CHAPITRE 31

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Le bout tissu en satin bleu serré entre ses doigts, Nathanaël ne pouvait s'empêcher de repenser à la nuit qu'il venait de passer. Rien ne s'était passé comme il l'avait prévu, non, tout avait été meilleure.

Allongée contre lui, la poitrine reposante sur la sienne, Ada dormait du sommeil des justes, sous son œil protecteur. Il y'a trois jours encore, son égo l'obligeait à souffrir en silence, et il y'a à peine quelques heures, il ne reconnaissait pas cet homme qui avouait ses sentiments à une femme. Il avait cru qu'il deviendrait faible, mais il n'en était rien, avoir Ada dans ses bras lui donnait l'impression d'être l'homme le plus fort de la terre. Il avait l'impression que sa vie venait enfin de prendre un sens. Le monde dans lequel il vivait avant elle, s'apparentait dorénavant à un désordre comparativement à aujourd'hui.

" Avoir quelque chose à perdre c'est ce qui donne un sens à la vie "

Ces mots que son père lui avait toujours répétés, Nathanaël ne les avaient jamais acceptés, mais à cet instant, tout ce qu'il croyait savoir sonnait comme faux. Il ne connaissait que la colère, et avec Ada il avait connu la pureté d'un sentiment doux et apaisant. Il avait toujours été certain que personne ne pouvait vraiment être heureux, que l'univers était rempli d'hypocrites qui faisaient semblant d'aimer une vie, ou une personne qu'ils détestaient en réalité, et maintenant il entrevoyait la petite lueur de bonheur dont il avait entendu parler, et pour rien au monde il ne renoncerait à ce qu'Ada lui avait fait connaître. L'ange à la peau colorée, coucher contre lui, les jambes entrelacées dans les siennes sur ses draps blancs recouvrant ce corps qui l’appartenait, et qui n’avait voulu connaitre d’autres hommes si ce n’est lui, était la seule chose qu'il craignait de perdre, et elle était également celle qui donnait un sens à sa vie. C'était le seul lampadaire qui n'avait jamais éclairé sa route, et sous sa lumière il se sentait vivre, exister. Dans aucun cas, il ne se voyait sans elle, et il savait qu'il irait même jusqu'à donner sa vie, et toutes les vies nécessaires pour ne jamais la perdre.

Rien qu'y penser, attisait à la fois en lui, une peur, et une fureur sans nom.
Instinctivement, il posa ses lèvres sur le haut du crâne d'Ada en inspirant l'odeur dont il l'avait marquée. À contrecœur, il quitta le lit en veillant à remonter les draps sur elle, et alla prendre une douche avant d'aller dans son bureau où James l'attendait.

Quand il y entra, ce dernier se retourna vers lui en sondant son visage comme s’il voulait y lire quelque chose, mais Nathanaël ne lui en laissa pas le temps.

- Il paraîtrait que le petit rayon de soleil soit revenu. Lui dit-il en faisant allusion à Ada.

Mais Nathanaël ne lui répondit pas. Une chose était de se confier à Ada sur ses émotions, et une autre était de faire pareil avec James. Certes en plus de partager en un sens le même ADN, entre eux, il existait également une de ces amitiés qui ne se créait qu'une fois en une vie, il était toutefois hors de question d'avoir une discussion fleurs bleues avec James, la nuit dernière avec Ada avait été suffisante pour toute une vie. Il se contenta donc de récupérer le lot de documents que James lui avait envoyé sans un mot, et se mit sur son trône.

- Où est-ce que vous en êtes tous les deux ?

- La réponse à cette question ne te concerne pas. Fit Nathanaël sans lever les yeux des documents comptables.

- Si. Tout ce qui te concerne de près ou de loin, me concerne également. Je dois savoir si on pourrait un jour utiliser cette femme pour faire pression sur toi, ou s’il s'agit tout simplement d'un coup d'un soir qui n’a aucune espèce d’importance pour toi.

- Ne parle pas de ma femme sur ce ton. Déclara Nathanaël d'une voix dangereusement lente, et une très vive lueur assassine dans le regard.
James eu un petit rictus satisfait, non pas seulement parce qu'il venait d'apprendre que les choses étaient devenus plus sérieuses, mais aussi parce qu'avec une autre personne à protéger, il savait qu'il aurait en plus une excellente raison de tuer. Il était très heureux que celui qui était plus qu'un frère porte dans son regard cette nouvelle flamme que même leur profonde amitié n'avait jamais réussi à attiser, et si en plus la source de cette flamme était une raison pour permettre à l'animal qu'il était de continuer à tuer, alors il en était doublement satisfait.

À L'ombre D'un RegardOù les histoires vivent. Découvrez maintenant