Partie 45 : L'ultime baiser.

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Il comptait à voix basse. Huit secondes s'écoulaient entre deux vagues qui venaient s'éclater contre la tour qu'était la prison d'Azkaban. Huit secondes où l'odeur d'algues étaient moins fortes. L'iode avait l'avantage de déboucher les narines pour faire profiter pleinement de l'atmosphère nauséabonde qui régnait dans le haut et sinistre bâtiment.

Le bruit qui remontait le long des murs était sourd. Chaque fracas de l'océan contre la structure même était un avertissement à lui seul contre la folie de songer à une évasion.

Six... Sept... Huit... nouveau grondement. Il ramena les jambes un peu plus contre lui pour se réchauffer. Il avait passé la tête sous le semblant de couverture miteuse qui servait à se réchauffer mais également de matelas. Ici, il n'y avait pas le moindre confort. La planche sur laquelle il dormait depuis son arrivée était si usée que parfois, il sentait des échardes s'enfoncer si il ne prenait pas garde à replacer la couverture convenablement entre lui et la planche.

Il n'y avait pas de fenêtres. Et de toute façon, il n'aurait pas regardé à travers si il y en avait eu... Si il s'était moqué de la peur de Potter au collège, lui non plus n'appréciait pas de savoir les Detraqueurs aussi proches.

Les râles se confondaient aux bruits sinistres de l'océan furieux et il ne parvenait toujours pas à savoir, aux grognements des autres prisonniers, si c'était l'heure de manger ou s'il s'agissait d'une simple visite défouloir des
Aurors chargés de veiller sur les prisonniers.

Aucune horloge ne pouvait l'informer.

Quelques minutes plus tard, la trappe s'ouvrît et une assiette apparût, lui apportant sa réponse. Pas de bousculades ou de claques.

Le dernier coup qu'il avait reçu lui chauffait encore la joue.

Au lieu de se précipiter sur son déjeuner - ou son dîner ? - il glissa les mains sous l'élastique de son pantalon dans l'espoir de sentir à nouveau ses doigts engourdis par le froid. Une masse de vapeur s'échappa de sa bouche quand il expira et il tenta de se focaliser sur ce nuage éphémère, mais la vague qui fit gronder les murs le déconcentra. Le froid vint à nouveau l'assaillir, faisant trembler toujours plus son corps aminci par les conditions de détention.

Il était épuisé. Tous ces bruits, le manque de nourriture, le froid mettaient tous ses sens à rude épreuve... Si au moins il pouvait dormir un peu.

La souris qui occupait la cellule avec lui sortie de sa cachette, fit deux fois le tour de l'assiette et, mécontente du service, repartit dans son trou à travers la fissure. Dépité, Drago se tourna et pria Merlin pour qu'il l'assomme.

***

Les coups de tonnerres le réveillèrent pour de bon. Ceux-là, ils les connaissaient pour en entendre régulièrement : les tempêtes plongeaient souvent la prison dans une cacophonie infernale. Il avait beau s'y attendre, chaque éclair était suivi d'un bruit métallique assourdissant qui le faisait sursauter, mais ce qui le surprit davantage, c'est la porte qui s'ouvrît et l'Auror qui s'introduisit dans sa cellule.

— Quelque chose vous effraie, monsieur Malefoy ? Blagua le Sorcier Pénitencier.

Il se contenta de les fixer, les sourcils froncés. Il n'aimait pas leur visite qui était souvent synonyme d'humiliation ou de violence physique. Il ne cherchait pas à les provoquer à les regarder ainsi, juste à parer les éventuels gifles à venir.

— Monsieur le Ministre m'envoie t'informer que ta sortie se fera demain.

Pas sûr d'avoir bien compris, il fronça un peu plus ses sourcils si c'était possible et réclama à ce qu'il répète.

PersécutésOù les histoires vivent. Découvrez maintenant