Partie 37 : La brèche dans le mur.

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L'espoir était né entre quatre murs, en France, de quelques mots qui leur avait donné l'envie de se battre pour atteindre leur but. Il n'était pas question de famille, de mariage, juste de retrouver l'endroit même où tout avait commencé, apporter un point final à toutes ces horreurs.

Et tant pis si toute la famille Malefoy lui tournait le dos, sa mère compris - il était convaincu qu'elle finirait par accepter, elle l'aimait bien trop pour le détester indéfiniment. Au moins, son nom serait gravé, on se souviendrait de lui, chez les Malefoy !

À son sens, c'était déchirant de devoir se mettre à dos des gens qui l'avaient élevé et vu grandir, mais il voulait être en adéquation avec ses pensées et son ressenti.

Et puis, il était certain que la réputation de sa famille serait nettement amendé si l'on savait un Malefoy avec une femme aux origines moldues, songea-t-il en caressant les cheveux d'Hermione.

Ou alors, tu n'en parles à personne et vous disparaissez, pensa-t-il. Qui avait besoin de le savoir, après tout ? Maintenant qu'il avait décidé d'assumer ses sentiments, il ne voulait plus se mettre aucune barrière.

Le bras derrière la tête, il se laissait envahir des souvenirs de la matinée en enroulant des mèches autour de son doigts. Comme si lui avouer clairement ce qu'il ressentait avait tout déclenché, brisé cette prison émotionnelle qui retenait son humanité. Il parvenait enfin à déceler ces petites vibrations de bonheur, ces petits quarts d'heures d'innocences dont semblait se délecter son coeur.

Ils s'étaient retrouvés à faire une bataille d'eau à travers la maison, provoquant les rires surexcités de Hermione qui le fuyait à grande enjambée.

La bataille avait commencé d'une simple projection d'eau, des gouttelettes qui lui avait valu de se faire arroser du contenu d'un verre. Il s'était saisi d'Hermione et l'avait arrosé abondamment en retour avant qu'elle ne fuit en emportant avec elle le broc d'eau plein. La course poursuite avait durée une quinzaine de minutes, courant, dérapant, s'aidant des murs lors des virages serrés. Une ultime bataille s'était déroulée dans la salle de bain, tous les deux sous le jet d'eau à se démener pour river le pommeau sur l'autre.

Ils avaient paressé dans l'eau tiède d'un bain improvisé, encore habillés en riant de la situation, absorbant le rire de l'autre pour le faire durer plus longtemps et s'en repaître comme des Détraqueurs.

Au déjeuner, il réalisa avec brusquerie sa fascination pour la jeune femme alors que lui boudait son assiette, observant ses gestes anodins comme le plus beau spectacle auquel il eut assisté. Sa silhouette fluette et gracile était baignée par une lumière dorée qui filtrait à travers les rideaux, l'auréolant comme une apparition divine subite et il se figea devant la beauté de la scène.

Elle était envoutante. Et elle ne le réalisait pas.

Quand le soleil fut à son apogée, ils s'emmêlèrent sur le fauteuil extérieur, elle avec son livre, lui, lisant par dessus son épaule quand les pages ne l'éblouissaient pas. Quand c'était le cas, il reposait ses yeux en regardant ailleurs : les oiseaux se chamailler et piailler, un bourdon puissant venir faire ses récoltes malgré la fraicheur, voletant de fleur en fleur, les lézards timides s'étendre sur une pierre, la pointe de leur nez en l'air pour prendre un bain de soleil. Un instant de paix. Un instant hors du temps. Personne ne pouvait deviner que, quelques semaines avant ce jour, ils s'étaient battus contre des sorciers qui voulaient leur mort, qu'ils avaient grelotté au fond d'une grotte ou encore qu'ils avaient failli finir en morceaux.

Non. Personne ne pouvait savoir cela, sauf ceux qui chargeaient leur véhicule de l'autre côté de la rue et avaient une vague idée de ce qui s'était passé. Ils entendirent un claquement de portière et quelques exclamations. Malgré cette ambiance relaxante, Drago sentit Hermione se raidir brusquement contre lui en comprenant qui pouvait être à l'origine de ce bruit. Elle se redressa et il resta assis, observant la douce expression de son visage être tranchée par une grimace de douleur. Il prit la décision de se lever que lorsqu'elle entra dans la maison pour aller à la fenêtre la plus proche de la rue et elle se posta sans bouger derrière le rideau pour les regarder déménager.

PersécutésOù les histoires vivent. Découvrez maintenant