Persécutés

Partie 15 : Abandonnée

Combien de jours se sont écoulés ? Se demanda-t-elle en fixant le plafond. Combien de jours depuis cette lettre ?

Elle avait beau tenter de se situer dans le temps, une semaine comme un mois aurait pu se dérouler sans qu'elle ne le sache. Le temps ici était long. Les journées se ressemblaient toutes, rythmés comme toujours par cette pluie de violence et depuis la scène dans les cuisines, elle portait désormais le doux sobriquet de « sale chienne ».

Krylov intervenait régulièrement dans sa chambre pour lui rapporter quelques nouvelles de sa sœur, des détails, des discussions échangés entre Hommes. Parfois, il sortait de quoi la soigner de ses poches. Entre ses poignets qui mettaient un temps fou à cicatriser et ses différentes ecchymoses sur le corps...

Un soir, alors que Maggie était encore de corvée, il était venu lui passer une pommade sur sa gorge pour soulager au moins la douleur de la strangulation si il ne pouvait en effacer les traces. Ses doigts s'étaient attardés sur elle et elle ne sût si il y prenait un certain plaisir ou si c'est parce qu'il réalisait brusquement ce qu'elle endurait.

Il était repartit un peu gauche ce soir-là et comme toujours, intentionnellement débraillé pour faire penser qu'il faisait passer un mauvais quart d'heure à la Rebelle, aux yeux de ses camarades.

Assise sur son lit, elle contemplait les cicatrices des brûlures sur ses poignets et se retint de pleurer en relisant pour la énième fois, l'inscription scalpée dans sa peau, plus haut sur son avant-bras. Elle était couverte de cicatrices et de bleus. Et si elle souffrait moins, les douleurs qu'elle ressentait en bougeant les poignets lui faisait toujours plisser l'arrête du nez. Cette histoire de pureté du Sang et toute la violence qui s'en découlait lui donnait le tournis. Ou alors, c'était le manque de nourriture.

Maggie n'osait rien dire, à côté d'elle et observait les dégâts avec une affliction profonde pour la Gryffondor. Elle « entendait » les plaintes de Hermione qui s'auscultait avec dégoût. Elle avait pris l'habitude de venir la retrouver discrètement sur son lit, le soir, parce qu'elle savait que les visites nocturnes étaient inexistantes.

Si Maggie parvenait à se faufiler partout aussi discrètement pour dénicher des infos et connaissait si bien Cripson et McGregor, apprit Hermione en même temps que son second don, c'est parce qu'elle même était une Animagus. Elle avait suivi le processus de transformation avec les garçons dans sa jeunesse, avant qu'ils ne changent de comportement envers les sang-mêlés dont elle faisait partie. Mais Maggie aimait à rappeler que c'était les deux seules choses dont elle pouvait être fière en tant que sorcière, parce qu'elle affirmait que « question sortilège, c'est une catastrophe » en ponctuant sa révélation d'une anecdote de ses échecs avec une baguette qui faisait rire et sourire Hermione.

Une petite souris, au pelage blond, quittait et retrouvait donc, tous les soirs, Hermione avant de muter sous ses yeux et rejoindre le lit de la Gryffondor pour lui faire un rapport de ce qu'elle avait entendu, avant de s'endormir ensemble, appréciant la compagnie l'une de l'autre.

Alexander entra vivement dans la chambre et ferma la porte derrière lui.

— Parfois, j'aimerai être un petit rongeur comme toi pour me faciliter la tâche, s'adressa-t-il à Maggie.

— Même si je te faisais suivre le processus, tu serais sûrement un bon gros bœuf avec ta carrure plutôt qu'une souris, se moqua gentiment la jeune blonde en remettant une mèche courte derrière ses oreilles. Mais ses cheveux fluides s'échappaient toujours en revenant sur son visage.

La complicité avec l'homme de Bogovitch était presque naturelle pour Maggie qui devinait - lisait - ses pensées et pouvait s'assurer de sa bonne foi. Pour Hermione, il était plus difficile de lui faire confiance et le faisait régulièrement savoir, jusqu'à refuser quelques morceaux de pains supplémentaires qu'il leur apportait en douce, pour les aider à tenir, bien conscient qu'elles étaient affamées.