Partie 30 : Des notes de souvenirs

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Ils la voyaient enfin, elle se distinguait par son emplacement, légèrement en recul par rapport aux autres habitations serrées les une aux autres. Jonché sur les hauteurs d'une petite colline, la maison promettait tout le confort souhaité après ces heures de vols sans aucune pause. Le soleil du petit matin se reflétant sur les fenêtres donnait l'impression qu'un feu de cheminée les attendaient et qu'ils n'auraient plus qu'à se glisser sous un plaid pour se réchauffer.

Les doigts entrelacés discrètement pour ne pas se faire surprendre des autres qui voyageaient désormais proche d'eux, Hermione profitait de cette proximité justifié par le vol qui ne serait plus possible à la vue de tous, une fois dans la maison. Elle échangea un regard triste avec Drago.

Ils s'étaient embrassés.

Pas comme les autres fois. Non. Si c'était parti d'un petit jeu de provocation à celui qui irait le plus loin, Malefoy avait remporté haut la main cette partie. Cachés à travers les cieux, les échanges s'étaient intensifiés, pas fougueusement, mais sentimentalement. Des baisers doux, longs, qui les faisaient palpiter, les rendaient gauches. Des baisers qui se voulaient toujours plus passionnés et qui les rendaient tactiles et réceptifs aux émotions de l'autre. Et puis, ils s'étaient regardés, essoufflés, fébriles et il l'avait lâché, telle une bombe, si naturellement qu'elle ne doutait pas de la véracité de ses propos sur l'instant.

"Par Merlin, ce que t'es belle !"

Encore maintenant, cette phrase résonnait en elle avec force, revoyant ses prunelles claires briller dans la pénombre où la lune se reflétait à travers, ressentant les légers tremblements dû à cette ébullition d'affection. Elle se revoyait bouger les yeux en tous sens pour chercher une mimique sur son visage, une réaction qui trahirait une blague, une moquerie. Mais rien. Elle aurait vendu son âme pour se retrouver seule avec lui à cet instant, loin des appels inquiets des autres qui les cherchaient, croyant à une attaque surprise. Parce que c'était puissant et ils venaient de loin. D'abord de la haine, de la colère, de la jalousie, en passant par l'aversion, provoqué par la guerre où ils s'étaient reprochés d'être les fautifs de toutes ces horreurs, pensant être dans le bon camp et cette négativité s'était muée en d'autres ressentiments tout aussi imposant. D'un extrême à l'autre.

Avec ça, s'ajoutait la rédemption de Drago.

Si on le lui avait dit àl'époque, elle n'y aurait jamais cru. Sa haine semblait si profondément ancrée autrefois qu'il était inimaginable de pouvoir changer une telle mentalité sans le soumettre à un quelconque sortilège, mais aujourd'hui, il admettait ses erreurs et plus encore, il semblait à la recherche du pardon.

Elle resserra ses doigts autour des siens, admirative de son combat contre lui-même.

Drago...

Elle le pensa si fort qu'elle eut l'impression d'avoir été entendu par le concerné alors qu'il entamait la descente plus en aval par rapport à la maison.

Les pieds posés sur le sol provoqua une vague de râle de bonheur, presque à l'unisson, s'accordant d'un même mouvement pour dénouer leurs lombaires en courbant le dos.

Hermione scrutait la maison avec fascination. Malgré des années d'abandon de sa part, elle fut surprise de la découvrir toujours vaillante, dressée par ses briques grisées et son toit en ardoise. Ses parents n'avaient jamais eut la moindre peine à la mettre en location, pour les vacances ou des durées plus longue et pour cause : Mr Granger avait tout retapé, si bien que l'intérieur était flambant neuf ! Tellement épuré qu'on pouvait faire passer ça pour du contemporain.

La maison restait intacte à ses souvenirs et dans quelques heures, le soleil poindrait pour lui imposer des visions de sa petite enfance à courir tout autour, cueillant des fleurs dans les champs de coquelicots en contrebas, faisant tournoyer sa belle robe rouge offerte par son père, à concocter d'imposant bouquet pour sa mère dont elle perdait la moitié de la garnison sur le chemin recouvert d'asphalte aujourd'hui. En découvrant cela, elle ressentit un léger pincement au coeur.

PersécutésOù les histoires vivent. Découvrez maintenant