Persécutés

Partie 23 : Expulsés.

Debout dans la bibliothèque, elle s'était réfugiée dans cette pièce dans l'espoir de calmer la peur grandissante qu'avait occasionnée l'annonce de Blaise. Les bras croisés, elle observait sans les voir, les tranches de livres tout autour d'elle. Était-ce la dernière fois qu'elle lisait ? Se questionna-t-elle avec anxiété. Elle ne voulait pas y retourner, préférait encore mourir que de se retrouver dans ce manoir. Et pourtant, Rud avait été clair durant leur séjour : il ne fallait pas sortir. Il n'avait fait que susciter leur malheur, l'appeler, leur montrer d'une flèche où ils s'abritaient. Par sa faute.

Drago s'entretenait avec Rud et cela s'éternisait au point de ne pas parvenir à trouver le sommeil.

Tout ce qu'elle avait tenté de faire pour occuper son esprit jusqu'ici s'était révélé inutile. Les images fugaces de Ron avait été remplacé par de brève scène vécue entre les murs de Bogovitch. Elle effaça des larmes en se revoyant à genoux devant un des hommes qui lui caressait la tête comme à un animal de compagnie avec un sourire satisfait. Resserrant ses bras autour d'elle, elle se réconfortait comme elle pouvait en fixant d'un air absent l'étagère.

Qu'est-ce que l'avenir lui réservait ? Resteraient-ils à l'abris... Ou se retrouverait-elle à subir les pires sévices avant une mort certaine chez Bogovitch ?

Deux sorciers traversèrent le couloir en rigolant, visiblement inconscient de ce qui se passait à l'extérieur et de la nouvelle menace qui planait sur eux.

Les échos des voix se dissipèrent jusqu'à ce que le bruit d'une porte se fermant, aspirant ses occupants, rendent les lieux aussi silencieux qu'un tombeau. La petite lumière sur le bureau éclairait le bois vernis avec insistance et Hermione prit place sur le siège. En fouillant dans les tiroirs à la recherche d'une feuille et d'un stylo, elle trouva toutes sortes d'objets : des plumes, des stylos en tout genre, des post-it abimés, arrachés, des bouchons sans stylos, des parchemins et du papier. Tout un mixage d'outillage qui révélait les origines des anciens locataires de ces lieux, avant eux. Mais pas un seul encrier, quant aux stylos, ils ne fonctionnaient pas ou que partiellement, trop usés et vieux.

À la recherche d'un pot, elle ouvrit successivement les autres tiroirs et extirpa avec curiosité, un carnet noir et bombé. Le cahier était déjà bien entamé et quelques pages qu'elle tournait étaient cornés dans les angles. Elle reconnut l'écriture italique de Malefoy et surprise, retourna à la première page pour s'assurer de l'identité du propriétaire.

Les mots, fins et dont les barres s'étendaient gracieusement indiquait « carnet de » suivit d'une énorme rature recouvrant un nom et poursuivit par « Drago Malefoy ». La curiosité l'emporta et elle se mit à tourner les pages, découvrant des lignes en tous sens, des flèches qui menaient à des notes griffonnés rapidement, indiquant des pièces, des portes ou encore des étages.

En tournant la page, elle vit que plusieurs feuilles avaient été arrachées et elle tomba sur un dessin de manoir, sur la double page, qu'elle reconnut comme étant celui de Bogovitch. Encore une fois, de multiples annotations barbouillaient les pages et, dans un cadre vivement tracé à main levée, elle lu les « vue à 7h09 dans la cuisine » suivit des dates. Des trentaines d'autres détails de ce genre parsemaient le cahier. Elle prit conscience avec la violence d'un coup, qu'il s'agissait sûrement de toutes les fois où il l'avait aperçut au travers des vitres, s'assurant de sa survie.

Elle fut forcé avec ce constat de lever les yeux pour ne pas laisser tomber le résultat de son émotion sur le papier.

— Mais quelle conne, s'insulta-t-elle à voix basse.

Tournant une nouvelle page, Hermione remarqua que la moitié du feuillet de droite était arraché et que seul la partie haute restait présente. Comme elle semblait brouillée par des gouttes, Hermione dirigea le faisceau de la lampe sur le cahier et tenta de déchiffrer le texte initial que l'encre avait répandu dans ces marques humides et rondes.