Partie 41 : La vieille chaumière.

4.7K 279 134
                                    




En cette fin d'après-midi, le village était plongé dans un silence brisé par le torrent de pluie qui s'abattait sur les maisons, les rendant ternes et déchargeant de tout charme les environs, l'eau s'infiltrant partout où elle pouvait s'insinuer, les arbres s'agitant et menaçant, se courbaient d'un sens puis d'un autre sous la force du vent. L'été avait du mal à s'installer. Aucun des villageois ne prenait le risque de quitter son domicile, appréciant bien plus le confort de leur maison en observant le déluge à travers la fenêtre.

Une femme flanquée devant la fenêtre en imitant bon nombre de ses voisins en maugréant contre le temps vit quatre jeunes sortir de chez les Granger. Elle les vit traverser la pelouse, le pas vifs, protégés sous des parkas ou des doudounes plus ou moins larges. Elle les vit observer curieusement le ciel tout en suivant le petit chemin sauvage qui remontait la colline, celui qui était souvent emprunté par les chasseurs durant les saisons de battues. Un éclair vint illuminer le paysage et en un rien de temps, tout juste quelques secondes pour que ses yeux ne soient plus gênés par le point lumineux laissé par la foudre et ils avaient disparu.

De l'autre côté, Drago et Hermione avaient salué brièvement leur compagnon en leur souhaitant bonne chance et s'étaient détournés pour ne pas les voir transplaner. C'était plus simple ainsi. La Gryffondor, le cœur lourd, chassa ses larmes d'un revers de manches et suivit Drago dont elle ne voyait pas le visage, camouflé par l'épaisseur de la Parka de son père et ajusta son rythme au sien en levant parfois les yeux vers le ciel pour s'assurer qu'aucun oiseau ne les suivait.

Mais peut-être que d'autres, plus petit, nous traque, pensa-t-elle. Elle tenta de reprendre ses esprits en pensant aux paroles de Maggie échangé plus tôt « On ne peut pas commencer à paniquer pour tout, sinon on court droit à la paranoïa ». Mais jusqu'ici, elle avait eu raison de douter de tout et de tous...

Drago tendit sa main en arrière pour capturer celle de Hermione et l'aider à ne pas sombrer. Si il ne laissait rien paraître, la fin de cette colocation avec ses amis le chagrinait tout autant qu'elle et regretta presque de ne pas avoir dit au revoir à Blaise, mieux que son « à bientôt » servi aussi simplement que si il partait en randonnée. Mais il savait aussi que Blaise le connaissait mieux que quiconque, mieux que Crabbe et Goyle a l'époque, mieux que Pansy et Astoria, mieux que Hermione et cela même si cette dernière lui donnait l'impression parfois d'avoir noté toutes les meilleures façons pour l'amadouer et lui faire baisser sa garde.

Ils traversèrent un petit sous-bois de mélèzes aux aiguilles caduques et quittèrent rapidement la végétation pour le bitume des abords des routes, suivant la longue pente qui menait au cœur de ville. Hermione observa l'horloge et interpella Drago qui s'arrêta pour la regarder.

— Le bar est ouvert, viens ! Dit-elle en ouvrant la porte sans lui laisser le choix.

— Pourquoi faire ?

— Des renseignements.

Les effluves d'alcools mêlés à ceux du tabac les accueillirent. Quelques habitués tournèrent la tête vers eux pour les jauger avant de s'intéresser à nouveau à leur bière et leur ticket en injuriant des jockeys sur leur monture, à la télévision. Lorsqu'un cheval remonta et prit la tête de la course, une vague de protestation anima le petit bar.

— Bonjour, dit-elle en s'approchant du Barman tout en tirant sur le bras de Drago qui dévisageait un homme à l'hygiène douteuse. Nous souhaitons savoir où nous pouvons trouver des bus qui mèneraient à une gare ?

L'homme derrière son comptoir fit une grimace amusée. 

— Le bus qui mène à la gare est à une vingtaine de minutes à pieds d'ici et avec ce temps, je vous le déconseille fortement, je peux vous appeler un taxi si vous souhaitez ?

PersécutésOù les histoires vivent. Découvrez maintenant