Partie 35 : soirée entre amis.

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La journée s'écoulait avec une langueur provocante, pour laisser s'immiscer le doute, la crainte et le soulagement - pour Drago essentiellement - qui n'aspirait qu'à retrouver un peu de calme. Il n'avait jamais été habitué à supporter la présence de personnes dans des lieux si restreint, limitant la possibilité de fuir dans les vastes pièces qui composaient le manoir de ses parents. Cette soudaine proximité avec les autres l'angoissait, le rendait nerveux et il le dissimulait de plus en plus mal.

Il n'y avait plus aucun moment de silence, avec tous ces occupants. Une voix, un rire, un souffle, des bruits de vie : depuis bien longtemps, il n'avait pas goûté à la sérénité d'une lecture méditative. Depuis la Longère, il lui arrivait parfois de relire plusieurs fois la même phrase tant les bruits le déconcentrait, ne parvenait plus à comprendre l'essence même d'un texte, sa beauté et son sens caché. Il se contentait de lire pour s'occuper.

Tandis que les autres préparaient la venue de leurs invités, Drago, lui, restait assis, en regardant droit devant lui, ses réflexions brouillées par ce brouhaha incohérent qui flottait autour de lui comme un nuage de vapeur. Il aimerait se lever, sortir et s'éloigner pour rechercher le silence. Mais il y avait elle.
C'était idiot, parce qu'à de nombreuses reprises, elle avait prouvé sa capacité à savoir se débrouiller, à survivre, mais depuis les geôles, Drago redoutait de s'éloigner d'elle. De toutes façons, il était constamment attiré à elle, comme des aimants de pôles différents, chacune de ses décisions le ramenait irrémédiablement vers Hermione.

Ces quelques jours planqué dans le gîte de ces gens avait été un calvaire : il avait passé plus de temps à regarder par la fenêtre, en se demandant si elle était en sécurité, qu'à dormir ou penser à ses plans.

Lisa et Micka se présentèrent à la porte un peu après six heures le soir, les bras chargés de sucreries et pizzas, leurs visages fendus par des sourires trahissant la joie que cette soirée leur procurait. Des DVD à la main qu'il secouait frénétiquement pour transmettre son empressement, Micka s'installa à son poste, se chargeant de rendre le lecteur opérationnel pendant que Lisa et Maggie suivaient Hermione pour dénicher des bols où verser le contenu des sachets. Maggie s'émerveillait sur le fait qu'elle n'avait pas vu de films depuis trop longtemps et Lisa la questionna sur les raisons.

— Et bien... On va dire que là où je séjournais avant de venir ici, je n'ai pas vraiment eu l'occasion de regarder la télévision.

— Maggie, souffla Hermione avec ce ton qui la mettait en garde de ne pas aller plus loin.

Les trois femmes se dévisagèrent et aucune des deux prisonnières ne fit mention de sa détention au manoir. Maggie rappela, comme bon nombre de sorciers, que les écoles de sorcelleries n'étaient pas dotées de téléviseur. Hermione confirma, ajoutant que même si cela avait été le cas, elle n'aurait jamais trouvé le temps de regarder quoi que ce soit : ses études avaient toujours primés sur le reste.

Lisa, les joues empourprées, avoua faire ses devoirs et révisions devant la télévision et ne pas vouloir trop s'impliquer. Elle estimait passer suffisamment de temps en classe pour étudier en rentrant, précisant que de toute façon « les cours n'avaient jamais été son fort ».

Drago fit irruption dans la cuisine pour fuir le rassemblement devenu trop important dans le salon et l'engouement que cela provoquait. Même Blaise semblait captivé par cette invention moldue et il ne comprenait pas ce revirement de sa part : il était l'un des premiers - avec lui compris - à critiquer tous ces appareils.

Il se servit du jus d'orange frais, refermant le réfrigérateur d'un coup d'épaule en se joignant à la conversation.

— Elle agaçait son monde à lever le bras continuellement en classe et à donner des réponses digne d'une encyclopédie, dit-il sans émotion.

PersécutésOù les histoires vivent. Découvrez maintenant