▪ Chapitre XVI ▪

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Kiiara - Wishlist 🎵 

Barcelone, 6 mars 2017  

Accoudée à mon balcon, je regardais le soleil se couchait, rasant la belle ville espagnole. Je me sentais vide, sans vie, mes émotions et mes sentiments étaient tous embrouillés. J'avais envie de pleurer, casser, taper. Je voulais faire ma crise après avoir fait semblant durant la fin de l'après-midi. Hurley nous avez rejoint sur le terrain, en même temps que cinquante autres personnes travaillant pour la CIA. Mon mentor nous avait félicités pour une fois, et je savais que j'aurais dû en profiter, imprégner ses paroles dans ma mémoire mais je n'avais pas la tête à cela, je l'avais écouté sans vraiment l'écouter, perdue dans mes pensées et mes souvenirs. Je passai en boucle la dernière image d'Amanda dans ma tête. Durant le trajet du retour, j'avais remarquai les longs regards que me lançait Mitch sans aucune discrétion. Il ne cherchait d'ailleurs pas à l'être. Peut-être était-ce puérile mais je l'avais ignoré royalement. 

Arrivée à l'hôtel, je m'étais enfermée dans ma chambre et n'avais pas bougé du balcon. Mes yeux me piquaient mais ce n'était pas à cause des larmes que je n'arrivais pas à faire couler, non, c'était la faute à la torture que je m'infligeai, gardant les yeux le plus longtemps ouverts. Je ne voulais pas les fermer, je voulais regarder le soleil disparaître, laissant sa place à la lune, je voulais me sentir vivante. Lorsqu'un frisson me parcourut, je me rendis compte que la nuit était tombée. J'entrai alors dans ma chambre, fermant la baie vitrée. Je ne perdis pas de temps pour aller me réfugier dans la salle de bain, sous l'eau chaude. Je me laissai glisser contre le mur, ramenant mes genoux contre ma poitrine nue, frissonnant alors que l'eau me coulant dessus devait approchée les trente cinq degrés. Je ne voulais pas y penser mais son image vint s'imposer dans ma tête. Celle de mon coéquipier. Il savait à quel je désirais me venger pourtant il l'avait tuée. J'essayai de me concentrer sur ce souvenir et non pas celui du regard qu'il m'avait lancée. J'avais passé trop de temps avec pour savoir qu'il était quelqu'un ne montrant que très peu ses émotions et la désolation était bien la dernière. 

Secouant la tête pour chasser ses pensées dont je ne voulais la réponse, je m'enroulai dans une serviette, séchant mes cheveux d'une autre. Je terminais d'enfiler un débardeur et un jogging lorsqu'on tapa à ma porte. Je fronçai les sourcils et allai ouvrir, les cheveux encore mouillés de ma longue douche. Je déglutis et mon visage se ferma à la vue du brun.

- Mitch, déclarai-je, distante.

- Mila..., soupira t-il. Je peux au moins t'expliquer ce qu'il s'est passé ?

Détournant le regard un instant en pinçant mes lèvres, je m'écartai finalement, fermant la porte derrière lui. Il fit quelques pas et se retourna finalement vers moi, posté au milieu de la pièce. Son regard me fuyait, cherchant soigneusement les mots qu'il allait utiliser. Si un jour on m'avait dit que j'allais avoir l'exclusivité de découvrir un Mitch hésitant, j'aurais sans doute ris.

- Si j'avais pu la maintenir en vie jusqu'à ce que tu arrives, je l'aurais fait Mila, je te le promets.

- Mais tu l'as quand même tuée, répliquai-je.

- J'y étais contraint ! S'exclama t-il. Elle allait me tuer si je ne le faisais pas avant !

Il me regarda longuement, calmant sa voix, et passa sa langue sur ses lèvres en baissant ses bras qu'il avait levé. Je lâchai un bref rire jaune, m'approchant de lui.

- Vraiment ? Un assassin comme toi n'avait pas le choix ?

- Il faut croire qu'elle était assez douée pour ne pas laisser le choix aux gens, répondit-il sans me quitter des yeux.

Le souffle court, je pointai un doigt accusateur en sa direction.

- Je n'en crois pas un mot.

- Pense ce que tu veux, je dis la vérité. Je ne te mentais pas lorsque je t'ai dit que moi aussi j'ai vécu ça, ils ont abattu le terroriste qui a tué ma petite amie. Je te comprends Mila...

Sa phrase resta en suspend, j'arrivai presque à attendre la suite : "... Plus que n'importe qui." Je continuai de le fixer, mes yeux verts plongés dans les siens, noisettes. Je sentis sa main bouger et durant un court instant, elle effleura la mienne. Je tentai d'occulter les battements de mon cœur s'étant considérablement accélérés. Nos regards étaient ancrés l'un dans l'autre, mes lèvres étaient entrouvertes, de même que les siennes, laissant nos souffles se mélanger tant nous étions proches. Il fut le premier à rompre notre contact visuel pour poser ses yeux sur mes lèvres. Je frémis et le regarda encore un peu avant de baisser les yeux qui vinrent, comme pour lui, se poser sur ses lèvres. Malgré notre hésitation, je sentais que l'atmosphère dans la pièce n'était plus la même que lorsque Mitch était entré. Nous avions envie de nous embrasser, aucun doute dessus, mais quelque chose d'inexplicable nous en empêchait. Alors, plutôt que de briser ce moment brusquement, mon coéquipier recula sa tête, touchant ma main volontairement.

- Bonne nuit, murmura t-il d'une voix douce jusqu'alors, inconnue.

Sa main chercha mes doigts dans un moment de flottement puis il quitta la pièce. Je ne me retournai pas car si je l'avais fait, je doute que je l'aurais laissé partir. Ma respiration était encore courte en pensant à ce qu'il venait de se passer. Que s'était-il réellement passé d'ailleurs ? Nous avions failli nous embrasser et ce qu'il y avait eu à ce moment-là n'avait pas été que physique. Il y avait autre chose, quelque chose qui nous faisait peur à tous les deux si l'on en croyait notre hésitation.

Comment allions nous faire demain ? Agir comme si ce moment entre nous n'avait jamais existé ? Je soupirai et me laissai tomber sur mon lit, fatiguée par cette journée épuisante et cette fin de soirée inattendue. Mes yeux se fermèrent de même, me plongeant dans un sommeil agité qui me réveilla quelques heures plus tard. Je me retournai alors, à la recherche d'une nouvelle position pour dormir, mais n'en trouvai aucune agréable. Je me levai et enfilai une veste, allant une fois de plus m'accouder sur le balcon. A mon plus grand étonnement, Mitch se trouvait sur le sien, à ma droite. Je pinçai mes lèvres, ne sachant plus vraiment comment me comporter avec lui. Normalement, j'aurais fait comme si de rien n'était, mais pas avec lui, pas alors que j'avais envie de revivre un moment comme celui dans la soirée.

Il tourna la tête vers moi et son expression fut plus douce qu'auparavant même si il n'arborait aucun sourire. J'aurais pu profiter de ce moment pour apprécier la vue que m'offrait Mitch torse nu mais, même si j'en mourais d'envie, je n'arrivai pas à décrocher mon regard du sien et mes doutes sur la relation qu'on entretenait disparurent. Nous fîmes ce que l'on faisait le mieux, communiquer en silence.

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Now Or Never - Mitch Rapp [American Assassin]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant