CHAPITRE 33

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C'est la mine renfrognée que Nathanaël referma la porte après Ada, plus tard la nuit suivante. Le diner avait été un véritable fiasco ! Personne n'avait parlé, l'ambiance mi-figue mi-raisin, avait été très lourde à supporter, et même maintenant qu'il se retrouvait seul avec elle, l'ombre du dîner planait toujours sur eux.

- Tu veux bien m'aider ? Demanda doucement Ada en se retournant pour qu'il puisse abaisser la fermeture éclair de sa belle robe de soirée Roberto Cavalli.

Quand il eût terminé, elle leva le pas en direction de la penderie.

- Ada ?

La jeune métisse se retourna vers lui, en tenant sa robe par la poitrine. Il voulait lui présenter ses excuses, mais ces mots ne sortaient pas facilement avec lui. Après plus de deux décennies passées sans les prononcer régulièrement, il n’était plus habitué à le faire. Mais quand Ada regarda ses traits, elle comprit.

- Ne t'en fais pas. Ce n'était qu'un premier dîner. On fera mieux la prochaine fois. Lui dit-elle dans un sourire.

- Mieux ? Tu crois ça ? Demanda-t-il d’une voix sombre.

- Nathanaël, il y'a encore un mois et demie il était impossible de nous réunir tous les deux autour d'une table sans que l'un ne veuille tuer l'autre. Tu m'as menacé à plusieurs reprises de mort, et moi je t'ai tiré dessus avec ton propre pistolet et ça, jusqu'à ce que le chargeur de l’arme soit vide. Donc crois-moi, quand je te dis qu'on ne pourrait faire pire, et que tout n'irait qu'en s'améliorant.
Elle lui arracha un sourire vrai.

Ada se détourna de lui, avant de s'arrêter pour faire de nouveau face à Nathanaël.

- Tu sais que tu peux tout me dire et me demander n'est-ce-pas ?

- Oui, je sais. Répondit-il d’une voix basse sans hésiter.

Elle revint vers lui, et le regarda quelques temps avant de se décider à parler.

- Toi et moi on n'a jamais appris à parler, mise à part bien sûr toutes les fois où on se criait dessus, on se contentait de vivre comme si l’autre n’existait pas. Il faut qu'on y remédie.

- Comment ? s’enquit-il les mains dans les poches.

- En se parlant tout simplement.

- Et qu'est-ce qu'on pourrait bien se dire ?

- Tout et rien. Tu pourrais me parler du voisin de bureau qui te casse les oreilles, de ton patron que tu as constamment envie de trucider, et de mon côté je pourrais toujours te parler de la voisine qui ne m'a pas complimenté sur ma nouvelle coiffure, ou bien de cette nouvelle série télé avec l'acteur aux fesses d'enfer.

- C'est moi le patron que tous veulent trucider, et je n'ai pas de voisin de bureau qui puisse vivre suffisamment longtemps pour pouvoir me casser les oreilles.

- On t'en trouvera pour meubler nos conversations quand tu ne voudras pas réellement me parler de ta journée, ou quand tu auras envie de te taire. Le contrat-elle les yeux pétillants de malice.

Le ton badin qu'elle utilisait amusa beaucoup Nathanaël qui ne s'en cacha pas en riant.

- Tu n'es pas croyable.

Elle sourit flattée à chaque fois d’être celle qui réussissait à le faire rire, avant de prendre une voix plus sérieuse.

- Je suis prête à devenir celle qu'il te faut Nathanaël.

- Tu es déjà celle qu'il me faut...
Ada rosit de ce compliment sans quitter Nathanaël du regard.

- Dans ce cas dis-moi un truc.

À L'ombre D'un RegardOù les histoires vivent. Découvrez maintenant