James l'écoutaient depuis derrière la porte, se défouler tel un ouragan dans un verre d'eau, mais personne n'était assez stupide pour taper à cette porte qui vibrait de temps en temps. Les minutes passaient, et adossé contre le mur, tous attendaient qu'il soit moins en colère, et moins enclin à tuer avant d'entrer le voir. Une heure après leur arrivée, les bruits dans le bureau de Nathanaël se turent enfin, c'est alors que James se leva, lança un regard à Ada, et aux autres hommes présent, puis poussa la porte en hésitant.

Tout était noir, et la porte bloquée par un des objets que Nathanaël avait lancés dessus ne s'ouvrait qu'à moitié. Se frayant une petite entrée, James pénétra dans la pièce d'où on ne voyait rien. Par habitude, il referma derrière lui et se tint juste devant sans bouger, et sans faire des bruits inutiles, préférant ainsi laisser au Shadow l’initiative de parler.
James ne voyait pas le loup blanc blessé, mais il pouvait sentir sa fureur noire le fouetter en permanence. Personne ne savait à quoi l'enfer ressemblait, mais il est certain qu’il ne pouvait pas y faire plus chaud qu'ici.

À L'ombre D'un RegardOù les histoires vivent. Découvrez maintenant