Persécutés

Partie 8 : Doux rapprochement

Allongée dans son lit, un mouchoir écrasé dans la paume de sa main, elle écoutait les branches bouger dehors au gré du vent et frotter contre sa vitre. Du couloir, elle perçut les pas de Dennis qui rejoignait sa chambre après avoir entendu Harry partir.

Le trio d'or ! Le trio d'or ! Tu parles d'un trio, se lamenta-t-elle.

Malefoy était introuvable, tant et si bien qu'elle avait cessé de le chercher, résolue. Il devait certainement avoir quitté les lieux. Ce n'était pas la première fois qu'un Malefoy fuyait. Puis, après un instant à observer l'arbre qui continuait de griffer contre sa fenêtre, elle se redressa et pencha légèrement la tête pour améliorer son angle de vue.

Doucement, elle baissa la poignée et ouvrit la fenêtre, laissant s'engouffrer un vent frais et mordant à l'intérieur de sa chambre.

— Malefoy ? Appela-t-elle doucement puis attendit plusieurs minutes en observant l'arbre.

Aucune réponse. Elle se redressa et s'apprêtait à refermer tant la fraîcheur extérieure l'avait rapidement atteinte, lorsqu'une main s'abattit violemment sur la vitre pour stopper le geste de la Gryffondor qui poussa un petit cri aigus de surprise. Le corps élancé de Malefoy enjamba le rebord et entra, la chemise tâché de sève et déchiré à certains endroits, témoignage d'une chute sévère manquée de peu. Comme elle observait la chemise avec effroi, il justifia.

— J'ai sauté pour atteindre l'arbre, expliqua-t-il en insérant le dernier bouton dans le trou du vêtement comme si ce geste lui apporterait la prestance qu'il ne possédait plus dans son accoutrement.

Ses cheveux blonds en tout sens, le pantalon griffé, la chemise ruinée, elle se fit la remarque qu'elle n'aurait jamais cru possible de découvrir un Malefoy sans son impeccable apparence. Elle remarqua les soubresauts de son corps, ses lèvres légèrement teintés après avoir affronté une température si rude.

Alors qu'elle s'empressait de tirer sur sa couverture et de l'entourer avec pour qu'il puisse se réchauffer, sa main entra en contact avec sa joue. Un simple effleurement sur sa peau froide. Un contact involontaire et rapide qui lui fit perdre tous ses moyens. Elle s'excusa mille fois, imaginant qu'il se mettrait en colère d'avoir été touché par une Sang-de-Bourbe.

Mais il ne dit rien. Dans l'intimité et la pénombre de la chambre, l'ambiance devint vite gênante pour ces rivaux de toujours et elle se mit à bégayer tout en lui demandant si il désirait une boisson chaude. En évitant soigneusement ses yeux, il répondit par l'affirmative, leur offrant la possibilité de se défaire de cette situation embarrassante.

Hermione descendit, complètement déstabilisée au point de manquer une marche et pousser un juron en se rattrapant à la rampe des escaliers qui craqua plus fort. Tout en faisant chauffer l'eau pour le thé, elle se demanda comment aurait réagit Ron si il les avait surpris ainsi, dans le noir, dans sa chambre. Ce n'est que lorsque l'eau se mit à bouillir, faisant éclater des bulles à la surface en l'éclaboussant partiellement, qu'elle sortit de ses songes et compléta le plateau en versant l'eau dans une théière qu'elle mena à l'étage. Lentement, elle entra dans sa chambre et découvrit qu'il n'avait pas bougé de sa place, toujours entouré de la couverture d'Hermione dont seul un bras sortait de la masse de tissus. Elle déposa le plateau près de lui et proposa quelques Chocogrenouille.

Goulument, il en avala une d'une traite en plongeant sa tête en arrière pour savourer l'instant.

— Je suis désolée de t'avoir laissé dehors, je pensais que tu étais à l'intérieur, dit Hermione en garnissant l'infuseur de thé à la menthe avant de le plonger dans la tasse fumante.

— Je sais, je t'ai vu me chercher...

Elle baissa soudainement la tête, réalisant alors qu'il l'avait certainement vu pleurer également. De toute façon, se dit-elle en sentant ses pommettes asséchées par les larmes, ses yeux devaient la trahir et par réflexe, elle passa un coup de manche sur ses joues pour effacer les éventuelles traces.